25 avril 1999 : Le jour où Gustavo Kuerten a remporté son premier Masters 1000
Le 25 avril 1999, près de deux ans après son surprenant triomphe à Roland-Garros, Gustavo Kuerten revient sur le devant de la scène en remportant, à Monte-Carlo, son premier Masters 1000.
Ce qu’il s’est passé et pourquoi c’est historique : Kuerten triomphe à Monte-Carlo deux ans après sa victoire à Roland-Garros
Ce jour-là, le 25 avril 1999, près de deux ans après son surprenant triomphe à Roland-Garros, Gustavo Kuerten revient sur le devant de la scène en remportant, à Monte-Carlo, son premier Masters 1000. Le Brésilien réalise cet exploit après une finale écourtée, son adversaire, Marcelo Rios, ayant dû abandonner au début du deuxième set en raison d’une blessure à la jambe (6-4, 2-1, en 53 minutes). Cette victoire fait à nouveau de lui un prétendant au titre pour Roland-Garros.
Les acteurs : Gustavo Kuerten et Marcelo Rios
- Gustavo Kuerten, joueur naturel de terre battue
Gustavo Kuerten est né en 1976. Passé pro en 1995, il entre dans le top 100 en août 1996, après deux vcitoires prometteuses sur terre battue contre le 21e mondial, Alberto Berasategui, et le 22e Carlos Moya. se fait connaître aussi en 1997, lorsqu’il décroche le titre à Roland-Garros dans la peau d’un 66e mondial inconnu du public, qui élimine en route les trois derniers vainqueurs du tournoi (Thomas Muster, Yevgeny Kafelnikov et Sergi Bruguera en finale, 6-3, 6-4, 6-2). C’est non seulement le premier titre de sa carrière, mais c’est même la première fois qu’il atteint une finale sur le circuit. Son tennis repose sur un excellent premier service et un revers à une main impressionnant, ainsi que sur des campagnes d’amorties : bref, c’est un joueur naturel de terre battue. Alors qu’il termine 1997 à la 14e place mondiale, il a du mal à confirmer son nouveau statut en 1998 et ses résultats sur dur sont décevants. Malgré un regain de confiance pendant la saison sur terre, il est éliminé en cinq sets au deuxième tour de Roland-Garros par le jeune Marat Safin, qui atteindra les quarts de finale (3-6, 7-6, 3-6, 6-1, 6-4). Au début 1999, il est 23e mondial et, même si certains pensent que la magie de Roland-Garros 1997 n’était qu’un feu de paille, il croit toujours en ses capacités. Il atteint les demi-finales à Indian Wells (battu par Moya, qui devient par la même occasion n°1 mondial), avant de faire une démonstration en Coupe Davis, où il domine, sur terre battue, les Espagnols Carlos Moya et Alex Corretja. 19e mondial, il arrive à Monte-Carlo avec beaucoup d’ambition.
- Marcelo Rios, “El Chino”
Né en 1975, Marcelo Rios, surnommé “El Chino”, est connu pour être un joueur très prometteur et divertissant depuis 1994, année où, à l’âge de 17 ans, il donne du fil à retordre au n° 1 mondial Pete Sampras à Roland-Garros (défaite 7-6, 7-6, 6-4). Connu pour son style de jeu fluide et son grand toucher de balle, il est également réputé pour son mauvais caractère, notamment à l’égard des fans et des journalistes : il est très réticent à signer des autographes et il est presque impossible d’obtenir quoi que ce soit de lui lors des interviews, si ce n’est des marmonnements et des injures. L’année suivante, il remporte son premier titre, à Bologne (en battant Marcelo Filippini en finale, 6-4, 6-2), et ajoute bientôt deux autres trophées à son palmarès (à Amsterdam et à Kuala Lumpur). En 1996, à l’âge de 20 ans, il atteint les demi-finales à Indian Wells, Monte-Carlo et Toronto, devenant ainsi le premier joueur de tennis chilien à entrer dans le top 10. En 1997, le natif de Santiago remporte son premier Masters 1000, à Monte-Carlo, en battant Alex Corretja en finale (6-4, 6-3, 6-3), mais il dispute aussi la finale du Masters 1000 de Rome et atteint les quarts de finale de l’Open d’Australie et de l’US Open. Grimpant jusqu’à la sixième place mondiale, il termine l’année à la dixième place mondiale et commence 1998 en trombe, atteignant la finale de l’Open d’Australie (perdue contre Petr Korda, 6-2, 6-2, 6-2). Après avoir triomphé à Indian Wells et Miami (où il bat Andre Agassi en finale, 7-5, 6-3, 6-4), il devient le premier joueur sud-américain à atteindre la première place mondiale. Il ne conserve cependant ce rang que 6 semaines, et à Roland-Garros, où il est l’un des favoris, il est battu en quart de finale par le futur vainqueur du tournoi, Carlos Moya (6-1, 2-6, 6-2, 6-4). Il commence l’année 1999 à la 2e place mondiale, mais une blessure l’oblige à renoncer à l’Open d’Australie et en avril, après de mauvais résultats à Indian Wells et à Miami, où il était tenant du titre en titre, il est retombé au 13e rang mondial.
Le lieu : Monte-Carlo (Monaco)
Situé en haut du Rocher de Monaco, avec une vue unique sur la mer Méditerranée, le Monte-Carlo Country Club accueille depuis 1928 l’un des plus anciens tournois internationaux de tennis. Il est généralement considéré comme le lancement de la saison sur terre battue, et il fait désormais partie de la catégorie des Masters 1000. Au palmarès du tournoi, on trouve de nombreuses terreurs de la terre battue, comme Bjorn Borg, Guillermo Vilas, Ivan Lendl, Mats Wilander, Sergi Bruguera ou encore Thomas Muster.
L’histoire : Kuerten profite de l’abandon de Rios après une blessure à la jambe
Sur le papier, l’affiche de la finale du tournoi Monte-Carlo 1999 est extrêmement prometteuse. C’est la toute première finale de Masters 1000 100% sud-américaine, et elle oppose deux joueurs aux styles de jeu spectaculaires : Gustavo Kuerten et Marcelo Rios. À l’époque, ils se battent tous deux pour retrouver leur meilleur niveau. Depuis son triomphe à Roland-Garros en 1997, le Brésilien n’a pas obtenu de résultats comparables, tandis que le Chilien, qui avait atteint la première place mondiale en 1998 sans avoir jamais gagné un tournoi du Grand Chelem, se démène depuis le début de l’année avec une blessure au dos.
Les deux hommes se sont affrontés deux semaines auparavant, à Estoril, où le gaucher s’était imposé (6-4, 6-3). Dans les premiers jeux de la finale, Rios se campe sur sa ligne de fond et entreprend de dicter le jeu, mais après seulement 19 minutes, il fait appel au médecin. À partir de ce moment, malgré un bandage sur sa cuisse droite, ses mouvements se font ostensiblement plus lents, et bientôt, il est breaké et concède la première manche, 6-4. Au grand dam du public, le vainqueur de l’édition 1997 abandonne alors qu’il est mené 2-1 dans le deuxième set, après seulement 53 minutes de jeu.
“Quand vous allez jouer un match au meilleur des cinq sets, vous devez écouter votre corps. Malheureusement, je me suis blessé hier”, déclare Rios, selon El Mundo. “Aujourd’hui, c’était pire. J’aurais pu continuer mais je suis sûr que je n’aurais pas été capable de tenir cinq sets. Je ne voulais pas l’aggraver et être hors du circuit pendant deux mois”, ajoute-t-il.
“C’est une grande victoire. Pour moi, c’est le tournoi le plus important après Roland Garros et je sais que mes adversaires auront désormais plus de respect pour moi”, déclare Kuerten, qui vient de remporter son premier titre en Masters 1000, le deuxième succès le plus important de sa carrière après son sacre à Roland-Garros.
Le Brésilien a désormais prouvé qu’il avait à la fois l’ambition et la capacité de jouer régulièrement les premiers rôles dans les grands événements. Le prochain tournoi au programme a beau être Munich, ses yeux sont déjà tournés vers Roland-Garros.
La postérité du moment : Kuerten restera longtemps le meilleur joueur sur terre battue
Après un deuxième Masters 1000 remporté à Rome, Gustavo Kuerten deviendra l’un des favoris de Roland-Garros, mais à Paris, il sera éliminé au stade des quarts de finale par Andreï Medvedev (7-5, 6-4, 6-4). Au cours de la deuxième partie de la saison, il confirmera ses progrès sur surface rapide en atteignant les quarts de finale à Wimbledon (battu par Andre Agassi, 6-3, 6-4, 6-4) et à l’US Open (battu par Cédric Pioline, 4-6, 7-6, 7-6, 7-6). Il restera longtemps le meilleur joueur du monde sur terre battue, en conquérant deux nouveaux titres à Paris, en 2000 (en battant Magnus Norman, 6-2, 6-3, 2-6, 7-6), et en 2001 (où il domine Alex Corretja, 6-7, 7-5, 6-2, 6-0), l’année où il dessinera son fameux cœur sur le court Phillipe Chatrier. En 2000, il terminera l’année premier mondial, grâce un fantastique triomphe au Masters où il vaincra à la fois Andre Agassi et Pete Sampras en salle, sur surface rapide. Sérieusement touché à la hanche, il ne pourra venir défendre son titre Porte d’Auteuil en 2002, et la suite de sa carrière ne sera qu’un long combat contre cette blessure dont il ne se remettra jamais. Après deux ans d’inactivité, il finira par annoncer sa retraite en 2008, après une dernière apparition pour faire ses adieux à Roland-Garros.
Quelques semaines après la finale de Monte-Carlo, à Hambourg, Marcelo Rios deviendra le premier joueur de l’histoire du tennis à remporter les trois Masters 1000 sur terre battue, en battant Mariano Zabaleta en finale (6-7, 7-5, 5-7, 7-6, 6-2). Il restera dans le top 10 jusqu’en avril 2000, avant qu’une série de blessures ne l’empêche de rejouer une saison entière sur le circuit. Il prendra sa retraite en 2004, à seulement 28 ans.