8 février 2008 : le jour où Andy Roddick a repoussé ses limites sur terre battue
Le 8 février 2008, lors du premier tour de la Coupe Davis face à l’Autriche, Andy Roddick remporte l’une de ses plus belles victoires sur terre battue européenne, en battant Jurgen Melzer en cinq manches (6-4, 4-6, 6-3, 6-7, 6-3).
Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Andy Roddick a maîtrisé la terre battue
Ce jour-là, le 8 février 2008, lors du premier tour de la Coupe Davis face à l’Autriche, Andy Roddick remporte l’une de ses plus belles victoires sur terre battue européenne, en battant Jurgen Melzer en cinq manches (6-4, 4-6, 6-3, 6-7, 6-3). L’Américain, connu pour ses difficultés sur ocre, se bagarre contre une surface particulièrement lente et un public bruyant pour apporter à son équipe le premier point de la rencontre.
Les personnages : Andy Roddick et Jurgen Melzer
- Andy Roddick, ancien numéro un mondial
L’Américain Andy Roddick est né en 1982. Son arme la plus redoutable est sans nul doute son énorme service : il détient alors le record du service le plus rapide de tous les temps après avoir expédié un missile à 249 km/h en direction d’Alex Voltchkov en demi-finale de la Coupe Davis 2004. Il dispose aussi d’un coup droit très puissant et fait preuve d’une excellente condition physique alliée à un mental de battant.
Il explose au plus haut niveau en 2001, à 19 ans, en gagnant son premier titre sur le circuit, et, atteignant son premier quart de finale en Grand Chelem à l’US Open (battu par Lleyton Hewitt), il termine la saison à la 14e place mondiale. Cette même année, il établit un record un Roland-Garros en devenant le premier joueur à y servir 37 aces en un seul match au cours d’une victoire en cinq sets contre Michael Chang.
En 2003, sa plus grande année, il atteint la place de numéro 1 mondial et sa saison culmine avec un titre à l’US Open où il bat l’Espagnol Juan Carlos Ferrero en finale (6-3, 7-6, 6-3). Avec l’ascension de Roger Federer et sa mainmise sur le circuit, Roddick ne jouit pas longtemps de ce statut de numéro 1. Il demeure l’un des cinq meilleurs joueurs mondiaux, mais il ne parvient pas à ajouter un deuxième titre du Grand Chelem à son palmarès, stoppé en finale à trois reprises par Federer (à Wimbledon en 2004 et 2005, puis à l’US Open, en 2006). En février 2008, il est 6e mondial, après avoir entamé la saison par une décevante défaite contre Philip Kohlschreiber au troisième tour de l’Open d’Australie (6-4, 3-6, 7-6, 6-7, 8-6).
- Jurgen Melzer, la patte du gaucher
Né en 1981, l’Autrichien Jurgen Melzer excelle déjà chez les juniors, catégorie dans laquelle il remporte le tournoi de Wimbledon en 1999. Chez les pros, il intègre le top 100 en 2002, et, l’année suivante, à Newport, il dispute sa première finale ATP (défait par Robby Ginepri, 6-4, 6-7, 6-1). Il remporte son premier et, à ce jour ,unique titre en 2006, à Bucarest (aux dépens de Filippo Volandri, 6-1, 7-5) et, en 2007, il se hisse à la 28e place mondiale. Gaucher, sa marque de fabrique est l’amortie de revers, un coup dont il peut parfois abuser, et son jeu s’adapte bien d’une surface à l’autre. En février 2008, il est 57e mondial.
L’endroit : Vienne
Le premier tour de la Coupe Davis 2008 entre l’Autriche et les États-Unis a lieu à Vienne, au Ferry-Dusika-Hallenstadion, une salle construite en 1976 et qui peut accueillir 7 600 spectateurs. L’Autriche a choisi de jouer sur terre battue, sachant que les joueurs américains sont des joueurs de dur.
L’histoire : Grand favori, Roddick a galéré sur terre
Pour recevoir les États-Unis lors du premier tour de la Coupe Davis 2008, l’Autriche a choisi d’organiser la rencontre sur terre battue : en effet, les deux leaders américains, Andy Roddick et James Blake, sont typiquement des joueurs de dur et, malgré leurs belles carrières, aucun des deux n’a jamais dépassé le troisième tour de Roland-Garros.
Lors du match d’ouverture, Andy Roddick affronte le numéro un autrichien, le gaucher Jurgen Melzer, qu’il a battu six fois en autant de rencontres. Melzer a juste ce qu’il faut de talent et de qualité de retour pour causer des problèmes à l’Américain sur terre battue européenne, une surface sur laquelle ils ne se sont encore jamais rencontrés. De fait, Roddick fait face à quatre balles de break dès le premier jeu de la partie, mais il se tire d’affaire en réussissant trois aces. Le vainqueur de l’US Open 2003 remporte le premier set, 6-4.
Le terrain était terrible – le pire sur lequel j’ai jamais joué en Coupe Davis
Andy Roddick
Dans le deuxième set, Roddick perd à la fois son service et son sang-froid, car les faux rebonds sur le terrain nouvellement aménagé ainsi que la foule, qui crie souvent entre ses deux services, commencent à l’agacer sérieusement. Pour la première fois, Melzer prend un set à Roddick, 6-4. L’Américain parvient ensuite à se calmer et à accepter la mauvaise qualité de la terre battue, mais même s’il réussit à s’emparer du troisième set (7-6), il se trouve obligé de disputer un cinquième set. Dans cette manche décisive, il change complètement de tactique : pour reprendre le contrôle des échanges, il décide de se montrer beaucoup plus agressif, en se précipitant au filet le plus souvent possible pour raccourcir les points.
“La terre battue ralentit votre service et il retournait bien, ce qui m’a frustré”, expliquera Roddick, selon le New York Times. “Il jouait trop bien pour que je reste au fond. C’est pourquoi j’ai plus attaqué dans le set décisif, et heureusement cela a fonctionné”.
En effet, avec des échanges plus courts, Melzer perd son rythme. Roddick gagne ses deux derniers services blancs et conclut par un ace sa septième victoire consécutive sur le gaucher. L’Autrichien confirme ensuite que ce changement de tactique l’a perturbé :
“Jusqu’alors, je dominais les échanges, mais ses attaques soudaines m’ont poussé à la faute. J’ai eu des occasions, mais je n’ai pas été assez intelligent sur certains points importants”.
Lors de la conférence de presse, Roddick lance une pique au sujet de la qualité de la terre battue :
“Le terrain était terrible – le pire sur lequel j’ai jamais joué en Coupe Davis. C’était le match difficile auquel je m’attendais, mais j’ai gagné et cela signifie que nous avons atteint notre objectif”.
La postérité du moment : 3-0 pour les USA et 10-0 pour Roddick
Lors du deuxième match, James Blake battra Stefan Koubek (5-7, 7-5, 6-2, 6-2), et samedi, les frères Bryan enverront les États-Unis au tour suivant, en battant Melzer et Julian Knowle (6-1, 6-4, 6-2).
Jurgen Melzer montera jusqu’à la sixième place mondiale, atteignant les demi-finales de Roland-Garros en 2010, mais il ne battra jamais Roddick. À la fin de sa carrière, l’Américain mènera 10-0 dans leur tête-à-tête.