6 février 1995 : Le jour où Sanchez a délogé Graf pour devenir N.1 mondiale
C’est le 6 février 1995 qu’Arantxa Sanchez est devenue N.1 mondiale en simple, après l’avoir déjà été en double. Elle occupera cette place pendant quatre mois, avant d’être délogée par Steffi Graf, celle à qui elle avait succédé.
Ce qui s’est passé ce jour-là : Sanchez au sommet de la hiérarchie
Le 6 février 1995, une semaine après avoir atteint la finale de l’Open d’Australie, Arantxa Sanchez-Vicario devient la septième N.1 mondiale de l’histoire de la WTA. L’Espagnole a remporté deux de ses trois titres du Grand Chelem au cours des douze derniers mois, à Roland-Garros puis à l’US Open. Elle occupera le premier rang mondial pendant 12 semaines, avant qu’au mois de juin, Steffi Graf ne récupère son bien pour 94 semaines supplémentaires.
Le personnage : Arantxa Sanchez, une tenniswoman de sang
L’Espagnole Arantxa Sanchez-Vicario naît en 1971 dans une famille de tennis : ses frères aînés, Emilio et Javier, deviendront eux aussi joueurs professionnels. Ayant ainsi le tennis dans la peau, elle atteint dès 1987 les quarts de finale du premier tableau final de Grand Chelem auquel elle participe, à l’âge de 15 ans, à Roland-Garros (battue par Gabriela Sabatini, 6-4, 6-0). En 1988, elle remporte son premier titre WTA, à Bruxelles, en battant Raffaella Reggi en finale (6-0, 7-5), et termine l’année au 18e rang mondial. Son jeu, qui repose sur un excellent jeu de jambes, une grande régularité en fond de court et une défense incroyable, est plus efficace sur terre battue. En 1989, elle atteint la finale de Roland-Garros où, à la surprise générale, elle renverse la N.1 mondiale incontestée, Steffi Graf (7-6, 3-6, 7-5).
Grâce à cet exploit, elle se hisse au quatrième rang mondial quelques mois plus tard. Après une saison 1990 décevante, elle devient l’une des joueuses dominantes du circuit, et depuis l’agression de Seles en avril 1993, elle est la deuxième meilleure joueuse au monde, derrière Graf. Elle atteint les demi-finales de sept tournois du Grand Chelem et dispute trois finales (battue par Monica Seles à Roland-Garros en 1991 et à l’US Open 1992, puis par Graf à l’Open d’Australie 1994), avant de soulever un deuxième trophée majeur, à Roland-Garros, en 1994, où elle bat Mary Pierce en finale (6-4, 6-4). Quelques mois plus tard, elle remporte pour la première fois l’US Open, en s’imposant face à Graf malgré une entame de match catastrophique (1-6, 7-6, 6-4). Sanchez-Vicario s’illustre également en double, remportant quatre titres du Grand Chelem et atteignant la première place mondiale en 1992.
L’histoire : Un aboutissement mérité pour Sanchez
Début 1995, Arantxa Sanchez-Vicario est N.2 mondiale, derrière Steffi Graf. Mais après avoir remporté deux des trois derniers tournois du Grand Chelem, elle est plus proche que jamais d’atteindre la première place mondiale. Lorsque Graf annonce qu’en raison d’une blessure, elle doit renoncer à l’Open d’Australie, les experts savent que c’est l’occasion rêvée pour Sanchez d’atteindre le sommet du classement.
À Melbourne, elle semble au-dessus du lot, traversant sa partie du tableau sans perdre un seul set jusqu’en finale, où elle affronte Mary Pierce, qu’elle avait battue lors de la dernière finale de Roland-Garros (6-4, 6-4).
Gagner le tournoi ferait d’elle la N.1 mondiale, mais ce n’est probablement pas cette pression qui l’empêche de s’imposer: Graf étant éloignée du circuit, Sanchez-Vicario est déjà sûre de dépasser l’Allemande la semaine suivante, quel que soit le résultat. Pierce déroule un tennis sans faille en finale de l’Open d’Australie pour battre sèchement l’Espagnole (6-3, 6-2), l’empêchant ainsi de devenir numéro 1 avec la manière.
Une semaine plus tard, le 6 février 1995, sans avoir joué entretemps, Sanchez-Vicario dépasse officiellement Graf et devient N.1 mondiale en simple, trois ans après avoir atteint la première place en double.
“C’est un moment très spécial quand vous réalisez que ce jour est enfin arrivé, déclare-t-elle alors à une station de radio espagnole. Pour commencer, vous tournez en rond, dans un état d’étourdissement, en pensant à quel point c’est incroyable. Je suis extrêmement fière. Quand vous vous fixez un but, vous essayez d’y arriver. Cela a été difficile, mais j’ai finalement réussi et j’ai tenu ma parole. C’était un rêve pour moi.”
En 2013, interviewée par ESPN, Sanchez-Vicario évoquera ce jour si spécial.
“Quand vous gagnez un Grand Chelem, c’est génial. Mais quand vous devenez numéro 1, c’est un groupe très sélect et une reconnaissance encore plus grande, a-t-elle déclaré. Il n’y a personne devant vous. Je n’oublierai pas ces jours-là non plus. Très peu de joueurs ont été N.1 en simple et en double.”
La postérité du moment : Sanchez sur le trône jusqu’à Roland
Arantxa Sanchez-Vicario ne remportera qu’un seul tournoi en tant que N.1 mondiale, à Hambourg, où elle battra Magdalena Maleeva en finale (6-4, 6-1). À Roland-Garros, elle sera battue en finale par Steffi Graf (7-5, 4-6, 6-0), qui lui reprendra du même coup la première place. Sanchez-Vicario, après avoir passé 12 semaines au sommet du classement, n’atteindra plus jamais la première place mondiale. Battue par Graf lors de trois autres finales du Grand Chelem (Wimbledon 1995, Roland-Garros et Wimbledon 1996), elle remportera une quatrième couronne majeure en 1998, en battant Monica Seles en finale de Roland-Garros (7-6, 0-6, 6-2). Ce sera sa dernière apparition en finale d’un Grand Chelem. Elle obtiendra son dernier résultat notable à Roland-Garros, en 2000, battue en demi-finale par Conchita Martinez (6-1, 6-2). Après un déclin progressif, elle prendra sa retraite en 2002.