29 juin 2012 : Le jour où Federer s’est retrouvé dos au mur contre Benneteau à Wimbledon
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 29 juin 2012, Roger Federer remontait un déficit de deux sets contre Julien Benneteau au troisième tour de Wimbledon, qu’il allait finalement remporter.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Federer était mené deux manches à zéro
Le 29 juin 2012, Roger Federer remonte un handicap de deux manches à zéro face au Français Julien Benneteau au troisième tour de Wimbledon. Le Suisse s’impose après 3 heures et 24 minutes de jeu (4-6, 6-7, 6-2, 7-6, 6-1). C’est la huitième fois de sa carrière que Federer l’emporte après avoir été mené de la sorte. Il continuera ensuite sa route jusqu’à remporter son 17e titre du Grand Chelem, le premier à Wimbledon depuis 2009, et le premier en Grand Chelem depuis l’Open d’Australie 2010.
Les acteurs : ROGER FEDERER ET JULIEN BENnETEAU
- Roger Federer, le génie suisse
Roger Federer, né en 1981, est 3e mondial en juin 2012. Il a outrageusement dominé le tennis dans les années 2000, surtout entre 2004 et 2008, gagnant alors 12 titres du Grand Chelem, jusqu’à ce que Rafael Nadal lui dispute la place de numéro 1 mondial. En 2011, c’est Novak Djokovic qui devient le meilleur joueur du monde. Federer, qui avait remporté 16 tournois du Grand Chelem entre 2003 et 2010, n’a plus soulevé un grand trophée depuis l’Open d’Australie 2010, il y a plus de deux ans.
Au cours des neuf derniers Grands Chelems, il n’a atteint qu’une seule finale, à Roland-Garros 2011, et s’est arrêté cinq fois en demi-finales. Nadal l’a stoppé deux fois, et Djokovic à quatre reprises. Il n’en faut pas plus aux journalistes pour parler à nouveau du déclin de Federer, bien qu’il n’y ait toujours que deux joueurs qui peuvent prétendre être plus forts que lui.
- Julien Benneteau, le régulier du Top 50
Julien Benneteau est, lui aussi, né en 1981. Entré dans le Top 100 pour la première fois en 2004, il s’installe durablement dans le Top 50 après avoir atteint les quarts de finale de Roland-Garros en 2006, où il est battu par Ivan Ljubicic (6-2 6-2 6-3). Cela reste jusqu’à présent son meilleur résultat en Grand Chelem, bien qu’il ait encore atteint les huitièmes de finale à Paris en 2008 (battu par Federer) et à Wimbledon en 2010 (battu par son compatriote Jo-Wilfried Tsonga). Benneteau n’a jamais gagné le moindre titre sur le circuit principal, mais a déjà disputé six finales, la dernière à Sydney au début de la saison. Il arrive à Wimbledon avec le dossard N°32, proche de son meilleur classement (27e).
Le lieu : Wimbledon
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Cricket Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite ; Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.
Après le passage de l’US Open à la terre battue puis au ciment dans les années 70, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc, où le fait de programmer le tenant du titre en match d’ouverture sur le Centre Court.
L’histoire : Benneteau sur un nuage avant que Federer ne le ramène à la réalité
Roger Federer est largement favori de son troisième tour de Wimbledon contre Julien Benneteau. Même s’il ne domine plus le tennis comme par le passé, Federer est toujours 3e mondial. Six fois vainqueur de Wimbledon, il détient le record de 16 titres du Grand Chelem, remportés au cours des dix dernières années. Seule petite ombre au tableau : Benneteau s’est imposé lors de leur dernier affrontement. Mais c’était il y a bientôt trois ans, au Masters 1000 de Paris en 2009.
Personne ne pense que le Français puisse réellement menacer Roger Federer, à part sans doute Benneteau lui-même. La veille, il a regardé le 100e mondial, Lukas Rosol, surprendre le n°2 mondial Rafael Nadal. Peut-être cela l’a-t-il aidé à croire en ses chances. Benneteau se lance dans le match sans aucun complexe. Il se montre agressif, surtout côté revers, alors que Federer semble pataud. Prenant le service de Federer à 4-4, le 32e mondial empoche la première manche, 6-4.
Le deuxième set se poursuit selon la même dynamique. Benneteau le gagne au tie-break, 7-3. Contre toute attente, Federer est maintenant mené deux sets à zéro. Va-t-il imiter Nadal, et subir sa défaite la plus précoce à Londres depuis 2002 ?
Le sort en décidera autrement. Au troisième set, Benneteau paie les efforts déployés dans les deux premières manches, et Federer l’emporte facilement, 6-2. Au quatrième set, les deux joueurs tiennent leur service, et bien que Benneteau passe à deux points de la victoire, il est battu 8-6 au tie-break. Deux manches partout.
Roger Federer survole le cinquième set, alors que le Français est touché par les crampes. Benneteau a laissé passer sa chance. Bientôt, le sextuple vainqueur de l’épreuve s’impose finalement (4-6, 6-7, 6-2, 7-6, 6-1).
« Je me suis accroché tout le temps. Il était évidemment touché au cinquième set. Le quatrième set était très serré. Julien jouait un tennis incroyable. Je savais que ce serait difficile. Il m’a fait douter pendant la plus grande partie du match, il était fantastique, commente Federer. Mais quand vous êtes menés deux sets à zéro, il faut rester calme. Bien sûr, vos proches sont en train de paniquer. Il faut jouer point par point. Ça parait ennuyeux, mais c’est la seule chose à faire. »
Benneteau, quant à lui, refuse de se laisser gagner par la déception. Il loue la solidité de son adversaire : « Il est solide comme un roc. Dès que votre niveau baisse un tout petit peu, il en profite immédiatement. Contre lui, vous n’avez pas le droit à l’erreur. Si vous ne placez pas la balle exactement où il faut, vous perdez le point presque à chaque fois. »
La postérité du moment : Au bout, un 17e titre du Grand Chelem
Une semaine plus tard, Federer égalera le record de Pete Sampras. Il remporte son septième titre à Wimbledon, aux dépens d’Andy Murray (4-6, 7-5, 6-3, 6-4). En demi-finale, le Suisse avait éliminé le n°1 mondial, Novak Djokovic (6-3, 3-6, 6-4, 6-3).
Au passage, le Suisse retrouve la place de n°1 mondial pour la première fois depuis deux ans. Cinq ans et deux finales perdues plus tard, Federer dépassera même le record de Sampras. Il s’adjugera un huitième et dernier titre au All England Club en 2017, aux dépens de Marin Cilic (6-3, 6-1 ,6-4).
Federer et Benneteau se retrouveront quelques semaines plus tard à Wimbledon, lors des Jeux Olympiques. Cette fois, Federer s’imposera plus facilement (6-2, 6-2).