28 juin 2007 : Le jour où Henman a disputé son dernier match à Wimbledon
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 28 juin 2007, Tim Henman disputait son dernier match à Wimbledon, et s’inclinait au deuxième tour. Henman fut pendant longtemps le seul espoir britannique de victoire au All England Club.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : henman, chouchou britannique, dit adieu à wimbledon
Le 28 juin 2007, Tim Henman dispute son dernier match à Wimbledon, et s’incline au deuxième tour contre Feliciano Lopez (7-6, 7-6, 3-6, 2-6, 6-1). Henman fut pendant des années le seul espoir pour le public britannique de voir l’un des siens s’imposer au All England Club pour la première fois depuis Fred Perry en 1936. Avec son jeu classique de service-volée, Henman a atteint les demi-finales à quatre reprises, sans jamais parvenir à se qualifier pour la finale. La popularité de « Gentleman Tim » était telle que l’Aorangi Terrace, la bute qui surplombe le court N°1 de Wimbledon, fut appelée la “Henman Hill”, en raison de la foule qui s’y pressait pour regarder ses matches sur l’écran géant.
Le lieu : Wimbledon
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Cricket Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite ; Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.
Après la passage, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem joué sur herbe. Une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.
Pour un joueur comme Tim Henman, qui est Anglais et qui est un adepte du service-volée, Wimbledon est forcément le tournoi le plus spécial. Aucun joueur local ne s’y est imposé depuis Fred Perry en 1936.
L’histoire
Tim Henman est né en 1974. A l’âge de six ans, ses parents l’emmènent à Wimbledon et, en voyant Bjorn Borg jouer sur le Centre Court, le jeune Tim décide qu’il veut devenir joueur de tennis. Son rêve : gagner le tournoi.
Quatorze ans plus tard, en 1994, Tim Henman, alors âgé de 20 ans, fait ses débuts en Grand Chelem au All England Club. Il est éliminé au premier tour par David Prinosil (4-6, 6-3, 6-2, 6-2). L’année suivante, en 1995, il gagne son premier match dans le temple du tennis face à Paul Wekesa (7-6, 6-0, 6-4), avant de s’incliner face au meilleur joueur de gazon des années 1990, Pete Sampras (6-2, 6-3, 7-6).
« Gentleman Tim » devient le centre de l’attention en 1996. Cette année-là, l’année du 60e anniversaire de la victoire de Fred Perry (dernier local à avoir soulevé la coupe de Wimbledon), Henman ravive les espoirs du public londonien en éliminant le récent vainqueur de Roland-Garros, Yevgeny Kafelnikov (7-6, 6-3, 6-7, 4-6, 7-5). Il se hisse jusqu’en quarts de finale, où il perd contre Todd Martin (7-6, 7-6, 6-4).
C’est en 1997 que les relations entre Henman, Wimbledon et le public britannique prennent une nouvelle ampleur. Tim devient alors l’espoir d’une nation entière. Cette bascule s’opère lors d’un match du troisième tour, disputé, fait rarissime (en raison de la pluie), le dimanche du milieu du tournoi (la tradition du “Middle Sunday” a finalement été supprimée en 2022). Henman s’impose 14-12 au cinquième set face à Paul Haarhuis, devant un public au comble de l’excitation, dans une ambiance rarement vue au All England Club.
Le lendemain, Henman confirme sa grande forme en éliminant le tenant du titre Richard Krajicek (7-6, 6-7, 7-6, 6-4), mais il est finalement stoppé par Michael Stich en quarts de finale (6-3, 6-2, 6-4).
Au cours des cinq années suivantes, Henman atteint les demi-finales à quatre reprises. En 1998 et 1999, il est arrêté par le maître des lieux, Pete Sampras, à chaque fois en quatre sets. Il est encore jeune et Sampras lui-même déclare qu’Henman gagnera un jour Wimbledon. Ce n’est qu’une question de temps avant que les spectateurs massés sur l’Aorangi Terrace, que l’on appelle désormais Henman Hill, puissent le voir soulever le trophée.
Mais en 2001, l’attitude du public britannique et des journalistes à l’encontre de Tim Henman change après sa cruelle défaite en demi-finale contre Goran Ivanisevic (7-5, 6-7, 0-6, 7-6, 6-3). A l’issue de ce duel épique, étalé sur trois jours en raison d’une météo particulièrement anglaise, les deux joueurs poursuivent le rêve de leur vie. Mais l’opinion publique commence à se demander si “Gentleman Tim” n’est pas, justement, plus un gentleman qu’un champion.
En 2002, après un nouvel échec en demi-finale, cette fois-ci en trois sets contre Lleyton Hewitt (7-5, 6-1, 7-5), l’ancien héros national est décrié comme un « loser ». La presse britannique est sévère. Elle décrit un joueur d’une grande faiblesse mentale, oubliant qu’il est le seul joueur du Royaume-Uni à avoir obtenu d’aussi bons résultats à Wimbledon au cours des soixante dernières années.
En 2003 et 2004, Henman parvient encore en quarts de finale de son tournoi fétiche, battu par Sébastien Grosjean puis par Mario Ancic.
En 2007, lorsque commence Wimbledon, Henman est sur le déclin depuis près de deux ans. Il a quitté le Top 10 depuis 2005. Redescendu à la 74e place mondiale, il arrive néanmoins à vaincre le 22e mondial Carlos Moya, à l’issue d’une dernière bataille homérique menée au All England Club, remportée 13-11 au dernier set. Au deuxième tour, après avoir encore remonté un handicap de deux sets, il s’écroule au cinquième set face à l’Espagnol Feliciano Lopez. Bien que Tim Henman affirme lors de sa conférence de presse son intention de revenir l’année d’après, il annonce finalement quelques semaines plus tard qu’il prendra sa retraite à l’issue de l’US Open 2007.
Au cours de sa carrière, Henman aura aussi atteint les demi-finales à Roland-Garros et à l’US Open, en 2004, devenant ainsi le seul joueur de l’histoire du tennis à disputer six demi-finales de Grand Chelem sans jamais parvenir en finale. Il aura atteint la 4e place mondiale et gagné onze tournois sur le circuit. Son titre le plus prestigieux est le Masters Series (ex-Masters 1 000) de Paris-Bercy, en 2003.
Ses superbes parcours à Wimbledon laisseront l’image d’un joueur magnifique qui n’aura pourtant jamais réussi à réaliser son rêve, lequel était aussi celui de tout un pays. Ses relations avec les fans auront été faites d’amour et de haine et, bien qu’il ait été le premier joueur britannique à susciter un tel engouement auprès du public, il restera comme un éternel perdant auprès d’une frange de la population.
Par la suite, cette alternance d’exploits et d’espoirs déçus à Wimbledon sera portée par Andy Murray. L’Ecossais, après avoir été traité à son tour de « loser» pendant des années, a finalement réalisé son rêve – et celui de tout un peuple – en s’imposant à Wimbledon en 2013 puis 2016. Et la « Henman Hill » est finalement devenue la « Murray Hill »...