2 décembre 2001 : Le jour où Nicolas Escudé a offert à la France sa 9e Coupe Davis
Le décembre 2001, Nicolas Escudé, 27e mondial, offre la Coupe Davis à la France en battant Wayne Arthurs (7-6, 6-7, 6-3, 6-3).
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : La France remporte sa 9e Coupe Davis
Ce jour-là, le décembre 2001, Nicolas Escudé, 27e mondial, offre la Coupe Davis à la France en battant Wayne Arthurs (7-6, 6-7, 6-3, 6-3). Escudé, qui a perdu au premier tour des quatre derniers tournois qu’il a disputés, avait déjà battu le n°1 mondial, Lleyton Hewitt, lors du match d’ouverture (4-6, 6-3, 3-6, 6-3, 6-4). Le Français boucle ainsi une campagne de Coupe Davis au cours de laquelle il est resté invaincu, ayant participé à trois rencontres.
Les acteurs : Nicolas Escudé et Wayne Arthurs
- Nicolas Escudé, l’espoir français
Le Français Nicolas Escudé est né en 1976. A l’âge de 17 ans, il est l’un des plus grands espoirs français et reçoit ainsi une invitation pour le tableau final de Roland-Garros. Malheureusement pour lui, il affronte le 4e mondial, Boris Becker, et subit une cuisante défaite sur le Central (6-0, 6-3, 6-0). Cette défaite sape sa confiance pour un long moment et ce n’est qu’en janvier 1998 qu’il se fait connaître du grand public, en atteignant les demi-finales de l’Open d’Australie alors qu’il n’est que 81e mondial. A Melbourne, pour accéder au dernier carré, il devient le premier joueur de l’ère Open à gagner trois matches en remontant un handicap de deux sets dans le même tournoi. Il est finalement éliminé par Marcelo Rios (6-1, 6-3, 6-2). Blessé au début 1999, il connaît une première partie de saison difficile et plonge à la 160e place mondiale, mais à l’US Open, il devient le premier joueur à parvenir en quarts de finale après être passé par les qualifications, battant deux top 10 en cours de route (Carlos Moya et Rios) avant d’être stoppé par Andre Agassi (7-6, 6-3, 6-4). En 2000, il atteint la 17e place, qui restera le meilleur classement de sa carrière. Son tennis très offensif est particulièrement dangereux sur surface rapide, et en 2001, il s’impose à Rotterdam (aux dépens de Roger Federer, 7-5, 3-6, 7-6) avant d’atteindre les quarts de finale à Wimbledon (battu par Agassi, 6-7, 6-3, 6-4, 6-2). Malgré une saison en salle catastrophique, il termine la saison dans le top 30 pour la première fois de sa carrière.
- Wayne Arthurs, dangereux serveur
Wayne Arthurs, né en 1971, est le fils d’un ancien joueur de Coupe Davis irlandais qui a émigré en Australie. Gaucher, Arthurs s’appuie surtout sur l’un des services les plus destructeurs de son temps. Lors de ses premières années sur le circuit, il obtient surtout de bons résultats en double, mais en simple, sa carrière ne décolle qu’en 1999, lorsqu’il s’extrait des qualifications de Wimbledon avant de se hisser en huitièmes de finale. Avant de s’incliner face à Agassi (6-7, 7-6, 6-1, 6-4), le gaucher a conservé sa mise en jeu 111 fois d’affilée ! La même année, il renverse le n°2 mondial, Ievgueni Kafelnikov, au cours d’une rencontre de Coupe Davis disputée sur gazon (6-2, 6-7, 6-2, 6-0). Il parvient en huitièmes de finale de Grand Chelem à deux autres reprises, à l’US Open 2000 (battu par Thomas Johansson, 6-4, 6-7, 6-3, 6-4) et Roland-Garros (éliminé par Federer, 6-2, 6-7, 6-2, 6-0).
Le lieu : Rod Laver Arena (Melbourne)
La finale de la Coupe Davis 2001 se déroule à la Rod Laver Arena, à Melbourne. D’abord appelé « Center Court », le court fut inauguré en 1988, lorsque l’Open d’Australie a déménagé de Kooyong pour Melbourne Park, puis renommé en 2000 en l’honneur du légendaire gaucher australien auteur de deux Grands Chelems, en 1962 et 1969. La Rod Laver Arena peut accueillir 15 000 spectateurs et, en-dehors de l’Open d’Australie, accueille souvent des concerts. L’équipe australienne a décidé de recevoir la France sur gazon, et un court en herbe est donc monté pour l’occasion.
L’histoire : Merci Escudé
La finale de la Coupe Davis est une réédition de la finale 1999 entre la France et l’Australie. En 1999, la rencontre avait eu lieu en France, sur terre battue, et l’Australie s’était imposée, principalement grâce à un Mark Philippoussis survolté. Cette fois, la finale se joue à Melbourne Park, et les Australiens ont choisi le gazon afin d’avantager leurs joueurs : Patrick Rafter a disputé la finale des deux dernières éditions de Wimbledon, et son jeune coéquipier Lleyton Hewitt, 20 ans et premier mondial, a déjà remporté trois tournois sur cette surface.
Dans ces conditions, auxquelles il faut ajouter la chaleur australienne, l’équipe de France n’est pas favorite lorsqu’elle atterrit à Melbourne, même si ses joueurs sont malgré tout redoutables : Sébastien Grosjean est 4e mondial et vient d’atteindre la finale du Masters, alors que Nicolas Escudé a disputé les quarts de finale de Wimbledon, où il a été le seul joueur de l’année à battre Hewitt sur herbe.
Les deux hommes ont déjà bataillé cinq sets au All England Club. Lors du match d’ouverture, Escudé et Hewitt livrent à nouveau un rude combat, mais à l’arrivée, c’est le Français qui prend le dessus (4-6, 6-3, 3-6, 6-3, 6-4), remportant un septième succès d’affilée en Coupe Davis. Rafter remet ensuite les compteurs à égalité en surclassant Grosjean en trois sets (6-3, 7-6, 7-5), mais une fois de retour au vestiaire, il a une mauvaise nouvelle pour son capitaine, John Fitzgerald : sa tendinite à l’épaule s’est aggravée et il n’est pas en mesure de jouer un autre match de simple au meilleur de cinq manches. Le capitaine australien prend alors un pari risqué : il sélectionne Rafter et Hewitt pour jouer le double, en lieu et place des Woodies (Mark Woodforde et Todd Woodbridge, l’une des meilleures paires de tous les temps). Malheureusement pour lui, Cédric Pioline et Fabrice Santoro s’imposent (2-6, 6-3, 7-6, 6-1).
Le dimanche, Hewitt égalise en dominant aisément Grosjean (6-3, 6-2, 6-3). Un cinquième match décisif s’annonce alors, et, malgré l’opinion émise par le capitaine français Guy Forget comme quoi « même à 80%, Rafter était meilleur qu’Arthurs », c’est bien le trentenaire gaucher qui est envoyé au front face à Nicolas Escudé.
Deux sets durant, Arthurs fait jeu égal avec le Français, notamment grâce à son terrible service. Escudé empoche la première manche (7-6), puis Arthurs gagne la deuxième sur le même score avant de s’effondrer dans les deux manches suivantes. Escudé termine sa parfaite campagne de Coupe Davis sur un dernier passing de revers (7-6, 6-7, 6-3, 6-3). Le Français vient d’offrir à son pays son neuvième Saladier d’Argent.
La postérité du moment : Une 10e 16 ans plus tard
La finale de Coupe Davis 2001 s’avèrera être la dernière apparition de Patrick Rafter en simple sur le circuit.
L’année suivante, l’équipe de France atteindra encore la finale de la Coupe Davis, mais c’est la Russie de Marat Safin qui s’imposera (3-2). La France attendra seize années avant de remporter à nouveau le titre, jusqu’en 2017, après que Yannick Noah aura été rappelé en tant que capitaine.
Cette finale restera le sommet de la carrière d’Escudé. En 2004, après un quatrième titre glané à Doha, il prendra sa retraite à l’âge de 28 ans en raison d’une blessure à l’épaule.
Wayne Arthurs remportera le seul titre de sa carrière à Scottsdale, en 2005, avant de prendre sa retraite en 2007.