19 juillet 1946 : Le jour où est né le fantasque et légendaire Ilie Nastase
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 19 juillet 1946 naissait une légende, Ilie Nastase.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : La naissance d’un “showman”
Le 19 juillet 1946, à Bucarest, naissait une légende du tennis, Ilie Nastase. Le Roumain, premier joueur de l’histoire à signer un contrat avec Nike, est également le premier numéro 1 de l’histoire du classement ATP, créé en 1973. Grâce à sa vitesse, ses coups imprévisibles et son sens du jeu, Nastase a remporté deux titres du Grand Chelem, l’US Open 1972 et Roland-Garros 1973.
Son tournoi favori aura été le Masters de fin d’année, qu’il a gagné quatre fois en l’espace de cinq ans, entre 1971 et 1975. Ses exploits tennistiques sont parfois oubliés, le monde du tennis se souvenant plutôt de lui comme d’un showman, avec son comportement sur le court qui lui a valu les surnoms de « Bouffon de Bucarest » ou de « Nasty » (méchant). Tour d’horizon de sa carrière.
L’histoire : Nastase, un grand champion aussi brillant que controversé
- Le champion de tennis
Ilie Nastase commence à jouer à l’international en 1966. Il dispute notamment les doubles avec son compatriote Ion Tiriac. Le Roumain obtient ses premiers résultats marquants en 1969, battant des joueurs de haute volée tels que Tony Roche et Stan Smith.
Les plus grandes années de sa carrière se situent entre 1971 et 1976. A cette époque, adoré par le public et détesté de la plupart des autres joueurs en raison de son attitude, il atteint la finale de Roland-Garros en 1971, où il est battu par Jan Kodes (8-6, 6-2, 2-6, 7-5).
Après une autre grande finale perdue à Wimbledon en 1972 (face à Stan Smith, en cinq sets, 4-6, 6-3, 6-3, 4-6, 7-5), Nastase remporte son premier titre du Grand Chelem à Forest Hills quelques mois plus tard. Il vient à bout d’Arthur Ashe en finale (3-6, 6-3, 6-7, 6-4, 6-3).
L’année suivante, après s’être imposé à Roland-Garros face à Nikki Pilic (6-3, 6-3, 6-0), il devient le premier joueur à s’installer au sommet du nouveau classement ATP. Il s’accrochera à cette place pendant 40 semaines. Nastase obtient ses meilleurs résultats au Masters, un tournoi qu’il gagne à quatre reprises, en 1971, 1972, 1973 et 1975.
Sa dernière grande saison sur le circuit a lieu en 1976. Il se hisse en finale de Wimbledon (battu par Björn Borg, 6-4, 6-2, 9-7), avant d’atteindre sa dernière demi-finale de Grand Chelem à l’US Open. Il y est encore une fois battu par Borg (6-3, 6-3, 6-4). Nastase décline ensuite progressivement. Il quitte le Top 20 en 1978. Il ne disputera plus le moindre quart de finale en majeur jusqu’à sa retraite, en 1985.
- Le showman imprévisible
Ilie Nastase est connu pour faire le spectacle. Mais son comportement imprévisible ne plaît pas toujours à ses pairs. Les foules apprécient généralement ses pitreries, mais il va souvent trop loin et se fait parfois copieusement huer. Un livre entier ne suffirait pas pour raconter toutes les anecdotes à son sujet.
Contestant en permanence les décisions des arbitres, il est également capable d’imiter ses adversaires et de les narguer. Parfois même sans le moindre respect, jusqu’à ce qu’ils craquent. Agacé par son comportement irrespectueux, Arthur Ashe a un jour quitté le court alors même qu’il était en train de gagner. Les deux joueurs étaient pourtant amis !
A propos d’Ashe, Nastase joue l’un de ses tours les plus fameux alors qu’il dispute le double avec la star afro-américaine, à Louisville. Après que les deux hommes ont été réprimandés pour s’être présentés sur le court avec des tenus non assorties, Nastase revient le lendemain avec le visage peint en noir. Il déclare qu’ils sont désormais « tous deux de la même couleur ». Ashe partage son hilarité.
A Roland-Garros, plus tard, Nastase emprunte un chat noir. Il le lâche alors sur le court devant son adversaire, qu’il sait être superstitieux. Certains de ses adversaires tolèrent ses gamineries. D’autres ne le trouvent pas vraiment drôle. A l’image de Clark Graebner, assez énervé pour sauter le filet et attraper Nastase par le col. Le Roumain ne terminera pas le match, “trop effrayé” pour continuer.
Ilie Nastase est peut-être la raison pour laquelle un code de conduite est mis en place. Le point culminant de son rôle de “méchant” est certainement le match de 1979 contre John McEnroe. Les choses tournent mal et des bagarres se déclenchent parmi des spectateurs éméchés.
Nastase est aussi l’un des joueurs à avoir utilisé la controversée « raquette spaghetti », une raquette avec une double épaisseur de cordes qui donnait un effet rendant la balle incontrôlable, et qui fut rapidement bannie par les instances du tennis.
- L’après-carrière
Après sa retraite, en 1985, Ilie Nastase reste sous les projecteurs. Tout d’abord, Adidas donne son nom à l’une de ses paires de chaussures les plus vendues. Dans les années 1990, il se lance en politique et se présente même, sans succès, aux élections municipales de Bucarest. Plus tard, en 2012, il sera élu au Sénat roumain.
Nastase ne s’éloigne pas beaucoup du tennis. Au fil des ans, il est capitaine de l’équipe roumaine de Coupe Davis et même président de la Fédération roumaine.
En 2017, Nastase, alors capitaine de l’équipe de Fed Cup, fait des commentaires vus comme racistes au sujet de l’enfant à naître de Serena Williams. Nastase se retrouve au milieu d’une controverse grandissante. Plusieurs joueuses se plaignant alors de son comportement inacceptable et de ses remarques sexistes. Nastase est alors écarté de toute épreuve organisée par l’ITF jusqu’en 2021.