18 janvier 2000 : le jour où Roger Federer a remporté son premier match en Grand Chelem
Le 18 janvier 2000, à l’Open d’Australie, Roger Federer, 18 ans, remporte la première victoire de sa carrière dans un tournoi du Grand Chelem, en battant Michael Chang.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Ce jour-là, le 18 janvier 2000, à l’Open d’Australie, Roger Federer, 18 ans, remporte la première victoire de sa carrière dans un tournoi du Grand Chelem, en battant Michael Chang, ancien vainqueur de Roland-Garros (6-4, 6-4, 7-6). Le jeune Suisse atteint ensuite le troisième tour du tournoi. Bien que son superbe tennis attire déjà l’œil des experts, personne ne pouvait alors prévoir qu’il accumulerait 361 autres victoires au cours des 20 années suivantes, remportant ainsi 20 titres du Grand Chelem.
Les personnages : Roger Federer et Michael Chang
- Roger Federer, jeune pépite
Roger Federer est né en 1981. Champion du monde juniors en 1998, Federer fait parler de lui dès ses débuts chez les pros : il atteint les quarts de finale de trois de ses cinq premiers tournois, en 1998-1999, à Toulouse, Marseille et Rotterdam. Son tennis fantastique fascine le monde du tennis et on l’imagine rapidement dans la peau du futur numéro 1 mondial. À la fin 1999, après avoir gagné le Challenger de Brest aux dépens de Max Mirnyi (6-4, 6-2), il est 64e mondial.
- Michael Chang, champion sur le déclin
Michael Chang est né en 1972. En 1987, à l’âge de quinze ans, il devient le plus jeune joueur à passer un tour à l’US Open (aux dépens de Paul McNamee). L’année suivante, en juin, à seize ans et trois mois il devient le plus jeune joueur à avoir jamais fait partie du top 1°°, et il atteint pour la première fois les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à New York, où il est battu par Andre Agassi. En 1989, âgé de 17 ans et 3 mois, Chang devient le plus jeune joueur de l’histoire à gagner un tournoi du Grand Chelem, en dominant Stefan Edberg en finale de Roland-Garros après avoir été mené deux sets à un (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2). En chemin vers la finale, il élimine le numéro 1 mondial Ivan Lendl à la surprise générale, en huitièmes de finale.
Au cours de cette partie, Chang fait preuve d’une grande force mentale pour un adolescent, engageant une véritable bataille psychologique avec Lendl, en faisant notamment son célèbre service à la cuillère, qui deviendra presque aussi célèbre que la « Main de Dieu » de Maradona en football. En 1990, Michael Chang a bien du mal à confirmer son nouveau statut. Malgré un quart de finale disputé à Roland-Garros (perdu contre Andre Agassi, 6-2, 6-1, 4-6, 6-2), il est éjecté du top 10 en avril 1990, pour n’y revenir qu’en mars 1992. Ses meilleures années sont 1995-1997.
Au cours de ces trois saisons, il dispute non seulement trois demi-finales de Grand Chelem, mais il échoue surtout en finale à trois reprises : à Roland-Garros 1995 (battu par Thomas Muster, 7-5, 6-2, 6-4), à l’Open d’Australie 1996 (battu par Boris Becker, 6-2, 6-4, 2-6, 6-4) et à l’US Open 1996 (dominé par Pete Sampras, 6-1, 6-4, 7-6). En septembre 1996, il se hisse jusqu’à la deuxième place mondiale. Quittant le top 10 au début 1998, il entame alors un lent déclin et à l’aube de l’an 2000, il est 38e mondial.
Le lieu : L’Open d’Australie, àMelbourne
Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adélaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison.
Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants, mais à partir de la victoire de Mats Wilander, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (qui sera plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur, et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable. La dotation augmente également, et il ne faut alors que quelques années pour que l’Open d’Australie devienne le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs.
L’histoire : Federer ouvvre son compteur en Grand Chelem
Alors que le premier tour entre un Michael Chang sur le déclin et un Roger Federer âgé de seulement 19 ans n’intéresse pas spécialement le grand public, les experts du tennis y portent un regard particulièrement attentif. Le jeune Suisse, même s’il n’a pas encore gagné le moindre match en Grand Chelem, a déjà la réputation d’être extrêmement doué, et est considéré comme un potentiel numéro 1 mondial. Sera-t-il en mesure de perturber Michael Chang, qui, bien qu’il ait récemment évolué loin de son meilleur niveau, reste un ancien 2e mondial, vainqueur de Roland-Garros en 1999 ?
D’ailleurs, Federer lui-même est assez impressionné à l’idée d’affronter un joueur aussi connu. En 2016, suite à sa 300e victoire en Grand Chelem, il évoquera dans l’Équipe ce premier tour de l’Open d’Australie 2000.
Le mec, il a son nom sur ses chaussures, il est au-dessus, c’est monstrueux.
Roger Federer
“Je ne me souviens plus de tout, je ne me souviens plus de nos classements à l’époque par exemple. Mais il y a une chose que je n’ai pas oubliée : pendant qu’on était en train d’aller vers le court 2 ou 3, je ne sais plus trop lequel, je marchais derrière Michael et j’avais vu que sur ses chaussures était inscrit son nom. Et je m’étais dit : “Le mec, il a son nom sur ses chaussures, il est au-dessus, c’est monstrueux.”
Cependant, avoir son nom imprimé sur ses chaussures n’aidera pas beaucoup Chang face à un Federer inspiré. Le jeune Suisse s’impose en trois manches, 6-4, 6-4, 7-6, remportant ainsi le premier match de sa carrière en Grand Chelem.
La postérité du moment : Federer deviendra une légende, Chang prendra sa retraite trois ans plus tard
Après avoir battu Jan Kroslak au deuxième tour (7-6, 6-2, 6-3), Roger Federer sera éliminé par Arnaud Clément au troisième tour (6-1, 6-4, 6-3). Il lui faudra quelques années pour maîtriser ses émotions, mais après avoir remporté son premier titre majeur à Wimbledon, en 2003, il deviendra le joueur le plus dominateur de tous les temps, accumulant 362 matches gagnés en Grand Chelem, qui lui permettront de détenir pas moins de 20 titres.
Plus tard en 2000, en remportant son 34e et dernier titre à Los Angeles (aux dépens de Jan-Michael Gambill, 6-7, 6-3, ab.), Michael Chang deviendra l’un des rares joueurs à avoir gagné des tournois dans trois décennies différentes (1980, 1990, 2000). Il s’agira de sa dernière saison dans le top 50, et, après avoir quitté le top 100 en 2002, il prendra sa retraite en 2003.