18 avril 1999 : Le jour où Seles, Américaine naturalisée, a affronté la Croatie en Fed Cup
Monica Seles a vécu un moment riche en émotions le 18 avril 1999, en affrontant en Fed Cup la Croatie, ancien Etat yougoslave, avec les Etats-Unis, cinq ans après avoir été naturalisée américaine. L’ancienne N.1 mondiale a alors qualifié son équipe avec une démonstration de force contre Iva Majoli sur la route de la victoire finale.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Un moment à part pour Seles
Le 18 avril 1999, Monica Seles, née en Yougoslavie et naturalisée américaine en 1994, écrase Iva Majoli (6-0, 6-3), pour remporter une rencontre de Fed Cup contre la Croatie, un ancien État yougoslave. Ce match se déroule dans un contexte particulièrement tendu : le match devait initialement se jouer à Zagreb. Mais en raison des bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie, il a dû être déplacé aux États-Unis.
Les personnages : Monica Seles et Iva Majoli
- Monica Seles, 4e mondiale
Monica Seles connaît le succès à un très jeune âge. Ses frappes à deux mains des deux côtés, son style de jeu précurseur, tout en prises de balle précoces et en puissance, et les cris caractéristiques qu’elle pousse à chaque frappe, révolutionnent le tennis féminin. Seles dispute sa première saison complète chez les pros en 1989 et, après avoir gagné son premier tournoi au printemps à Houston, elle participe à son premier tournoi du Grand Chelem à Roland-Garros. Sa première apparition à Paris fera date. Au troisième tour, opposée à la 4e mondiale Zina Garrison, la jeune Monica, 15 ans, entre sur le Central en distribuant des fleurs au public avant d’écraser son adversaire (6-3, 6-2). Elle se hisse jusqu’en demi-finales où elle est seulement battue en trois sets (6-3, 3-6, 6-3) par l’invincible Steffi Graf, victorieuse des cinq derniers tournois du Grand Chelem. En 1990, à 16 ans, Seles devient la plus jeune gagnante de l’histoire de Roland-Garros. C’est le début de sa domination. En mars 1991, à 17 ans et trois mois, elle devient la plus jeune N.1 mondiale de l’histoire, détrônant Steffi Graf, qui occupait cette place depuis l’été 1987. A partir de janvier 1991, elle remporte sept des huit tournois du Grand Chelem auxquels elle participe, en plus d’une défaite en finale de Wimbledon 1992, soit 56 victoires en majeur pour une seule défaite. Elle gagne également le Masters à trois reprises, en 1990, 1991 et 1992. Sa carrière est brutalement interrompue le 30 avril 1993, en quarts de finale du tournoi de Hambourg, lorsqu’elle est poignardée lors d’un changement de côté par un déséquilibré fan de Steffi Graf.
La blessure psychologique se révèle plus profonde que la blessure physique : alors qu’elle est en état de rejouer quelques mois plus tard, elle mettra plus de deux ans à revenir à la compétition, adoptant entretemps la nationalité américaine. Seles revient sous le feu des projecteurs à l’été 1995, remportant son tournoi de reprise à Toronto aux dépens d’Amanda Coetzer (6-1, 6-0). Quelques semaines plus tard, elle est finaliste à l’US Open (défaite par Steffi Graf, 7-6, 0-6, 6-3). En janvier 1996, à 22 ans, elle remporte son dernier tournoi du Grand Chelem à l’Open d’Australie, battant en finale l’Allemande Anke Huber (6-4, 6-1). Depuis lors, elle fait toujours partie des meilleures joueuses mondiales, mais souffrant de troubles alimentaires et de problèmes de poids qu’elle décrira plus tard dans son livre, elle ne parvient plus à s’imposer en Grand Chelem. Seles atteint tout de même deux finales majeures, à l’US Open 1996 (défaite par Graf, 7-5, 6-4) et à Roland-Garros 1998 (défaite par Sanchez, 7-6, 0-6, 6-2). En avril 1999, elle était N.4 mondiale.
- Iva Majoli, sur le déclin
La Croate Iva Majoli, née en 1977, fait son entrée dans le Top 100 en 1992, l’année où elle fait ses débuts en Grand Chelem, à l’US Open, où elle atteint le deuxième tour. Elle parvient en huitièmes de finale de Roland-Garros en 1993 (battue par Inés Gorrochategui, 7-5, 6-4) et elle dispute ses premières finales sur le circuit en 1994, à Osaka, Barcelone et Essen, terminant l’année au 13e rang mondial. Majoli remporte son premier titre à Zurich en 1995 (en battant Mary Pierce en finale, 6-4, 6-4), suivi d’un second dès la semaine suivante, à Filderstadt (en battant Gabriela Sabatini, 6-4, 7-6). A la fin de la saison, elle est 9e mondiale. Sa carrière atteint son sommet en 1997, lorsque, à la surprise générale, elle triomphe à Roland-Garros, en battant Martina Hingis en finale (6-4, 6-2). En avril 1999, elle est 32e mondiale.
Le lieu : Sur le terre de Raleigh au lieu de Zagreb
Le match de Fed Cup entre les États-Unis et la Croatie devait initialement se dérouler à Zagreb. Mais comme la guerre fait encore rage en ex-Yougoslavie, il a été décidé de jouer sur terre américaine, à Raleigh. Le court central du Raleigh Racquet Club peut accueillir 2 500 spectateurs et les billets pour le match de Fed Cup ont été vendus longtemps à l’avance.
L’histoire : Seles a déroulé pour valider la qualification des Etats-Unis
Lorsque l’équipe américaine de Fed Cup s’apprête à affronter la Croatie en avril 1999, Monica Seles passe par toutes les émotions. Née yougoslave, à Novi Sad, en Serbie, elle est devenue citoyenne américaine en 1994. Elle fait depuis partie de l’équipe américaine de Fed Cup, et jusqu’à présent, elle n’a jamais été battue dans cette compétition. Habituellement, elle est très enthousiaste à l’idée de représenter son nouveau pays. Mais cette fois-ci, elle hésite à se rendre à Zagreb pour affronter d’autres joueuses d’origine yougoslave qui, il y a quelques années, auraient fait partie de son équipe.
Cependant, à l’époque, l’OTAN bombarde l’ex-Yougoslavie et il a été décidé que la rencontre aurait lieu aux États-Unis. Dans ce contexte politique, jouer contre la Croatie n’est pas une décision facile à prendre pour l’ancienne N.1 mondiale. De plus, de nombreux membres de la délégation croate sont de vieux amis de son père, Karolj, décédé en 1998. Une fois la rencontre déplacée à Raleigh, Seles confirme sa participation.
“Nous nous voyons comme des amies, comme des joueuses de tennis ; nous ne sommes pas des politiciens”, explique Seles.
Lors de la première journée, Chanda Rubin vient à bout d’Iva Majoli (7-6, 4-6, 10-8) et Seles balaie Silvija Talaja (6-3, 6-1). Au troisième match, Seles, face à Majoli, a l’occasion de conclure la rencontre.
Les deux joueuses sont yougoslaves de naissance. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour que Seles montre la moindre clémence. En seulement 43 minutes, elle détruit la vainqueure de Roland-Garros 1997, qui n’a pas très bien récupéré du marathon qu’elle a perdu la veille (6-0, 6-3).
“C’était plutôt elle qui jouait parfaitement et je ne pouvais rien faire”, déclare ensuite Majoli.
“On dirait que j’arrive toujours produire mon meilleur tennis pour la Fed Cup, et je suis vraiment concentrée”, commente Seles.
La postérité du moment : La Fed Cup avec les soeurs Williams, sur le podium aux JO de Sydney
Au tour suivant de la Fed Cup 1999, Monica Seles subira sa première défaite sous le drapeau américain, battue par Silvia Farina (6-4, 4-6, 6-4). Mais avec le soutien des sœurs Williams, les Etats-Unis parviendront à décrocher le titre en battant la Russie en finale (4-1). En 2000, elle obtiendra son dernier résultat marquant, aux Jeux olympiques de Sydney, où elle obtiendra la médaille de bronze. Blessée au pied, elle disputera son dernier match à Roland-Garros en 2003, qu’elle perdra contre Nadia Petrova (6-4 6-0), bien qu’elle n’annoncera sa retraite officielle qu’en 2008.