17 octobre 1975 : Le jour où Connors a débuté son histoire contrastée avec la Coupe Davis
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 17 octobre 1975, Jimmy Connors honorait enfin sa première sélection en coupe Davis. Sans que ce soit pour autant le début d’une grande histoire d’amour avec cette compétition.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une première pour Connors en Coupe Davis
Ce jour-là, le 17 octobre 1975, le numéro 1 mondial, Jimmy Connors, fait ses débuts tant attendus en Coupe Davis. Connors, qui a remporté trois tournois du Grand Chelem en 1974 et disputé trois finales majeures en 1975. Mais il avait jusqu’à présent fait le choix peu consensuel de ne pas jouer sous le drapeau américain. Bien qu’il ait fallu beaucoup des efforts pour qu’il s’aligne enfin, ce jour ne marquera pas le début d’un véritable engagement de Jimbo en Coupe Davis.
Le personnage : le controversé Mister Connors
Jimmy Connors, né en 1952, est l’un des meilleurs joueurs de son temps. Coaché depuis toujours par sa mère, Gloria, Connors est l’un des premiers joueurs à jouer à plat et en cadence depuis la ligne de fond de court. Sa manière de frapper la balle montante inspirera beaucoup les futures générations de joueurs. Il est également connu pour son comportement, qui choque à l’époque le monde bien propre et policé du tennis. Tandis que sa mère l’encourage bruyamment depuis les tribunes, à coups de « Come on, Jimbo ! », Connors déploie une agressivité hors du commun, jusque dans sa façon de s’encourager. Il est parfois vulgaire – Connors montrant un doigt d’honneur à un juge de ligne ou mettant sa raquette entre ses jambes de manière évocatrice. Ses querelles incessantes avec le corps arbitral dénotent dans un sport dit « de gentlemen ».
« Jimbo » passe professionnel en 1972, étant l’un des meilleurs espoirs du tennis américain, avec Harold Solomon et Roscoe Tanner. Durant ses deux premières saisons en tant que pro, Connors remporte 17 tournois et atteint les quarts de finale en Grand Chelem à trois reprises. En 1974, il décide de participer, pour la première fois, à l’Open d’Australie, une sage décision puisque qu’il y remporte son premier titre du Grand Chelem, aux dépens de Phil Dent (7-6 6-4 4-6 6-3). C’est ainsi que débute sa plus grande saison. En juillet, Connors a déjà gagné dix tournois, dont Wimbledon, où il a surclassé la légende australienne Ken Rosewall (6-1 6-1 6-4) au cours de l’une des des finales les plus déséquilibrées de l’histoire du tournoi. Il devient numéro 1 mondial peu de temps après. La seule ombre à sa saison est l’interdiction qui lui a été faite de participer à Roland-Garros en raison de sa participation au World Tennis Tour, qui l’a mené, avec son manager, à poursuivre en justice l’ATP. Il parachève sa fantastique saison en écrasant à nouveau Rosewall en finale de l’US Open (6-1, 6-0, 6-1).
En 1975, il demeure le numéro 1 mondial incontesté. Malgré neuf tournois gagnés, il ne parvient pas à s’imposer en Grand Chelem, y échouant à trois reprises en finale : défait par John Newcombe en Australie (7-5, 3-6, 6-4, 7-6) puis par Arthur Ashe à Wimbledon (6-1, 6-1, 5-7, 6-4), il s’incline face à Manuel Orantes à Forest Hills (6-4, 6-3, 6-3).
L’histoire : la rupture puis la réconciliation avec son pays
Jimmy Connors entretient une relation compliquée avec la Coupe Davis. En 1972, âgé de 19 ans, il fait partie de l’équipe américaine pour la première fois. Mais il s’agace ouvertement lorsque le capitaine, Dennis Ralston, sélectionne Tom Gorman et Erik van Dillen pour jouer les premiers simples. Ainsi, le jeune Jimbo n’est pas retenu pour les rencontres suivantes, bien que les Etats-Unis remportent le tournoi cette année-là. L’année suivante, en 1973, Connors fait savoir qu’il est disponible. Mais le capitaine décide de maintenir en place les joueurs qui ont disputé les matches de zones. Cependant, cette fois, les Etats-Unis sont battus en finale par l’Australie, 5-0.
En 1974 et 1975, Connors refuse de jouer la Coupe Davis. A cette époque, les joueurs ne sont pas payés pour représenter leur pays, et le numéro 1 mondial ne semble pas très patriote. De plus, Jimbo et son agent, Bill Riordan, sont en pleine procédure contre l’ATP, suite à l’interdiction qui lui a été faite de participer à Roland-Garros en 1974, mais aussi contre Arthur Ashe, qui a selon eux nui à son image en critiquant vertement ses manquements à la Coupe Davis. Lorsque Connors est battu par Ashe en finale de Wimbledon 1975 et boude le traditionnel dîner de clôture, il semble plus loin que jamais de rejoindre l’équipe de Coupe Davis.
Le jour même où les Etats-Unis perdent contre le Mexique, Connors dispute une exhibition à 100 000 dollars contre Rod Laver. Toutefois, un nouveau capitaine, Tony Trabert, est nommé. Bien que l’agent de Connors estime qu’il n’a aucune chance de le convaincre de participer au match de zone contre le Venezuela en octobre, Trabert ne se laisse pas décourager. Pendant l’US Open, il rencontre Connors dans les vestiaires.
« J’ai dit à Jimmy que je voulais aligner la meilleure équipe possible du début à la fin pour remporter la Coupe », déclare Trabert, selon le New York Times. « Je lui ai dit qu’il était le seul joueur qui avait sa place pour n’importe quel match sur n’importe quelle surface. (…) Je lui aussi dit : quand tu vas jouer la Coupe Davis, ça sera génial pour toi et pour le pays, mais tu ne le comprendras vraiment que lorsque tu y seras et que l’arbitre annoncera : ‘Au service, les États-Unis’. Alors, tu sauras. »
« Je suis content de jouer la Coupe Davis. J’ai toujours voulu jouer », commente Connors. « Je devais jouer déjà en 1972. »
C’est ainsi que Connors, à présent âgé de 23 ans, réalise finalement ses débuts en Coupe Davis le 17 octobre 1975. Lors d’un match de zone contre le Venezuela comptant pour l’édition 1976 et organisé au Texas, il affronte Humphrey Hose. Après un mauvais départ, le numéro 1 mondial est mené 4-1. Mais il serre le jeu et s’impose en trois manches, 6-4, 6-1, 6-3.
« Oui, c’est quelque chose de spécial », déclare Connors après le match. J’ai toujours joué pour moi-même, mais là je représente aussi 200 millions de personnes. »
La postérité du moment : une aventure quasiment sans lendemain et sans succès pour Connors en Coupe Davis
Deux mois plus tard, le numéro 1 mondial fera partie de l’équipe qui s’inclinera au Mexique. Après avoir remporté le premier match en cinq sets contre Marcelo Lara (6-2, 6-1, 3-6, 4-6, 7-5), Connors sera renversé par Raul Ramirez dans le match décisif, 2-6, 6-3, 6-3, 6-4.
Malgré ses prétentions patriotiques, Connors ne participera ensuite plus à la Coupe Davis, jusqu’en 1981, lorsqu’il prendra part aux quarts de finale, à New York. Ce n’est qu’en 1984 qu’il s’engagera à participer à une campagne entière, et cette année-là, son équipe s’inclinera en finale face à la Suède.
A la fin de sa longue carrière, en 1992, Connors n’aura disputé que dix matches de simple en Coupe Davis, comptabilisant 7 victoires pour 3 défaites.