17 août 1987 : Le jour où Graf a brisé l’hégémonie de Navratilova et Evert au sommet du classement mondial
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Retour en 1987 pour voir comment Steffi Graf, alors âgée de 18 ans, a accédé à la première place pour entamer le règne ininterrompu le plus long de l’histoire de la WTA, avec 186 semaines consécutives
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une nouvelle reine
Le 17 août 1987, peu de temps après avoir remporté son premier titre du Grand Chelem à Roland-Garros, Steffi Graf, 18 ans, atteint pour la première fois la première place mondiale. Non contente de mettre ainsi fin au règne record de 332 semaines de Martina Navratilova, l’Allemande est également la première joueuse en dehors du duo Navratilova-Evert à occuper la première place depuis Tracy Austin en 1980, soit plus de sept ans auparavant.
Les actrices : Steffi Graf et Chris Evert
- Steffi Graf, un talent précoce déjà au sommet
Steffi Graf est née en 1969. En 1982, à l’âge de treize ans, elle devient la plus jeune joueuse de l’histoire à obtenir un classement WTA. Après avoir gagné l’épreuve de démonstration organisée pendant les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, Graf progresse régulièrement, et les résultats ne se font pas attendre. Elle atteint la demi-finale de l’US Open en 1985, à l’âge de seize ans, battue par la numéro 1 mondiale Martina Navratilova (6-2, 6-3). En 1986, elle remporte son premier tournoi, à Hilton Head, aux dépens de Chris Evert (6-4, 7-5), avant de se hisser une nouvelle fois dans le dernier carré à Flushing Meadows.
Son premier titre est suivi de sept autres, et l’Allemande termine l’année à la troisième place mondiale. Cornaquée par son père, elle continue sa progression en 1987, remportant cinq tournois consécutifs avant de décrocher son premier titre du Grand Chelem, en battant Navratilova en finale de Roland-Garros (6-4, 4-6, 8-6). Quatre semaines plus tard, Graf connaît sa première défaite de l’année en finale de Wimbledon, où Navratilova prend sa revanche (7-5, 6-3). Néanmoins, elle se rapproche désormais sérieusement de la première place mondiale.
- Chris Evert, 18 titres du Grand Chelem et une régularité exceptionnelle
Chris Evert est née en 1954 en Floride. Entraînée par son père, elle développe un jeu basé sur la régularité, tenant ses adversaires à distance du filet grâce à sa longueur de balle, et les sanctionnant avec d’excellents passings si elles montent imprudemment. Elle obtient son premier résultat notable à l’âge de 16 ans, se hissant en demi-finales de l’US Open (éliminée par la N°1 mondiale, Billie Jean King, 6-3, 6-2). La liste de ses exploits au cours des 17 années suivantes est plus qu’impressionnante : Evert parvient en finale de Grand Chelem à 32 reprises, et remporte pas moins de 18 tournois majeurs : Roland-Garros (1974, 1975, 1979, 1980, 1983, 1985, 1986), Wimbledon (1974, 1976, 1981), l’US Open (1975-1978, 1980, 1982), et l’Open d’Australie (1982, 1984). Elle ne fait que six fois le déplacement à Melbourne, et fait l’impasse sur Roland-Garros à trois reprises (1976-1978), alors qu’elle est alors invincible sur terre battue, surface sur laquelle elle gagne 125 matches d’affilée entre 1973 et 1979. Accumulant un total de 149 titres, Evert termine sept saisons à la première place mondiale (1974, 1975, 1976, 1977, 1978, 1980, 1981). Depuis 1972, elle n’a jamais quitté le Top 3 mondial.
Le lieu : Los Angeles
Le Los Angeles Women’s Tennis Championships, qui a porté différents noms au fil des ans, a été créé en 1971, dans le cadre du tout premier Virginia Slims Tour, le premier circuit professionnel féminin. En 1987, l’événement porte le nom de Virginia Slims of Los Angeles et se joue sur dur à Manhattan Beach, en Californie. À son palmarès, on compte de grands noms tels que Billie Jean King (1971), Margaret Court (1973), Chris Evert (1977, 1979, 1984) et Martina Navratilova (1978, 1980, 1981, 1983, 1986).
L’histoire : Graf au sommet, Navratilova et Evert l’attendent au tournant
En août 1987, Steffi Graf, numéro 2 mondiale, est la joueuse la plus dominatrice du circuit. Depuis le début de l’année, elle a remporté 6 tournois, dont son premier Grand Chelem, à Roland-Garros, et elle n’a été battue qu’une seule fois, par l’actuelle numéro 1 mondiale, Martina Navratilova, en finale de Wimbledon. La jeune Allemande se rapproche de la première place, et lorsqu’elle débarque en Californie pour participer au Virginia Slims de Los Angeles, elle peut devenir numéro 1 mondiale si elle remporte le tournoi, à condition que Navratilova perde avant la finale.
Graf, qui déclarera plus tard qu’elle n’était pas consciente du fait qu’elle pouvait atteindre la première place mondiale, se fraye un chemin jusqu’à la finale sans perdre un seul set, infligeant même un double 6-0 à Pascale Paradis au deuxième tour. De l’autre côté du tableau, les deux plus grandes joueuses de la dernière décennie s’affrontent en demi-finale, et Chris Evert élimine Navratilova (6-2, 6-1). Graf, âgée de seulement 18 ans, n’est plus qu’à un match d’atteindre le sommet de son sport.
En finale, devant une foule acquise à la cause de son adversaire, Graf ne produit pas son meilleur tennis, mais elle joue suffisamment bien pour s’imposer (6-3, 6-4). L’Allemande conclut un premier set serré grâce à une magnifique volée amortie, et dans le deuxième set, elle tient bon lorsqu’Evert remonte de 4-2 à 4-4, faisant preuve d’une force mentale impressionnante pour remporter blanc le dernier jeu.
“Je ne peux pas m’arrêter de sourire”, déclare Graf, dans des propos rapportés par le Los Angeles Times. “Je me sens très bien. Nous en parlions hier avec mon père après la victoire de Chris, à propos des chances que j’avais de devenir N°1 en cas de victoire. Il a dit : ‘Non, ce n’est pas possible”‘ Donc, après ma victoire aujourd’hui, je suis allée voir mon père et il m’a dit : ‘Tu es numéro 1 maintenant’. J’étais très surprise.”
“Je pense qu’il est très important d’être numéro 1 avant l’US Open”, ajoute l’Allemande. “Cela m’enlève la pression, je peux maintenant aborder l’US Open en toute décontraction.”
Graf est la première joueuse à interrompre la domination de Navratilova et Evert sur le circuit depuis 1980. La question qui se pose à présent est de savoir combien de temps va-t-elle rester numéro 1 ? Bien qu’elle ait rendu hommage au talent de son adversaire, Evert se montre prudente.
“Tous les cinq ou dix ans environ, une jeune joueuse arrive qui est vraiment spéciale et vraiment unique, commente Evert. J’ai été cette joueuse, Martina l’a été aussi. Je pense que Steffi est une joueuse de cette trempe. (…) Steffi a connu une grande année, mais il lui faudra 10 grandes années pour égaler nos records.”
Quant à Navratilova, qui remporte l’épreuve de double le même jour, elle a fait savoir à la presse qu’elle n’était “pas disponible pour un commentaire” au sujet de l’accession de Graf à la première place mondiale.
La postérité du moment : 186 semaines numéro 1 sans interruption pour Graf
Chris Evert avait déclaré que Graf devait réaliser 10 grandes années pour égaler ses records, et c’est exactement ce que fera l’Allemande. Graf restera numéro 1 mondiale sans interruption pendant 186 semaines (un record seulement égalé, mais non battu, par Serena Williams, en 2016), jusqu’à ce que Monica Seles la dépasse en 1991. Elle accumulera également 22 titres du Grand Chelem jusqu’à sa retraite, en 1999, et détiendra le record du plus grand nombre de semaines passées au sommet du classement (377 semaines).
Le top 5 des joueurs ayant passé le plus de temps à la première place mondiale
- Steffi Graf (377 semaines)
- Martina Navratilova (332 semaines)
- Serena Williams (319 semaines)
- Chris Evert (260 semaines)
- Martina Hingis (209 semaines)
Evert prendra sa retraite deux ans plus tard, à la fin de l’année 1989, terminant sa carrière sur une victoire contre la jeune Conchita Martinez (6-3, 6-2), en finale de la Fed Cup.