15 juillet 2007 : Le jour où Sampras a fondu en larmes au Hall of Fame
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 15 juillet 2019, Pete Sampras ne peut retenir ses larmes lors de son intronisation au Hall au Fame.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : La belle émotion de la légende Sampras
Le 15 juillet 2007, l’ancien numéro 1 mondial Pete Sampras se laisse déborder par l’émotion lors de son discours d’intronisation au Hall of Fame. Le champion américain, qui à cette époque détient encore le record de 14 titres du Grand Chelem, était connu pour son self-control tout au long de sa carrière. Mais ce jour-là, il ne peut retenir ses larmes.
L’acteur : Pete Sampras, le patron incontesté des années 1990
Pete Sampras, né en 1971, a dominé le tennis des années 1990. Après un premier titre du Grand Chelem conquis à l’US Open 1990, où il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, aux dépens de son éternel rival Andre Agassi (6-4, 6-3, 6-2), il devient numéro 1 mondial en avril 1993. Après avoir été critiqué pour avoir atteint le sommet du classement sans avoir gagné le moindre Grand Chelem depuis plus de deux ans, il fait taire les critiques. Sampras remporte trois titres majeurs à la suite : Wimbledon et l’US Open en 1993, puis l’Open d’Australie en 1994.
Pendant six ans de suite, l’Américain termine premier du classement ATP. Il établit un record toujours invaincu vingt-deux ans plus tard. Son jeu de service-volée est particulièrement efficace sur le gazon de Wimbledon, au All England Club, où il décroche sept titres entre 1993 et 2000. Un nouveau record. Sampras affiche 53 victoires pour une seule défaite sur cette période. Le seul homme à le terrasser est Richard Krajicek, en quarts de finale de l’édition 1996 (7-5, 7-6, 6-4).
Sampras remporte cinq fois l’US Open (1990, 1993, 1995, 1996, 2002), et deux fois l’Open d’Australie (1994, 1997), établissant un nouveau record de 14 titres du Grand Chelem. L’Américain s’impose aussi à cinq reprises au Masters, accumulant 64 titres au long de sa carrière. Il détient également le record du nombre de semaines passées au sommet du classement ATP (286), et aurait pu être le plus grand joueur de tous les temps. Mais ses résultats sur terre battue font tache. Son meilleur résultat à Roland-Garros est une demi-finale perdue contre Yevgeny Kafelnikov, en 1996 (7-6, 6-0, 6-2). Il n’a plus jamais atteint la deuxième semaine du tournoi par la suite. Sampras officialise sa retraite durant l’US Open 2003. Son dernier match sur le circuit reste sa victoire en finale à New York, contre Agassi, en 2002.
La carrière de Sampras a été fortement marquée par sa rivalité avec Agassi. Les deux Américains sont rivaux depuis que Sampras a battu Agassi en finale de l’US Open 1990. Leur rivalité a atteint des sommets en 1995, lorsqu’ils luttaient pour la première place mondiale. Les deux joueurs s’affrontent en finale de trois Masters 1000 et de deux tournois du Grand Chelem. Agassi l’avait emporté en Australie avant que Sampras ne prenne sa revanche à New York. Alors même que, sur la fin de sa carrière, Sampras a entamé son déclin, il affiche toujours son meilleur niveau face à Agassi. Leur chef d’œuvre restera leur rencontre en quarts de finale de l’US Open 2001, remportée par Sampras, sans le moindre break (6-7, 7-6, 7-6, 7-6).
Les amateurs de tennis se souviendront aussi des larmes de l’Américain lors de son quart de finale de l’Open d’Australie, contre Jim Courier, alors que Sampras venait d’apprendre que son entraîneur souffrait d’une tumeur au cerveau.
Sampras restera célèbre pour son service assassin, ses incroyables coups droits en bout de course, ses smashs « slam dunk », et ses demi-volées.
Le lieu : Le Hall of Fame, à Newport
L’International Tennis Hall of Fame se situe à Newport, à Rhode Island. Il rend hommage à la fois aux joueurs et à tous ceux qui ont contribué à l’essor du tennis. Le complexe était autrefois le casino de Newport, où s’est déroulé en 1881 le premier US Championships, qui deviendra plus tard l’US Open. Chaque année, en juillet, en toile de fond des intronisations au Hall of Fame, un tournoi ATP sur gazon y est organisé.
L’histoire : Sampras, enfin une place laissée à l’émotion
Presque cinq ans après son dernier match sur le circuit, et quasiment quatre ans après sa retraite officielle, Pete Sampras est intronisé au Hall of Fame. Une entrée au Hall of Fame est une preuve de reconnaissance pour les accomplissements d’un champion. Elle est habituellement l’occasion pour un ancien grand joueur de s’exprimer ouvertement et de revenir sur sa carrière.
Il n’y avait jamais eu le moindre doute sur le fait que Sampras serait un jour membre du Hall of Fame. Décrit par son rival Andre Agassi comme “un tueur à sang froid”, ses nerfs ne l’ont presque jamais trahi durant ses années sur le circuit. Dans son autobiographie, L’esprit d’un champion, voici comment Sampras décrit son état d’esprit :
“A certains moments dans ma carrière, je me mettais en place sur la ligne de service, au cœur du combat, et je prenais une pause pour m’imprégner de l’atmosphère. Transcendé par l’adrénaline, je défiais le public du regard et je me disais, ‘Ok les gars, maintenant, je vais vous montrer qui je suis’.”
On dirait que vous voyez maintenant toute l’émotion que j’ai cachée pendant seize ans, hein ?
Pete Sampras
Une autre citation du livre illustre ce que voulait dire Agassi : “Mouiller, c’est être en position de gagner, et subir une sorte d’échec nerveux ou mental. Ça ne m’est jamais arrivé. Et je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est parce que je n’ai jamais eu peur de perdre.”
Personne ne s’attend à ce que “Pistol Pete”, qui a toujours su garder le contrôle de ses nerfs en finale de tournois du Grand Chelem devant des milliers de spectateurs, soit débordé par l’émotion lors de son discours au Hall of Fame. Et pourtant, en ce 15 juillet 2007, c’est une toute autre personne qui se tient derrière le microphone pour revenir sur sa carrière.
Sampras, très ému, délivre un discours inspirant. Cette fois, il ne s’arrête pas pour s’imprégner de l’atmosphère. Il multiplie les pauses pour se calmer, retenir ses larmes autant que possible et rassembler ses esprits pour garder le fil.
Le champion conclut son discours d’intronisation, pour l’une des plus grandes carrières de l’histoire du tennis, avec une grande sensibilité :
“On dirait que vous voyez maintenant toute l’émotion que j’ai cachée pendant seize ans, hein ? Le tennis a représenté une grande partie de ma vie. Ce sport m’a donné des souvenirs et des leçons de vie inoubliables. Je n’ai jamais dévié de mes valeurs fondamentales et c’est la chose dont je suis le plus fier. Grâce à l’éducation reçue de mes parents et aux valeurs transmises par des hommes comme Rod Laver, j’ai emprunté la voie noble du mieux que je pouvais.“
“Par-dessus tout, je voulais représenter ma famille, le jeu et moi-même d’une manière dont nous pouvions tous être fiers. En prenant place parmi les plus grands joueurs de l’histoire dans ce lieu extraordinaire qu’est le Hall of Fame, je me présente devant vous en homme humble et reconnaissant. Je suis un tennisman, rien de plus, rien de moins. C’est plus qu’assez pour moi, ça a toujours été le cas. Je vous remercie.“