13 avril 1986 : Le jour où Graf, encore ado, a vaincu Evert pour ouvrir son palmarès
Steffi Graf a décroché son tout premier titre sur le circuit WTA le 13 avril 1986, à seulement 16 ans, en dominant la grande Chris Evert en finale de la Family Circle Cup (6-4, 7-5). Le déclic qui mènera l’Allemande jusqu’à des hauteurs rarement égalées par une joueuse.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Graf a gagné son premier titre en battant Evert à seulement 16 ans
Le 13 avril 1986, Steffi Graf remporte à 16 ans le premier titre de sa jeune carrière en battant la grande Chris Evert en finale de la Family Circle Cup, à Hilton Head (6-4, 7-5). C’est un accomplissement important pour l’adolescente allemande, qui non seulement n’avait jamais réussi à gagner un seul set contre l’ancien N.1 mondiale, mais qui avait également échoué lors de ses six premières finales WTA.
Les actrices : Steffi Graf et Chris Evert
- Steffi Graf, une précocité impressionnante
Steffi Graf est née en 1969. En 1982, à l’âge de 13 ans, elle devient la plus jeune joueuse de l’histoire à obtenir un classement WTA. Après avoir gagné l’épreuve de démonstration organisée pendant les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, elle progresse régulièrement, et les résultats ne se font pas attendre. Elle atteint la demi-finale de l’US Open en 1985, à l’âge de seize ans, et est battue par la numéro 1 mondiale Martina Navratilova (6-2, 6-3), non sans avoir éliminé la tête de série N.4, Pam Shriver, en quarts de finale (7-6, 6-7, 7-6). En avril 1986, Graf était déjà 4e mondiale, mais elle court toujours après son premier titre : jusqu’à présent, elle a atteint la finale de six tournois, mais elle n’a encore jamais réussi à soulever le trophée. Sa dernière apparition en finale remonte à Boca Raton, où elle a été battue par Chris Evert (6-4, 6-2).
- Chris Evert, la régularité à l’état pur
Chris Evert est née en 1954 en Floride. Entraînée par son père, elle développe un jeu basé sur la régularité, tenant ses adversaires à distance du filet grâce à sa longueur de balle, et les sanctionnant avec d’excellents passings si elles montent imprudemment. Elle obtient son premier résultat notable à l’âge de 16 ans, se hissant en demi-finales de l’US Open (éliminée par la N.1 mondiale, Billie Jean King, 6-3, 6-2). La liste de ses exploits au cours des 19 années suivantes est plus qu’impressionnante. Tout au long de sa carrière, Evert atteint le dernier carré de 52 des 56 tournois du Grand Chelem auxquels elle participe. Elle parvient en finale à 34 reprises, et remporte pas moins de 18 tournois majeurs : Roland-Garros (1974, 1975, 1979, 1980, 1983, 1985, 1986), Wimbledon (1974, 1976, 1981), l’US Open (1975-1978, 1980, 1982), et l’Open d’Australie (1982, 1984). Elle ne fait que six fois le déplacement à Melbourne, et fait l’impasse sur Roland-Garros à trois reprises (1976-1978), alors qu’elle est alors invincible sur terre battue, surface sur laquelle elle gagne 125 matches d’affilée entre 1973 et 1979. Accumulant un total de 143 titres, Evert termine sept saisons à la première place mondiale (1974, 1975, 1976, 1977, 1978, 1980, 1981) et elle n’a jamais quitté le top 3 mondial depuis 1972.
Le lieu : La Family Circle Cup, Evert y est comme chez elle
La Family Circle Cup, organisée à Hilton Head, est un tournoi prestigieux qui se joue sur terre battue américaine (également appelée har-tru). Créé en 1973, c’est l’un des tournois fétiches de Chris Evert, qui a remporté le titre à huit reprises.
L’histoire : Graf trop solide pour Evert ce jour-là
Lorsque Steffi Graf entre sur le court central de Hilton Head pour affronter Chris Evert, le 13 avril 1986, elle a beau être 4e mondiale et s’être qualifiée pour la finale sans perdre un set, elle est loin d’être la favorite. En 1986, la reine américaine de la terre battue l’a déjà battue lors de deux finales consécutives, à Key Biscayne (6-3, 6-1) et à Boca Raton (6-4, 6-2). En six confrontations, l’Allemande n’a pas gagné le moindre set contre elle. De plus, Evert joue sur sa surface de prédilection, dans un tournoi qu’elle a déjà gagné huit fois.
Au début, la sextuple championne de Roland-Garros se détache 3-2, utilisant la même stratégie que d’habitude, évitant soigneusement le dangereux coup droit de Graf et attendant qu’elle commette quelques fautes en revers. Cependant, cette fois, le revers de l’Allemande est plus solide que d’habitude. Gardant la balle en jeu, Graf attend le bon moment pour dicter le jeu avec son coup droit, et elle gagne le premier set, 6-4.
Dans le deuxième set, Evert semble reprendre le contrôle du match. Mais Graf, menée 4-0, élève encore son niveau de jeu pour revenir et finalement l’emporter, 7-5.
”J’ai commencé à penser que j’allais gagner en trois sets”, explique ensuite Evert, dans des propos rapportés par le New York Times. ”Mais je me suis laissée aller. J’ai commencé à faire des erreurs que je ne fais pas quand je suis au mieux de ma forme. Je me suis sentie inhibée. (…) C’était bien que Steffi gagne son premier tournoi. Malheureusement, c’était contre moi.”
L’adolescente est évidemment très satisfaite d’avoir remporté son premier titre. Mais pour elle, ce n’est qu’un pas de plus vers ses véritables objectifs : les tournois du Grand Chelem et la première place mondiale.
Lorsqu’on lui demande si elle va commencer à ressentir de la pression, maintenant qu’elle a remporté son premier tournoi majeur, elle répond simplement :
”Je ne pense pas. J’ai tellement de temps devant moi”.
La postérité du moment : Le crépuscule pour Evert, l’aube pour Graf
Quelques semaines plus tard, à Roland-Garros, Chris Evert remportera son 18e et dernier titre du Grand Chelem, surclassant Martina Navratilova en finale (2-6, 6-3, 6-3). Elle n’atteindra plus jamais la finale d’un tournoi majeur, et prendra sa retraite moins de deux ans plus tard, à la fin 1989, mettant un point final à sa carrière sur une dernière victoire contre la jeune Conchita Martinez en finale de la Fed Cup (6-3, 6-2).
Steffi Graf explosera véritablement en 1987, lorsqu’elle soulèvera son premier trophée en Grand Chelem, après être venue à bout de Martina Navratilova en finale de Roland-Garros. Elle sera vaincue en finale de Wimbledon et de l’US Open par la même Navratilova, qu’elle éjectera cependant, le 17 août, du sommet de la hiérarchie où elle se trouvait presque continuellement depuis 1982. En 1988, l’Allemande accomplira l’un des plus grands exploits de l’histoire du sport : le Grand Chelem Doré. En 1988, l’Allemande, non contente de remporter les quatre tournois majeurs, décrochera également l’or olympique. Elle occupera la place de N.1 mondiale sans interruption jusqu’à ce que Monica Seles l’en détrône en 1991. Après l’agression de Seles en 1993, Graf retrouvera le sommet du classement jusqu’en 1997, établissant un nouveau record de 377 semaines passées en tête du classement WTA. En s’imposant à l’US Open 1995, elle deviendra la seule joueuse de l’histoire à avoir gagné chacun des tournois du Grand Chelem à au moins quatre reprises. A sa retraite, en 1999, peu de temps après son dernier titre majeur conquis à Roland-Garros, elle aura remporté un total incroyable de 22 tournois du Grand Chelem.