11 octobre 1940 : le jour où Wimbledon a été bombardé
Le 11 octobre 1940, en pleine campagne de bombardements allemands sur le Royaume-Uni, le All England Lawn Tennis Club de Wimbledon est touché par les bombes.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Le 11 octobre 1940, en plein Blitz (la campagne de bombardements allemands sur le Royaume-Uni), le All England Lawn Tennis Club de Wimbledon est touché par les bombes. L’une d’elles transperce le toit d’une tribune du Centre Court. Elle détruit 1 200 sièges. Neuf ans s’écouleront avant que l’AELTC puisse réparer entièrement son court central. Mais le tournoi reprendra dès 1946.
Le lieu : le All England Lawn Tennis Club de Wimbledon transformé
Le All England Lawn Tennis Club (originellement nommé “Lawn Tennis & Cricket”) est fondé en 1868, situé tout d’abord sur Worple Road, dans le quartier de Wimbledon. Les premiers « Championships », le nom officiel du fameux tournoi, s’y déroulent en 1877 mais, l’événement gagnant en popularité, le club déménage dans des lieux plus vastes en 1922. Cette année-là, le tournoi a lieu pour la première fois sur le site de Church Road et, malgré une première édition marquée par la pluie, s’y installe pour de bon.
Le court principal du nouveau club est le légendaire Centre Court, qui s’ouvre au public avec une capacité de 14 000 places. Gerald Patterson est le premier à joueur à remporter le tournoi après avoir lu les fameux vers de Rudyard Kipling gravés au-dessus de l’entrée : « Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite ; Et recevoir ces deux menteurs d’un même front ».
En 1939, Bobby Riggs est le dernier joueur à gagner Wimbledon avant la Deuxième Guerre Mondiale. Le conflit éclate moins de deux mois plus tard, en septembre 1939. Après avoir vaincu la Pologne et la France, les Allemands se tournent vers le Royaume-Uni à l’été 1940. Suite à la victoire de la Royal Air Force lors de la Bataille d’Angleterre, les Nazis entament une célèbre campagne de bombardements, que la presse britannique appelle le « Blitz » (« éclair », en allemand). Celle-ci débute le 7 septembre. Lors des 57 jours suivants, Londres est bombardée par la Luftwaffe à 56 reprises.
A cette époque, le All England Club n’accueille plus de tournoi. D’après John Barrett, auteur de Wimbledon – l’histoire officielle, « l’un des parkings a été détruit pour y faire pousser des légumes. Un autre accueillait des porcs, des poulets, des oies et des lapins dans des cabanes en bois, tandis que le hall principal résonnait des pas de détachements militaires gallois et irlandais ». Certains des bâtiments sont également réquisitionnés par les pompiers, les ambulances et autres secours d’urgence.
L’histoire : des balles de tennis aux balles de fusil
Le 11 octobre, la guerre frappe le All England Club plus durement. Le quartier de Wimbledon est souvent pris pour cible par les raids allemands, qui visent deux usines locales particulièrement utiles à l’effort de guerre. Cette nuit-là, le club, qui avait jusqu’à présent été épargné, voit la chance l’abandonner lorsque cinq bombes frappent la propriété : deux atterrissent sur le parcours de golf de Wimbledon Park, une autre retombe sur l’entrée Nord-est, une quatrième démolit la cabane à outils et la dernière retombe sur le Centre Court. Elle traverse le toit et 1 200 sièges sont détruits par l’explosion.
Postérité du moment : rejouer au plus vite
Tout au long de la guerre, les courts en gazon du All England Club sont maintenus en état. Dès juin 1945, à peine un mois après la fin de la guerre, des joueurs issues de l’armée s’affrontent au cours d’un tournoi devant 5 000 spectateurs. Les vrais « Championships », eux, ne reprendront qu’en 1946, sans que le Centre Court ait pu être totalement réparé. Le premier vainqueur de l’après-guerre est le Français Yvon Petra. Le Comité du club rencontrera bien des difficultés à organiser cet événement dans le contexte de l’époque, notamment en raison du rationnement.
En 1979, les tribunes du Centre Court seront agrandies de 1 000 places, mais la plus grosse transformation aura lieu dans les années 2000, lorsqu’un toit rétractable sera installé. Inauguré en avril 2009, il mettra un terme aux célèbres « rain delays » londoniens.