10 novembre 1997 : Le jour où Andre Agassi a plongé à la 141e place mondiale
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 10 novembre 1997, Andre Agassi, 27 ans et déjà vainqueur de trois titres du Grand Chelem, plongeait à la 141e place mondiale. Son pire classement depuis onze ans.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : La chute d’Andre Agassi
Ce jour-là, le 10 novembre 1997, Andre Agassi, numéro 1 mondial dix-huit mois auparavant, atteint le point le plus bas de sa carrière lorsqu’il apparaît à la 141e place du classement ATP. En perte de motivation, Agassi n’a disputé que 13 tournois au cours de l’année, sans jamais parvenir en finale. L’Américain, trois fois titré en Grand Chelem, est sur le point de participer à des tournois Challenger pour reprendre confiance et remonter au sommet de sa discipline.
Le personnage : Andre Agassi, légende vacillante
Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, est une légende du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement l’une des plus grandes stars du tennis, grâce à son talent mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen.
Après trois défaites en finale de Grand Chelem, une à l’US Open en 1990, deux à Roland-Garros (1990 et 1991), il remporte son premier tournoi du Grand Chelem à Wimbledon en 1992, en en battant en finale le grand serveur Goran Ivanisevic (6-7, 6-4, 6-4, 1-6, 6-4).
Il ajoute ensuite l’US Open 1994 à son palmarès, puis l’Open d’Australie 1995, où il bat son rival Pete Sampras en finale de Grand Chelem pour la seule et unique fois (4-6, 6-1, 7-6, 6-4). Il devient numéro 1 mondial peu après, le 10 avril 1995, pour une première période de 30 semaines. En 1996 et 1997, malgré une médaille d’or obtenue aux Jeux olympiques d’Atlanta, Andre Agassi traverse une mauvaise passe et son classement est en chute libre.
L’histoire : mariage qui sombre et consommation de drogue
“Mon seul bon résultat en 1997 a été mon mariage avec Brooke Shields.” C’est ainsi qu’Andre Agassi résumera un jour sa saison 1997 catastrophique. Numéro 1 mondial en 1995 au cours d’une année fantastique, à côté de laquelle sa saison 1996 semblait déjà bien transparente, bien qu’il ait tout de même remporté deux Masters 1000 et une médaille d’or olympique aux Jeux d’Atlanta. Ses fans étaient déçus de voir Agassi terminer 1996 à la 8e place mondiale, mais le pire était encore à venir.
Début 1997, le Kid de Las Vegas semble plus préoccupé par son mariage avec Brooke Shields, prévu au mois d’avril, que par sa carrière. Il fait l’impasse sur l’Open d’Australie, puis sur Roland-Garros. Il ne participe qu’à 13 tournois, ne remportant que 11 matches, sans faire mieux qu’un huitième de finale disputé à l’US Open (perdu face au futur vainqueur, Patrick Rafter, 6-3, 7-6, 4-6, 6-3).
Ce qu’ignorent alors ses fans, c’est qu’Agassi ne lutte pas seulement avec son tennis. Dans son autobiographie, Open, publiée en 2009, il révèlera que lors de l’été 1997, il s’est mis à consommer de la méthamphétamine tandis que son mariage sombrait déjà. Il admettra même avoir été contrôlé positif et avoir menti à l’ATP pour éviter une suspension, en prétendant avoir bu par erreur dans le verre de l’un de ses assistants.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, dix-huit mois après sa dernière apparition au sommet du classement ATP, le 10 novembre 1997, Andre Agassi est le 141e joueur mondial. C’est son plus mauvais classement depuis…1986 : il était alors un adolescent de 16 ans découvrant le circuit.
Cependant, à ce moment-là, Agassi a déjà décidé de reprendre les choses en main. Il s’est trouvé au bord de la retraite, mais a finalement décidé de continuer à jouer, et de le faire à fond. Il entame son parcours par trois semaines d’entraînement intensif. Il perd 8 kilos. Le 10 novembre, son classement est certes au plus bas, mais le vainqueur de Wimbledon 1992 est affûté et prêt à disputer… un tournoi Challenger, à Las Vegas.
C’est un peu comme si Bruce Springsteen jouait au bar du coin
“Il m’a fallu pas mal de défaites avant que je me dise, ‘tu sais, j’ai encore faim et j’ai envie de m’y remettre’ », dit-il, selon le Los Angeles Times. Retrouver une star de cet acabit dans un tournoi Challenger est si difficile à croire que l’un des officiels déclare : « C’est un peu comme si Bruce Springsteen jouait au bar du coin.“
“Quel est le problème à ce que Bruce Springsteen joue au bar du coin ?”, écrira Agassi dans son livre. “Les journalistes disent que je fais preuve d’humilité, ça leur fait plaisir. Ils ne peuvent pas être plus éloignés de la vérité. Je suis content d’être là, c’est tout.“
A l’époque, l’ancien premier mondial ne cache pas ses ambitions.
“J’ai pris deux années sabbatiques, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas repartir dans l’autre sens et changer ma manière de travailler. Chaque match m’est important à présent.”
C’est ainsi que, au moment même où il paraissait toucher le fond, Agassi se préparait déjà à atteindre de nouveaux sommets.
La postérité du moment : “Le Kid” retrouve les sommets
Andre Agassi sera battu en finale du Challenger de Las Vegas, battu par le 202e mondial Christian Vinck (6-2, 7-5). Cette défaite n’affectera pas sa motivation : “Tout cela fait partie d’un grand plan d’entraînement. Mon jeu s’améliore de jour en jour.”
Deux semaines plus tard, il remportera son seul titre de l’année 1997, au Challenger de Burbank, aux dépens du 68e mondial Sargis Sargsian (6-2, 6-1). A l’issue de cette finale, le Kid de Las Vegas lancera un avertissement : « Ce n’est que le début. »
Douze mois plus tard, Agassi sera de retour dans le top 10. Deux ans plus tard, il sera à nouveau au sommet du tennis mondial, après avoir triomphé à sa troisième tentative en finale de Roland-Garros, et après avoir ajouté un deuxième US Open à son palmarès.