4 octobre 1994 : Le jour où Martina Hingis a fait une entrée remarquée sur le circuit professionnel
Martina Hingis a fait ses premiers pas sur le circuit professionnel le 4 octobre 1994, lors du tournoi de Zurich. Elle n’avait alors que 14 ans.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Hingis se dévoile
Ce jour-là, le 4 octobre 1994, Martina Hingis (alors âgée de 14 ans) fait ses débuts sur le circuit pro, invitée au tournoi de Zurich. Pour sa première apparition dans un tableau final de la WTA, elle domine la 45e mondiale, l’Américaine Patty Fendick (6-4, 6-3). Au tour suivant, la « Swiss Miss » sera battue par la 5e mondiale et finaliste du dernier Roland-Garros, Mary Pierce (6-0, 6-4), mais ce tournoi marque le début d’un parcours qui, en moins de trois ans, la mènera à la première place mondiale.
Les personnages : Martina Hingis et Patty Fendick
- Martina Hingis, déjà une belle promesse
Martina Hingis est née en 1980. Sa mère, Mélanie Molitor, l’a nommée ainsi en hommage à la championne Martina Navratilova. Entraînée par sa maman, elle est un phénomène de précocité, elle qui a triomphé à Roland-Garros juniors dès l’âge de douze ans. Elle est sur le point de faire ses débuts chez les pros à quatorze ans, mais n’a été autorisée à participer qu’à quinze tournois avant ses seize ans, une règle contre laquelle elle a d’ailleurs vivement protesté (« Comment est-ce que je pourrais arriver dans le top 10 en jouant aussi peu ? »). Son jeu tout en coordination se base sur un sens du jeu hors du commun et un toucher de balle incroyable. A ce moment de sa jeune carrière, on pointe encore du doigt son manque de puissance et la faiblesse de sa deuxième balle de service.
- Patty Fendick, adversaire expérimentée
Patty Fendick est née en 1965. Passée pro en 1987, elle a depuis remporté trois tournois sur le circuit, le plus important d’entre eux à Tokyo, en 1988, aux dépens de Stephanie Rehe (6-3, 7-5). Elle se hisse à la 19e place mondiale en mars 1989, et son meilleur résultat en Grand Chelem est un quart de finale disputé à l’Open d’Australie en 1990 (battue par Steffi Graf, 6-3, 7-5).
Le lieu : l’Open de Zurich
L’Open féminin de Zurich se déroule chaque automne, en Suisse, depuis 1984, au Hallenstadion, un complexe multi-fonctions. L’Open a été remporté à six reprises par la numéro 1 mondiale Steffi Graf et, en 1994, la tenante du titre est Manuela Maleeva-Fragnière.
L’histoire : belle victoire et grosse confiance en soi
Au début de l’Open de Zurich 1994, malgré la présence de la légende du tennis Martina Navratilova (tête de série n°1), l’attraction principale est une autre Martina, une Suissesse de 14 ans répondant au nom de Hingis. Du haut de ses 18 titres du Grand Chelem, Navratilova, dont le chien a à peu près le même âge que la prodige suisse, a bien remarqué qu’elle n’était pas le centre de l’attention. « Vous ne seriez pas là si Martina ne jouait pas », dit la légende aux journalistes. « Les gens ne sont pas venus me voir jouer, cela fait vingt ans qu’ils me voient. »
Hingis, alors classé 378e mondiale, fait sa première apparition sur le circuit principale devant 4 500 spectateurs et 240 journalistes venus voir évoluer le phénomène. Opposée à la 45e mondiale, l’Américaine Patty Fendick, elle commence timidement (0-2) mais elle se reprend rapidement pour recoller au score. A nouveau breakée à 3-3, Hingis enchaîne huit jeux d’affilée, pour mener 6-4, 5-0. Rattrapée alors par la tension, elle parvient néanmoins à conclure sa première victoire chez les pros (6-4, 6-3) en 72 minutes.
« Je n’avais rien à perdre, et j’ai fini par apprécier le moment. J’ai déjà battu des joueuses plus fortes, donc je n’étais pas vraiment étonnée de gagner », déclare Hingis, avec la petite touche d’arrogance qui la caractérisera lors des années à venir.
Fendick, sans enlever aucun mérite à son adversaire, exprime ses regrets en conférence de presse : « J’aurais aimé mieux jouer pour voir comment elle aurait réagi sous pression. »
La postérité du moment : Martina Hingis deviendra un monument du tennis
Au tour suivant, la jeune prodige s’inclinera face à la 5e mondiale, Mary Pierce (6-0, 6-4), qui est à quelques mois de remporter son premier titre du Grand Chelem à Melbourne. Plus jeune joueuse à gagner un match à l’Open d’Australie en 1995 elle sera 20e mondiale en mai 1996. Trois mois après son 16e anniversaire, elle sera déjà 6e mondiale, et en janvier 1997, elle deviendra la plus jeune gagnante en Grand Chelem de tous les temps, en battant Mary Pierce en finale de l’Open d’Australie (6-2, 6-2).
Au cours des mois suivants, elle remportera pas moins de 8 titres, dont Wimbledon (aux dépens de Jana Novotna, 2-6, 6-3, 6-3) et l’US Open (où elle bat Venus Williams, 6-0, 6-4), et elle atteindra la finale à Roland-Garros (battue par Iva Majoli, 6-4, 6-2). Ces résultats extraordinaires lui permettront de devenir la plus jeune joueuse de tous les temps à s’installer au sommet du classement WTA, au mois de mars, à l’âge de 16 ans et 3 mois.