27 août 1975 : Le jour où l’US Open est passé du gazon à la terre battue
Jusque-là disputé sur gazon, l’US Open a changé de surface en 1975, optant pour la terre battue. Une édition lors de laquelle les désormais incontournables night-sessions sont aussi apparues pour la première fois.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Le 27 août 1975, l’US Open démarre sous le signe du changement en introduisant deux innovations majeures. Pour la première fois, à Forest Hills, le Grand Chelem américain se dispute sur terre battue verte à la place du traditionnel gazon. Cette modification a été décidée après que de nombreux joueurs se soient plaints de la qualité des terrains en herbe les années passées.
Bill Talbert, directeur du tournoi, a également annoncé que certains matches pourraient être programmés la nuit, introduisant ainsi le fameux concept de night session. De plus, les matches du tableau masculin se disputent en deux sets gagnants jusqu’en huitièmes de finale, afin de désengorger la programmation de début du tournoi.
Le lieu : Forest Hills, théâtre de l’US Open
L’US Open (appelé US Nationals avant 1968 et le début de l’ère Open) a été créé en 1881. Bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été disputé sans la moindre interruption depuis ses débuts, le tournoi a changé de site à plusieurs reprises au fil des ans. Les premières éditions se sont déroulées sur les courts en herbe du Casino de Newport, sur Rhode Island, puis, en 1915, l’épreuve s’est installée à New York, au West Side Tennis Club, dans le quartier de Forest Hills.
L’histoire : Des innovations audacieuses… et judicieuses
Bill Talbert n’est pas aussi attaché à la tradition que peuvent l’être les membres du comité du All England Club, à Wimbledon. En 1970, il est le premier à mettre en place des tie breaks dans un tournoi majeur. En 1973, l’US Open est le premier à Grand Chelem à offrir la même rémunération aux hommes et aux femmes. En 1975, les organisateurs, qui n’ont pas peur d’innover, décident d’introduire deux principaux changements.
Le changement le plus évident concerne la surface : le gazon est abandonné au profit de la terre battue verte (aussi connue sous le nom de har tru, plus rapide que la terre rouge européenne). Les années précédentes, de nombreux joueurs avaient critiqué l’état des courts en herbe de Forest Hills, les trouvant trop mous et irréguliers, poussant ainsi Talbert à investir 240 000 dollars pour passer à la terre battue verte. C’est une décision audacieuse, si l’on considère qu’à l’exception de Jimmy Connors en 1974, tous les vainqueurs de l’US Open pratiquaient le service-volée.
« Il faudra être un joueur complet pour gagner le tournoi cette année », avait annoncé Talbert en juin 1975, à l’inauguration des nouveaux courts, d’après le New York Times. Le directeur du tournoi sait qu’il ne va pas faire plaisir à tout le monde avec cette petite révolution, mais il ne s’en préoccupe guère : « C’est l’US Open, que je considère comme le tournoi le plus important au monde, et je pense que chaque joueur devrait s’estimer privilégié de pouvoir y participer, quelle que soit la surface. »
Face à l’éventualité que les matches durent plus longtemps sur terre battue que sur gazon, il est également décidé que, jusqu’en huitièmes de finale, les matches se joueront au meilleur des trois manches.
L’autre nouveauté majeure de cet US Open 1975 est l’apparition des matches nocturnes. Selon Paul Fein, cité par vice.com, « des millions de gens travaillant de 9h à 17h ne pouvaient pas assister aux matches. C’était une idée brillante que de rendre ainsi le sport accessible aux masses. »
Les premiers joueurs à jouer dans le cadre de ce que l’on appellera par la suite « night session » sont l’Américain Stan Smith et le Néo-Zélandais Onny Parun. A l’issue d’un premier tour de l’US Open révolutionnaire, disputé à la fois sur terre battue verte, sous les projecteurs, et en deux sets gagnants, Parun prend le dessus sur le vainqueur de l’US Open 1971, 6-4, 6-2, devant 5 000 noctambules. L’initiative est plébiscitée par le public.
Postérité du moment : Les night sessions sont entrées dans les mœurs
C’est un spécialiste de la terre battue, Manuel Orantes, qui remportera l’US Open 1975, aux dépens de Jimmy Connors (6-4, 6-3, 6-3).
L’US Open ne se disputera sur terre battue que trois ans, jusqu’à ce que le tournoi déménage à Flushing Meadows en 1978 et adopte les courts en dur. Ce dernier changement de surface permettra à Jimmy Connors de gagner l’US Open sur trois surfaces différentes, exploit qu’il est le seul à avoir réalisé.
Les night sessions, acclamées par les fans, deviendront la marque de fabrique de l’US Open, produisant certains des matches les plus dramatiques de l’histoire du tennis. En 1988, l’Open d’Australie suivra la même voie en programmant à son tour des sessions nocturnes. Roland-Garros s’y mettra en 2021 après la pose d’un toit sur le court Philippe-Chatrier, tandis que Wimbledon reste soumis à un couvre-feu (23h).
Au fil des ans, l’US Open continuera à innover. En 1978, ce sera le premier tournoi du Grand Chelem à se jouer sur dur. En 1984, on y instaurera le Super Saturday, la finale dames et les deux demi-finales hommes se disputant le même jour. En 2006, l’US Open sera aussi le premier tournoi majeur à faire appel au système d’arbitrage Hawk Eye.