2 janvier 1980 : le jour où Guillermo Vilas a remporté son dernier titre du Grand Chelem
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 2 janvier 1980, l’Argentin Guillermo Vilas, vainqueur de l’Open d’Australie, remporte son quatrième et dernier titre du Grand Chelem.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Ce jour-là, le 2 janvier 1980, Guillermo Vilas remporte son quatrième et dernier titre du Grand Chelem, en battant le sanguin John Sadri en finale de l’Open d’Australie 1979 (7-6, 6-3, 6-2), sur gazon. C’est le deuxième succès consécutif de l’Argentin à Melbourne, ce qui paraît surprenant pour un spécialiste de la terre battue, mais à cette époque, le tableau de l’Open d’Australie est loin d’être aussi relevé que celui de Wimbledon.
Les acteurs : Guillermo Vilas et John Sadri
• Guillermo Vilas : spécialiste de la terre battue… et de l’Open d’Australie
L’Argentin Guillermo Vilas est né en 1962. Il se fait connaître en 1974, remportant sept tournois, dont le Masters de fin d’année, où il bat Ilie Nastase en finale (7-6, 6-2, 3-6, 6-4), sur gazon. C’est d’ailleurs le seul titre qu’il gagne sur une surface autre que la terre battue, où son jeu est le plus efficace.
Gaucher, Vilas est l’un des premiers joueurs à imprimer un énorme lift en coup droit comme en revers. En 1975, il parvient en finale de Roland-Garros, où il s’incline face à Björn Borg, seul joueur à pouvoir le défier du fond de court (6-2, 6-3, 6-4). Après deux défaites en finale de l’US Open en 1975 et 1976, Vilas atteint le sommet de sa forme en 1977. Cette année-là, il domine le tennis mondial, remportant 16 titres, en s’imposant à Roland-Garros (écrasant en en finale Brian Gottfried, 6-0, 6-3, 6-0) et à Forest Hills, où il bat le favori du public, Jimmy Connors (2-6, 6-3, 7-6, 6-0).
De plus, il parvient en finale de l’Open d’Australie, sur gazon, où il est battu par Roscoe Tanner (6-3, 6-3, 6-3). Il établit également un record qui demeurera intouchable pendant près de trente ans et l’arrivée de Rafael Nadal : une série de 53 victoires consécutives sur terre battue. Malgré ses résultats fantastiques, Vilas n’atteint jamais la première place mondiale, ce qui sera par la suite à l’origine de nombreuses controverses au sujet du système de classement. Sa quête fera l’objet d’un documentaire Netflix tendant à prouver qu’il a été lésé au bénéfice des Américains et de Jimmy Connors.
En 1978, Vilas est à nouveau battu par Borg en finale de Roland-Garros (il subit une lourde défaite, 6-1, 6-1, 6-3), mais il parvient à s’adjuger un nouveau titre du Grand Chelem, en dominant John Marks en finale de l’Open d’Australie (6-4, 6-4, 3-6, 6-3). Sa saison 1979 est décevante, il n’obtient aucun résultat marquant en Grand Chelem et lorsqu’arrive le mois de décembre, il est classé en-dehors du top 5 depuis plusieurs mois, ce qui ne lui était pas arrivé depuis 1974.
• John Sadri, le gros serveur
L’Américain John Sadri, né en 1956, est surtout connu pour son puissant service et son terrible comportement sur le court. En 1978, il dispute la finale des championnats universitaires américains, où il est battu par John McEnroe (7-6, 7-6, 5-7, 7-6), et en 1979, son meilleur résultat est une demi-finale atteinte à Tokyo (éliminé par Terri Moor, 6-4, 6-1). À l’entame de l’Open d’Australie, il est 45e mondial.
Le lieu : Kooyong, stade de l’Open d’Australie à Melbourne
Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne, au stade de Kooyong, en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaïde, Brisbane et Perth.
Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison. Dans les années 1970, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants.
Le tournoi se dispute sur gazon, comme Wimbledon.
L’histoire : en l’absence des cadors du circuit, Vilas conserve son titre
En 1979, Guillermo Vilas a joué sa plus mauvaise saison depuis 1973. Il n’a gagné que trois tournois, et son meilleur résultat en Grand Chelem est un quart de finale disputé à Roland-Garros. À présent 6e mondial, il peut encore sauver son année en conservant son titre à l’Open d’Australie. Bien que son style de jeu soit plutôt adapté à la terre battue, l’Argentin est le favori du tournoi, dont il est la tête de série numéro 1, tandis que la tête de série numéro 2, John Alexander, n’est que 18e mondial.
Le tenant du titre se fraye un chemin en finale, après avoir été poussé dans ses retranchements au stade des quarts de finale contre le finaliste de l’édition 1974, Phil Dent (6-2, 3-6, 7-6, 4-6, 6-2).
Il y a des gens qui naissent stupides
Guillermo Vilas sur son adversaire John Sadri
Le 2 janvier, en finale, il affronte l’Américain John Sadri, qui s’est fait remarquer toute la semaine par son attitude détestable. À l’issue de sa demi-finale contre Colin Dibley, il reçoit une amende pour gestes et langage obscènes, ainsi que pour avoir démoli une glacière d’un coup de raquette.
Malgré un premier set serré, remporté 7-6 par Vilas, l’Argentin surclasse ensuite Sadri, 6-3, 6-2, dans les deux manches suivantes. L’Américain se distingue à nouveau en faisant un doigt d’honneur à son adversaire, qui lui retourne très calmement le geste.
« Il y a des gens qui naissent stupides », commente ensuite Vilas, d’après le New York Times. « S’il fait ce genre de choses, il est peut-être drôle, mais il va falloir qu’il fasse un peu mieux que ça pour me faire rire. »
La postérité du moment : encore quelques bonnes années pour Vilas
Guillermo Vilas disputera sa dernière finale de Grand Chelem à Roland-Garros, en 1982, où il sera battu par Mats Wilander (1-6, 7-6, 6-0, 6-4), et en 1981, il mènera son équipe en finale de la Coupe Davis (victoire des États-Unis).
Il réussira une dernière belle performance en Grand Chelem à Paris, en 1986, se hissant jusqu’en quarts de finale (éliminé par Johan Kriek, 3-6, 7-6, 7-6, 7-6).
John Sadri remportera le premier des deux titres de sa carrière la semaine suivante, à Auckland, aux dépens de Tim Wilkison (6-4, 3-6, 6-3, 6-4). Il atteindra la 14e place mondiale en 1980, année où il sera battu par Vilas en quart de finale de l’Open d’Australie.
Grâce à son service, Sadri se hissera une dernière fois en quart de finale d’un tournoi majeur à Wimbledon en 1984, battu par John McEnroe (6-3, 6-3, 6-1).