1er février 2004 : Le jour où Roger Federer a remporté son premier Open d’Australie
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 1er février 2004, Roger Federer, déjà assuré de devenir numéro 1 mondial pour la première fois, remporte son premier Open d’Australie.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : assuré de devenir numéro 1 mondial pour la première fois, Roger Federer remporte l’Open d’Australie
Ce jour-là, le 1er février 2004, Roger Federer, qui s’était assuré la première place mondiale en se qualifiant pour la finale de l’Open d’Australie, commence son règne avec la manière, en battant Marat Safin (7-6, 6-4, 6-2) pour s’adjuger un deuxième titre du Grand Chelem. Le Suisse restera au sommet sans interruption pendant 237 semaines, jusqu’au mois d’août 2008 (renversé par Rafael Nadal), établissant ainsi un record absolu.
Les acteurs : Roger Federer et Marat Safin
- Roger Federer, futur numéro un mondial
Roger Federer, né en 1981, fait partie depuis quelque temps des leaders du circuit. Dès ses premiers pas sur le circuit, Federer obtient de bons résultats ; son tennis de rêve épate le monde du tennis et très vite, on voit en lui le futur numéro 1 mondial. Les attentes augmentent encore lorsque, à l’âge de 19 ans, il bat, chez lui, sur le Centre Court, le septuple champion de Wimbledon, Pete Sampras en personne, en huitièmes de finale du tournoi 2001 (7-6 5-7 6-4 6-7 7-5). Cependant, le jeune Roger est très émotif et ne gère pas très bien cette pression qu’il porte sur les épaules.
Il entre dans le top 10 en juin 2002, mais ses résultats dans les grands événements ne sont pas encore à la hauteur de son talent : lors de ses seize premiers tournois du Grand Chelem, pas une seule fois il n’atteint les quarts de finale. Sa plus grande déception se produit au premier tour de Roland-Garros en 2003, lorsqu’il s’incline en trois petits sets contre Luis Horna, 88e mondial, après un match indigne de son potentiel. Cette défaite éveille peut-être en lui la fibre du champion : un mois plus tard, il remporte son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon, venant à bout de Mark Philippoussis en finale, (7-6, 6-2, 7-6).
Sa confiance et sa mainmise sur le circuit grandissent inexorablement, malgré une défaite précoce à l’US Open. En finale du Masters 2003, il donne une véritable leçon à Andre Agassi (6-3, 6-0, 6-4), et bien qu’il termine la saison à la 2e place mondiale, derrière Andy Roddick, la plupart des connaisseurs s’accordent à dire que ce n’est qu’une question de mois avant qu’il ne devienne numéro 1.
- Marat Safin, ancien numéro un sur le recul
Le Russe Marat Safin est né en 1980. Il obtient son premier grand résultat à Roland-Garros en 1998 : classé à la 116e place mondiale, il s’extrait des qualifications pour battre au premier tour l’ancien n°1 mondial, Andre Agassi (5-7, 7-5, 6-2, 3-6, 6-2). Au tour suivant, le jeune homme de 18 ans élimine le 8e mondial et tenant du titre, Gustavo Kuerten (3-6, 7-6, 3-6, 6-1, 6-4), et ne s’incline que sur le fil face à Cédric Pioline en huitièmes de finale (7-5, 4-6, 6-7, 6-4, 6-4). En 1999, il remporte son premier titre, à Boston, aux dépens de Greg Rusedski (6-4, 7-6), et atteint la finale du Masters 1000 de Bercy (battu par Agassi, 7-6, 6-2, 4-6, 6-4).
Il atteint son apogée en 2000, lorsqu’il remporte son premier titre du Grand Chelem, à l’US Open (en battant en finale Pete Sampras, 6-4, 6-3, 6-3), avant de devenir au mois de novembre le plus jeune n°1 mondial de l’histoire du tennis (record battu ensuite par Lleyton Hewitt en 2001). Il ne reste alors que deux semaines au sommet, dépassé au dernier moment par Gustavo Kuerten qui l’empêche de terminer la saison en tant que premier mondial. Il ne connaît pas autant de succès en 2001, et, même s’il parvient en demi-finale de l’US Open (battu par Sampras, 6-3, 7-6, 6-3) et remporte le tournoi de Bercy aux dépens d’Hewitt (7-6, 6-0, 6-4), il termine la saison en-dehors du top 10 (11e mondial). En 2002, il reste l’un des meilleurs joueurs au monde, mais il subit plusieurs déceptions, notamment une surprenante défaite en finale de l’Open d’Australie face à Thomas Johansson (3-6, 6-4, 6-4, 7-6) ainsi qu’une véritable déroute face à Ferrero en demi-finale de Roland-Garros (6-3, 6-2, 6-4).
Il termine l’année à la 4e place mondiale et emmène l’équipe de Russie jusqu’à la victoire en Coupe Davis, mais sa saison 2003 est ruinée par les blessures. N’ayant disputé qu’un seul tournoi du Grand Chelem, il plonge en fin d’année à la 77e place mondiale.
Le lieu : l’Open d’Australie
Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adélaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison.
Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants, mais à partir de la victoire de Mats Wilander, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (qui sera plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur, et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable. La dotation augmente également, et il ne faut alors que quelques années pour que l’Open d’Australie devienne le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs.
L’histoire : première place mondiale et Open d’Australie… En pleine ascension, Federer fait coup double
À l’entame de l’Open d’Australie 2004, Roger Federer et Safin sont à des moments très différents de leurs carrières. Le Suisse a remporté son premier titre majeur en 2003, et, après une prestation impressionnante au Masters, où il a infligé à Agassi l’une de ses plus sévères défaites, il semble parti pour devenir numéro 1 mondial. À Melbourne, il parvient effectivement au sommet du classement en battant Juan Carlos Ferrero en demi-finale (6-4, 6-1, 6-4). Preuve de sa nouvelle solidité, il élimine également David Nalbandian, qu’il n’avait battu qu’une fois lors de leurs six premières rencontres, en quarts de finale (7-5, 6-4, 5-7, 6-3).
De son côté, le Russe n’a joué que 25 matches au cours d’une saison 2003 gâchée par les blessures. 86e mondial, son parcours jusqu’à la finale est plus que mouvementé, mais il a mis les choses au clair : son classement ne reflète pas du tout son niveau de jeu. Après une bagarre de cinq sets contre Todd Martin au troisième tour (7-5, 1-6, 4-6, 6-0, 7-5), il élimine en quarts de finale le numéro 1 mondial, Andy Roddick (2-6, 6-3, 7-5, 6-7, 6-4), et en demi-finale, il dispute un match amené à devenir un classique face à Agassi (7-6, 7-6, 5-7, 1-6, 6-3).
La finale entre ces deux joueurs très talentueux s’annonce prometteuse. « Marat est un mec bien et nous sommes tous heureux de le voir de retour, même si nous sommes aussi un peu effrayés », déclare Federer en amont de la rencontre. Sur le papier, le public peut s’attendre à du grand spectacle…à condition que Safin ait récupéré de ses trois matchs en cinq sets. Malheureusement pour lui, ainsi que pour les spectateurs, il est rattrapé par la fatigue, et, après un premier set serré mais perdu 7-6, il s’effondre et est surclassé 6-4, 6-2 dans les deux manches suivantes.
“Je suis heureux d’être à nouveau en finale et d’avoir joué mon meilleur tennis après les blessures de l’année dernière”, déclare-t-il à la foule. “Je suis vraiment désolé, j’étais à bout de forces aujourd’hui.”
“Quel beau début d’année”, déclare Federer. “Gagner l’Open d’Australie et devenir numéro un mondial est un rêve devenu réalité.”
Selon le New York Times, le nouveau numéro 1 mondial explique également : “Je trouvais que je jouais bien, en gros, dès le premier tour. Normalement, il y a toujours des difficultés au début, mais je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir joué un seul match pendant ces deux semaines où je me suis dit : ‘Je ne sens pas bien la balle'”.
Alors que les huit tournois du Grand Chelem précédents avaient été gagnés par huit joueurs différents, le second succès de Federer en moins de six mois suggère qu’il s’apprête peut-être à prendre les commandes pour un moment. « Mon objectif est de rester numéro 1 aussi longtemps que possible », dit-il.
La postérité du moment : Safin prendra sa revanche l’année suivante
Non seulement Federer restera numéro 1 aussi longtemps que possible, mais il établira même de nouveaux records en restant en tête du classement pendant 310 semaines au total, dont 237 semaines consécutives entre 2004 et 2008. Il établira également un record en Grand Chelem, en détenant pas moins de 20 titres. En 2004, il ajoutera deux titres majeurs à son palmarès, en défendant son titre à Wimbledon (en battant Roddick en finale, 4-6, 7-5, 7-6, 6-4) et en remportant un premier titre à l’US Open (en battant Hewitt en finale, 6-0, 7-6, 6-0).
Le match classique de l’Open d’Australie entre Federer et Safin, qui n’a pas eu lieu en finale en 2004, aura lieu un an plus tard, en demi-finale. Le Russe dominera Federer sur le fil, après avoir sauvé une balle de match (5-7, 6-4, 5-7, 7-6, 9-7), avant de remporter son deuxième et dernier titre du Grand Chelem, en battant le héros local, Lleyton Hewitt, en finale (1-6, 6-3, 6-4, 6-4).