18 décembre 1995 : le jour où Stefan Edberg a annoncé sa retraite
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 18 décembre 1995, le monument Stefan Edberg, ancien numéro 1 mondial 6 fois titré en Grand Chelem, annonce sa retraite à venir après une dernière saison sous forme de tournée d’adieux.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Le départ d’une légende
Ce jour-là, le 18 décembre 1995, le légendaire champion suédois Stefan Edberg annonce qu’il prendra sa retraite à l’issue de la saison suivante. Après avoir remporté 6 titres du Grand Chelem, occupé la première place 72 semaines durant, et avoir été également numéro 1 mondial en double, il ne se sent plus en mesure d’ajouter de nouveaux titres majeurs à son palmarès, et a décidé de faire une tournée d’adieux en 1996. L’un des derniers serveurs-volleyeurs à atteindre les sommets, son départ marquera le monde du tennis et ses fans regretteront à la fois son style et son fair-play irréprochable. De plus, son départ à la retraite marque la fin d’une époque dorée pour le tennis suédois, qu’il personnalisait à la suite de Björn Borg et Mats Wilander.
Le personnages : Stefan Edberg, l’esthète
Stefan Edberg est né en 1966. Déjà très fort chez les juniors où il a réalisé le Grand Chelem en 1983, il a pourtant failli arrêter le tennis la même année, à 17 ans, après que l’un de ses services a accidentellement tué un juge de ligne à New York. Il n’a probablement jamais regretté d’avoir continué. Dès 1985, quelques mois après la révélation de Boris Becker à Wimbledon, Stefan Edberg s’adjuge son premier Grand Chelem, lui aussi sur gazon, à l’Open d’Australie, venant à bout de son compatriote Mats Wilander en finale (6-4, 6-3, 6-3). Le tournoi, dont les dates s’apprêtent à changer, n’a pas lieu en 1986 et Edberg parvient à conserver son titre en 1987 aux dépens du favori local Pat Cash (6-3, 6-4, 3-6, 5-7, 6-3). En 1988, il remporte Wimbledon en battant Boris Becker (4-6, 7-6, 6-4, 6-2) à l’issue d’une finale qui marque le début de l’une des rivalités les plus populaires du tennis. En 1989, Stefan Edberg perd confiance après avoir perdu deux finales majeures à la suite : la première à Roland-Garros, où il est battu par Michael Chang (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2) à l’issue d’un crève-cœur où il manque 10 balles de break au quatrième set, et la deuxième à Wimbledon, où son rival Boris Becker prend une revanche brutale sur la finale de l’an passé (6-0, 7-6, 6-4). En 1990, en finale de l’Open d’Australie, touché aux abdominaux, il est contraint à l’abandon au deuxième set de son match contre Ivan Lendl.
Après une nouvelle déception à Roland-Garros où il est éliminé d’entrée, il redevient le maître des lieux à Wimbledon, prenant le dessus sur Becker lors de leur troisième finale consécutive au All England Club (6-2, 6-2, 3-6, 3-6, 6-4), et quelques semaines plus tard, il devient numéro 1 mondial pour la première fois. En 1991, à la lutte avec Becker pour la première place mondiale, il s’impose pour la première fois à l’US Open, réalisant un chef d’œuvre en finale pour écraser Jim Courier, 6-2, 6-4, 6-0. L’Américain prend sa revanche à l’Open d’Australie et devient le nouveau concurrent d’Edberg pour siéger au sommet du classement. À l’US Open 1992, le Suédois conserve son titre à l’issue d’un parcours héroïque, remportant trois matches en cinq sets consécutifs face à Ivan Lendl, Richard Krajicek et Michael Chang, en remontant à chaque fois un break de retard au dernier set. Son combat de cinq heures et vingt-six minutes contre Chang est le match le plus long de l’histoire du tournoi. Il ne le sait pas encore, mais ce sera son dernier succès en Grand Chelem. En 1993, il dispute la finale d’un tournoi majeur pour la dernière fois, battu par Jim Courier en finale de l’Open d’Australie (6-2, 6-1, 2-6, 7-5), et, un an plus tard, c’est également à Melbourne qu’il disputera sa dernière demi-finale de Grand Chelem (éliminé par Todd Martin, 3-6, 7-6, 7-6, 7-6). Malgré ce bon départ, 1994 marque le début du déclin d’Edberg, symbolisé par son étonnante défaite au deuxième tour de Wimbledon (face à Kenneth Carlsen, 6-7, 6-7, 6-2, 6-4, 6-4). Pour la première fois en dix ans, le Suédois termine l’année en-dehors du top 5 (7e mondial). La situation ne s’améliore pas en 1995 : malgré le gain de son dernier titre ATP à Doha, il ne dépasse pas les huitièmes de finale en Grand Chelem, et ce pour la première fois depuis 1983. À la fin de la saison, il est descendu à la 23e place mondiale.
L’histoire : hors du Top 10, souffrant du dos, Edberg ne se sent plus capable de briller en Grand Chelem
En 1995, Stefan Edberg a vécu sa pire année sur le circuit. Il n’est plus aussi rapide pour venir au filet, et son dos le fait souffrir, ce qui diminue la qualité de son service, tandis que ses adversaires, aidés par l’évolution du matériel, retournent de mieux en mieux. En Grand Chelem, le Suédois n’a pas réussi à dépasser les huitièmes de finale, ce qui ne lui était pas arrivé depuis sa première saison chez les pros, douze ans plus tôt. Après plus de dix années dans le top 10, le voilà à présent 23e mondial, mais ce n’est rien comparé aux déceptions qu’il a connues à Wimbledon, son tournoi fétiche, où il s’est incliné prématurément en 1994 et en 1995 contre des joueurs classés au-delà de la 100e place mondiale (Kenneth Carlsen et Dick Norman).
Alors qu’il ne sent plus capable de jouer les premiers rôles en Grand Chelem, l’ancien numéro 1 mondial décide alors de mettre un terme à sa carrière, non sans faire une tournée d’adieux en 1996.
Je me suis dit qu’il valait mieux annoncer ma décision dès maintenant. tout le monde ne cesse de me demander quand est-ce que j’arrête.
Stefan Edberg
« Ma philosophie a toujours été de vouloir rester au top aussi longtemps que possible, mais il semble que pour ça, j’aurais besoin d’un bien meilleur service que celui dont je dispose aujourd’hui », explique Edberg.
« Je me suis dit qu’il valait mieux annoncer ma décision dès maintenant. Tout le monde ne cesse de me demander quand est-ce que j’arrête. Ce sera dans un an, que je sois 2e ou 100e Mondial. (…) Je vais essayer de remonter dans le top 10. Ce sera l’un de mes objectifs, avec les tournois du Grand Chelem et le simple fait de produire du bon tennis. C’est comme ça que je veux finir, sur une bonne note, parce que je ne veux pas vivre un long déclin. »
En plus de vouloir saluer ses fans tout autour du globe, Edberg, qui n’a pas raté le moindre tournoi du Grand Chelem depuis 1983, a également l’intention de récolter de l’argent pour la fondation qu’il vient de créer, destinée à aider les jeunes joueurs de tennis suédois.
« Je vais demander à chacun des tournois que je joue de faire un petit don, ou même un gros s’ils le veulent », déclare Edberg.
La postérité du moment : Une triste conclusion
En 1996, Stefan Edberg regrettera cette annonce précoce et la pression qu’elle mettra sur ses épaules à chaque tournoi.
« À dire vrai, je ne recommanderais à personne de le faire, même si c’est quelque chose d’agréable à faire, parce que cela vous met trop la pression et que vous aurez trop de choses en tête”, dira Edberg à The Tennis Podcast plus de 20 après. “C’est très difficile à gérer, mais à la fois, ce fut une année mémorable. Mais je ne le conseillerais pas. »`
Lors de sa dernière saison, Edberg remontera à la 14e place mondiale, atteignant les huitièmes de finale de Roland-Garros après une victoire en forme de revanche contre Michael Chang, et à l’US Open, il ira jusqu’en quarts de finale (défait par Goran Ivanisevic, 6-3, 6-4, 7-6). Il disputera son dernier tournoi à Stockholm, où il s’inclinera au premier tour face à son compatriote Nicklas Kulti (7-6, 6-3). La carrière d’Edberg s’achèvera tristement, puisqu’il se foulera la cheville au premier jour de la finale de la Coupe Davis, quittant le court sur une chaise roulante à l’issue de sa défaite contre le Français Cédric Pioline (6-3, 6-4, 6-3).