4 septembre 1992 : Le jour où Jimmy Connors a disputé son dernier US Open

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 4 septembre 1992, à 40 ans, Jimmy Connors a joué le dernier match de sa carrière à l’US Open, son tournoi favori.

Jimmy Connors

Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Ce jour-là, le 4 septembre 1992, Jimmy Connors, 40 ans, dispute ce qui restera comme le dernier match de sa carrière à l’US Open. Pour sa dernière apparition, il est éliminé à l’issue d’une bataille de légendes contre un autre ancien numéro 1 mondial, Ivan Lendl, alors âgé de 32 ans (3-6, 6-3, 6-2, 6-0). C’est la 22e participation de Connors à l’US Open, lui qui n’a raté qu’une seule édition du tournoi depuis 1970, et c’est aussi la 35e rencontre entre les deux hommes.

Les acteurs

  • Jimmy Connors, précurseur du jeu à plat

Jimmy Connors, né en 1952, est l’un des plus grands joueurs de son temps. Coaché depuis toujours par sa mère, Gloria, Connors est l’un des premiers joueurs à jouer à plat et en cadence depuis la ligne de fond de court. Sa manière de frapper la balle montante inspirera beaucoup les futures générations de joueurs. « Jimbo », passé pro en 1972 à vingt ans, est devenu numéro 1 mondial dès 1974. Cette année-là, il avait gagné trois des quatre tournois du Grand Chelem, et avait été interdit de participation à Roland-Garros, le quatrième tournoi, en raison d’une procédure judiciaire qu’il avait lancée contre l’ATP.

Il est resté numéro 1 mondial pendant une durée record de 160 semaines consécutives, entre 1974 et 1977. Après avoir cédé son trône à Björn Borg le 23 août 1977, pour une semaine seulement (!), il l’avait récupéré pour 84 semaines supplémentaires, jusqu’au printemps 1979. Au total, Connors a occupé la première place mondiale 268 semaines durant, un record établi en 1983 et battu en 1990 par Ivan Lendl (puis par Pete Sampras, Roger Federer et Novak Djokovic).

De 1979 à 1981, Connors n’est pas aussi performant que lors de ses meilleures années, n’atteignant pas la moindre finale de Grand Chelem. Il s’accroche et finit par s’imposer à nouveau en Grand Chelem et à redevenir numéro 1 mondial, en 1982 et 1983, remportant trois titres majeurs de plus : Wimbledon 1982, puis l’US Open en 1982 et 1983. Il se maintient ensuite dans le top 10 jusqu’en avril 1989, alors âgé de 37 ans.

Au crépuscule de sa longue carrière, il détient le record de 109 titres accumulés sur le circuit. Il a remporté huit tournois du Grand Chelem : l’Open d’Australie (1974), Wimbledon (1974, 1982) et l’US Open (1974, 1976, 1978, 1982, 1983).

  • Ivan Lendl, un monstre de travail

Né en 1960, Ivan Lendl est numéro 7 mondial en septembre 1992. Passé pro en 1978, il se pose dès 1980 comme l’un des quatre meilleurs joueurs au monde avec Björn Borg, John McEnroe et Jimmy Connors. Bien qu’il ait déjà remporté des dizaines de tournois ATP, dont le Masters 1981 en venant à bout de Vitas Gerulaitis (6-7, 2-6, 7-6, 6-2, 6-4), il ne parvient pas à décrocher un titre du Grand Chelem avant 1984. A vrai dire, il a échoué à quatre reprises en finale,  une fois à Roland-Garros (en 1981, battu par Björn Borg), deux fois à l’US Open (battu par Jimmy Connors, en 1982 et 1983) et une en Australie (battu par Mats Wilander en 1983).

En 1984, Lendl triomphe finalement à Roland-Garros en venant à bout de John McEnroe à l’issue d’une finale légendaire où il surmonte un handicap de deux sets. En 1985, il atteint la finale des Internationaux de France (battu une nouvelle fois par Wilander) mais à l’US Open, quelques semaines après être redevenu numéro 1 mondial, il décroche un deuxième titre du Grand Chelem aux dépens de John McEnroe (7-6 6-3 6-4).

Au cours des années suivantes, Lendl assoit sa domination sur le tennis mondial, s’adjugeant six tournois du Grand Chelem : Roland-Garros (1986, 1987), l’US Open (1986, 1987) et l’Open d’Australie (1989, 1990). Il ne parvient pas à triompher à Wimbledon, bien qu’il y atteigne la finale à deux reprises, en 1986 (battu par le jeune tenant du titre, Boris Becker, 6-4, 6-3, 7-5), et en 1987 (dominé par Pat Cash, 7-6, 6-2, 7-5).

Au début des années 1990, la domination de Lendl s’arrête mais il demeure un solide joueur du top 10. Ivan Lendl redéfinit les standards du jeu de fond de court, avec un coup droit lifté très puissant qui lui permet d’être à la fois agressif et extrêmement régulier, poussant ses adversaires à un rude combat physique. Il redéfinit également les standards en termes de préparation, s’entraînant plus que quiconque auparavant, bien plus soucieux de sa condition physique et de son alimentation que n’avaient l’habitude de l’être les joueurs de l’époque.

Le lieu : l’US Open, à Flushing Meadows

L’US Open (appelé US Nationals avant 1968 et le début de l’Ère Open) a été créé en 1881. Bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été disputé sans la moindre interruption depuis ses débuts, le tournoi a changé de site à plusieurs reprises au fil des ans.

Les premières éditions se déroulent sur les courts en herbe du Casino de Newport, à Rhode Island, puis, en 1915, l’épreuve s’installe à New-York, au West Side Tennis Club, dans le quartier de Forest Hills,  jusqu’en 1977 (avec une parenthèse de 1921 à 1923, où les joueurs s’affrontent à Philadelphie). De 1975 à 1977, le tournoi se dispute sur terre battue.

En 1978, l’US Open quitte le West Side Tennis Club, désormais trop petit pour accueillir un événement d’une telle importance, pour l’USTA National Tennis Center, situé à Flushing Meadows, à New-York. Par la même occasion, le tournoi se dispute à présent sur surface dur. Le court central du Billie Jean King National Tennis Center, le stadium Louis Armstrong est le plus grand court du monde, avec une capacité de plus de 23 000 places.

L’histoire : Lendl fait craquer Connors physiquement

En 1992, le choc du deuxième tour entre le quadragénaire Jimmy Connors et le trentenaire Ivan Lendl ressemble à un remake d’une finale de l’US Open du début des années 1980. De fait, l’Américain avait privé le Tchécoslovaque de titre à deux reprises, en 1982 et 1983. Près de dix ans ont passé et depuis, Lendl, qui est toujours 7e mondial, a battu Connors, à présent 33e, lors de leurs seize derniers duels, n’ayant plus perdu contre l’Américain depuis 1984.

Pourtant, au premier set, un Jimbo des grands jours laisse croire à la foule qu’il est capable de reproduire son épopée de 1991, qui l’avait conduit en demi-finales. Prenant le service de son adversaire dès le quatrième jeu, il conserve cet avantage et empoche la première manche, 6-3. Lendl ne change rien à son plan de jeu habituel contre Connors : ne donner aucun rythme, usant de son revers slicé pour ralentir les échanges et user son adversaire physiquement.

Une fois de plus, cette stratégie montre son efficacité, et, malgré la perte du premier set, le Tchécoslovaque – nationalisé Américain lors de cette même année 1992 – fait cuire Connors à petit feu, remportant 15 des 17 derniers jeux pour boucler sa victoire 6-0 au quatrième set. Au total, Lendl a servi 12 aces et frappé 41 coups gagnants.

Il (Ivan Lendl) n’a fait que pousser la balle. Il est bien loin de son meilleur niveau.

Jimmy Connors

Lors de la conférence de presse qui suit, Jimbo, comme à son habitude, glisse un « compliment » à son vainqueur du jour (selon le Los Angeles Times) : « Il n’a fait que pousser la balle. Il est bien loin de son meilleur  niveau. »

https://www.youtube.com/watch?v=ZdzjdM0OpZ4

La réponse de Lendl, rapportée par le New York Times, est simple et honnête. « C’est ainsi que j’ai joué contre Jimmy depuis longtemps, et ça a plutôt bien marché pour moi, disons, ces huit dernières années (c’était alors sa 17e victoire de suite contre Connors, ndlr). »

Malgré ses 40 ans, Connors déclare avoir l’intention de participer au moins à Wimbledon et à l’US Open en 1993. « J’aurais pu battre beaucoup de joueurs ce soir », dit-il. « Lendl n’en faisait pas partie, c’est tout. »

C’est la défaite la plus précoce de Connors à l’US Open depuis 1972 et une élimination au premier tour face à Tom Gorman. Entre-temps, Jimbo avait remporté le tournoi à cinq reprises (sur trois surfaces différentes, le gazon, la terre battue verte et le ciment), perdu deux fois en finale et atteint les demi-finales à six reprises.

La postérité du moment : le Déclin d’Ivan Lendl, bientôt retraité

Ivan Lendl poursuivra sa route jusqu’en quarts de finale de l’US Open 1992, seulement battu en cinq sets par le futur vainqueur du tournoi, Stefan Edberg (6-3, 6-3, 3-6, 5-7, 7-6). Ce sera d’ailleurs la dernière fois qu’il atteindra les quarts de finale d’un tournoi majeur : poursuivant son déclin, il prendra sa retraite à la fin de la saison 1994.

Bien que Connors ait déclaré vouloir revenir en 1993, cette défaite contre Lendl au deuxième tour restera finalement son dernier match à l’US Open, et sa dernière apparition en Grand Chelem. Jimbo ne prendra pas officiellement sa retraite mais n’apparaîtra que très rarement en 1993, et ne jouera que trois tournois en 1994.

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