8 juillet 2006 : Le jour où Mauresmo est devenue la première française depuis Lenglen à gagner Wimbledon
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 8 juillet 2006, Amélie Mauresmo remporte son deuxième titre du Grand Chelem. Grâce à son sacre à Wimbledon, une première pour une Française depuis plus de 80 ans.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Mauresmo a mis fin à 81 ans d’attente
Ce jour-là, le 8 juillet 2006, Amélie Mauresmo devient la première Française à triompher à Wimbledon depuis Suzanne Lenglen, en 1925. En finale, elle domine Justine Henin (2-6, 6-3, 6-4) au terme d’une spectaculaire bataille de revers à une main. Mauresmo, qui avait récupéré la place de numéro 1 mondiale après avoir remporté son premier titre du Grand Chelem à Melbourne, confirme ainsi son emprise sur le circuit en 2006, tout en privant Henin du seul titre majeur qui manque encore à son palmarès.
Les personnages : Amélie Mauresmo et Justine Henin
- Amélie Mauresmo, numéro 1 mondiale en quête de reconnaissance
Amélie Mauresmo est née en 1979. Elle devient célèbre en 1999, alors qu’elle est 29e mondiale, en atteignant la finale de l’Open d’Australie. Elle élimine la numéro 1 mondiale Lindsay Davenport en demi-finale (4-6 7-5 7-5), avant de s’incliner devant Martina Hingis (6-2 6-3). Cette année-là, elle entre pour la première fois dans le top 10 et gagne son premier tournoi à Bratislava.
Elle confirme son potentiel en 2001. Elle soulève quatre trophées sur le circuit et se hisse jusqu’en quarts de finale à l’US Open (battue par Jennifer Capriati, 6-3 6-4). Entre le début 2002 et la fin 2005, développant un jeu agressif basé sur un bon service et un revers à une main très solide, Amélie Mauresmo remporte douze tournois (dont six « Tier I », les tournois les plus importants en-dessous des Majeurs). Elle dispute trois demi-finales et neuf quarts de finale en Grand Chelem, sans jamais parvenir en finale.
Son manque de succès en Grand Chelem met son mental sous le feu des critiques et son accession à la place de numéro 1 mondiale en septembre 2004 est assez controversée. À la fin 2005, Mauresmo remporte enfin un tournoi majeur, au Masters, où elle domine sa compatriote Mary Pierce (5-7 7-6 6-4).
En 2006, à l’Open d’Australie, elle s’impose enfin en Grand Chelem, en battant une Justine Henin malade qui abandonne à 6-1 2-0. Le 20 mars, elle redevient première mondiale. Après une décevante défaite en huitièmes de finale de Roland-Garros, Mauresmo doit faire un bon résultat à Wimbledon pour faire taire les critiques qui prétendent qu’elle a eu un coup de chance en finale de Melbourne et qu’elle ne mérite pas d’être au sommet du classement.
- Justine Henin, numéro 3 mondiale en quête de Wimbledon
Justine Henin, née en 1982, est l’une des joueuses dominantes depuis 2003. Après plusieurs années à jouer les premiers rôles sans jamais s’imposer en Grand Chelem, elle engage Pat Etcheberry comme entraîneur physique à la fin de la saison 2002.
Le travail acharné auquel elle s’astreint porte ses fruits dès l’année suivante, où elle remporte Roland-Garros et l’US Open, en battant à chaque fois sèchement sa rivale Kim Clijsters en finale.
Son jeu tout en variations ne se contente pas d’émerveiller les amateurs de tennis – surtout son magnifique revers à une main, très rare dans le tennis féminin moderne. Mais elle fait également d’elle la meilleure joueuse de terre battue de son temps. Elle remporte Roland-Garros à trois reprises, en 2003, 2005 et 2006.
Numéro 1 mondiale pour la première fois le 20 octobre 2003, elle occupe cette place pendant 45 semaines. En plus de ces titres à Roland-Garros, elle s’impose à l’US Open en 2003 et triomphe à l’Open d’Australie en 2004, comptant ainsi cinq titres du Grand Chelem à son palmarès.
Malgré une finale disputée à Londres, en 2002 (battue par Venus Williams, 6-1, 3-6 ,6-0), Wimbledon est le seul titre majeur qui manque encore à son palmarès. Elle a également obtenu la médaille d’or aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, et a remporté la Fed Cup en 2001, faisant cette fois équipe avec Kim Clijsters en dépit de leur rivalité.
Le lieu : Wimbledon et son mythique Centre court
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Cricket Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite, Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.
Après que la conversation, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.
L’histoire : Mauresmo renverse la rencontre et remporte son deuxième Majeur à l’issue d’une balle de match
En 2006, la finale de Wimbledon est un remake de celle de l’Open d’Australie entre Amélie Mauresmo et Justine Henin. A Melbourne, Henin, malade, avait abandonné alors que Mauresmo menait 6-1 2-0, privant son adversaire de la satisfaction de jouer une vraie balle de match pour remporter son premier titre du Grand Chelem si longtemps attendu.
À Londres, Mauresmo a tracé sa route jusqu’en finale avec moins de pression qu’à l’accoutumée de la part de la presse française dont l’attention est accaparée par le parcours de l’équipe nationale de football jusqu’en finale de la Coupe du Monde.
J’espère que les gens vont arrêter de parler de mes nerfs.
Amélie Mauresmo
Cette fois, la Belge n’est pas diminuée par la maladie. Elle vient de gagner Roland-Garros sans perdre un set, et d’enchaîner en passant ses six tours au All England Club, toujours sans perdre le moindre set. D’entrée, elle prend le service de la numéro 1 mondiale et s’empare rapidement de la première manche, 6-2. Il semble qu’une fois de plus, Mauresmo soit trahie par ses nerfs, mais elle s’accroche et revient brillamment dans le match au deuxième set. Très agressive, la Française, qui a déjà inversé un scénario qui tournait au vinaigre lors de sa demi-finale contre Maria Sharapova (6-3, 3-6, 6-2), boucle la deuxième manche 6-3 pour obtenir un troisième set.
Dans ce dernier set, Mauresmo prend les devants dès le début avec beaucoup de confiance. Elle conserve l’avantage jusqu’au bout et ne concède plus la moindre balle de break. A 5-4, 30A, Mauresmo réalise une superbe volée de revers pour obtenir une balle de titre. Quelques secondes plus tard, à 40-30, Henin expédie un dernier coup droit dans le filet. Mauresmo peut tomber à genoux sur l’herbe du Centre Court et savourer la sensation de remporter un titre du Grand Chelem à l’issue d’une vraie balle de match.
« J’espère que les gens vont arrêter de parler de mes nerfs », dit la nouvelle championne de Wimbledon lors de la remise des prix.
La postérité du moment : Mauresmo ne gagnera plus de titre du Grand Chelem, Henin ne remportera jamais Wimbledon
Amélie Mauresmo restera au sommet du classement WTA jusqu’au 12 novembre, détrônée par Justine Henin, finaliste à l’US Open. A partir de 2007, Mauresmo déclinera progressivement, perturbée par de nombreuses blessures. Elle quittera le Top 10 en 2007, et ne gagnera plus que deux tournois avant de prendre sa retraite à l’issue de la saison 2009.
Henin ne gagnera jamais Wimbledon. En 2006, après avoir perdu contre Maria Sharapova en finale de l’US Open (6-4 6-4), elle terminera la saison par une victoire au Masters contre Mauresmo (6-4 6-3). En 2007, elle fera l’impasse sur l’Open d’Australie avant de gagner 10 des 14 tournois auxquels elle participera, dont Roland-Garros, Flushing Meadows et le Masters. Cette année-là, elle deviendra également la première joueuse de l’histoire de la WTA à toucher plus de cinq millions dollars de prize-money. En 2008, Henin surprendra le monde du tennis en annonçant sa retraite, à seulement 25 ans.
Le 22 septembre 2009, Henin officialisera son retour sur le circuit en 2010. Malheureusement, après une chute sur le coude survenue à Wimbledon, face à Kim Clijsters, elle sera contrainte d’abréger sa saison 2010. Elle ne récupèrera jamais de cette blessure. Elle prendra sa retraite définitive après l’Open d’Australie, vaincue au troisième tour par Svetlana Kuznetsova (6-4 7-6). Henin aura remporté sept titres du Grand Chelem et aura occupé la première place mondiale pendant 117 semaines au total.