4 juillet 1999 : Le jour où Sampras a marché sur son grand rival Agassi en finale de Wimbledon
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 4 juillet 1999, Pete Sampras réalise un véritable chef d’œuvre en finale de Wimbledon, pour vaincre son rival de toujours, Andre Agassi.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Un sacre important pour Sampras
Ce jour-là, le 4 juillet 1999, Pete Sampras réalise un véritable chef d’œuvre en finale de Wimbledon, pour vaincre son rival de toujours, Andre Agassi, 6-3 6-4 7-5. A cette époque, cette victoire est importante pour Sampras qui a connu une première partie de saison délicate, alors qu’Agassi, qui vient de gagner de Roland-Garros, abordait Wimbledon en pleine confiance. Bien que ce soit son sixième triomphe dans l’enceinte du All England Club, Pistol Pete lui-même lui accordera une place à part :
“Ce Wimbledon se démarque des autres en raison de mon adversaire, en raison de mon histoire avec Andre, et à cause du contraste entre nos styles de jeu.“
Les personnages : Pete Sampras et Andre Agassi
- Pete Sampras, le roi du gazon
Pete Sampras, né en 1971, a dominé le tennis des années 1990. Après un premier titre du Grand Chelem conquis à l’US Open 1990 (où il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, aux dépens de son éternel rival Andre Agassi, 6-4 6-3 6-2), il devient numéro 1 mondial en avril 1993. Il termine les six saisons suivantes (1993-1998) à cette place, établissant un record toujours invaincu vingt-deux plus tard. Son jeu de service-volée est particulièrement efficace sur le gazon du All England Club, où il décroche cinq titres entre 1993 et 1998, affichant 39 victoires pour une seule défaite (le seul homme à le terrasser est Richard Krajicek, en quarts de finale de l’édition 1996, 7-5 7-6 6-4). Pete Sampras remporte quatre fois l’US Open (1990, 1993, 1995, 1996), et deux fois l’Open d’Australie (1994, 1997), et ne se trouve plus qu’à deux longueurs du record de Roy Emerson de 13 titres du Grand Chelem. De plus, l’Américain s’impose aussi à quatre reprises au Masters, accumulant un totale de 57 titres au long de sa carrière. A l’époque, comme il vient d’égaler le record, détenu par Ivan Lendl, du nombre de semaines passées au sommet du classement ATP (286), il aurait été sans conteste le plus grand joueur de tous les temps, n’était sa réelle faiblesse sur terre battue : son meilleur résultat à Roland-Garros est une demi-finale perdue contre Yevgeny Kafelnikov en 1996 (7-6 6-0 6-2), et il n’a plus jamais atteint la deuxième semaine du tournoi depuis.
- Andre Agassi, le rival historique
Andre Agassi, le “Kid de Las Vegas”, est également une légende du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement l’une des plus grandes stars du tennis, grâce à son talent mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen. Après trois défaites en finale de Grand Chelem, une à l’US Open en 1990, deux à Roland-Garros (1990 et 1991), il remporte son premier tournoi du Grand Chelem à Wimbledon en 1992, en en battant en finale le grand serveur Goran Ivanisevic (6-7 6-4 6-4 1-6 6-4). Il ajoute ensuite l’US Open 1994 à son palmarès, puis l’Open d’Australie 1995, où il bat son rival Pete Sampras en finale de Grand Chelem pour la seule et unique fois (4-6 6-1 7-6 6-4). Il devient numéro 1 mondial peu après, le 10 avril 1995, pour une première période de 30 semaines. En 1996 et 1997, malgré une médaille d’or obtenue aux Jeux olympiques d’Atlanta, Andre Agassi traverse une mauvaise passe et descend jusqu’à la 141e place mondiale. Faisant preuve d’une grande humilité, il retourne sur le circuit Challenger à la fin 1997 pour reprendre confiance. En 1998, il revient doucement au sommet, terminant l’année au 6e rang mondial malgré des résultats décevants en Grand Chelem. En juin 1999, il triomphe finalement à Roland-Garros, venant à bout d’Andrei Medvedev en cinq sets (1-6 2-6 6-4 6-3 6-4), et boucle ainsi le Grand Chelem en carrière.
Le lieu : Wimbledon et son mythique Centre Court
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Cricket Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire. Après que la conversation, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.
L’histoire : Sampras écrabouille l’éternel rival Agassi
Un affrontement entre Pete Sampras et Andre Agassi est toujours quelque chose de spécial. Les deux Américains sont rivaux depuis dix ans, depuis que Sampras a battu Agassi en finale de l’US Open 1990. Leur rivalité a atteint des sommets en 1995, lorsqu’ils luttaient pour la première place mondiale, et s’affrontaient en finale de trois Masters 1000 ainsi qu’en finale de deux tournois du Grand Chelem : Agassi l’avait emporté en Australie avant que Sampras en prenne sa revanche à New-York. En 1999, Pistol Pete a gagné 12 de leurs 23 rencontres.
Ce nouvel épisode de la saga Sampras-Agassi survient dans un contexte particulier. Pete Sampras, qui a dominé le circuit pendant des années, vient de réaliser une première moitié de saison bien en-dessous de ses standards habituels, et sa première place mondiale lui est disputée par plusieurs joueurs. Pendant ce temps, Andre Agassi, après presque trois ans à lutter avec sa motivation, vient de renaître il y a quelques semaines en remportant Roland-Garros. Il serait d’ailleurs le favori n’importe où ailleurs qu’à Wimbledon, où il a face à lui le meilleur joueur de gazon de la décennie. En guise d’avertissement, le Californien a gagné son premier tournoi de l’année au Queen’s, montrant qu’il est toujours bien présent sur herbe.
Au cours de cette finale de Wimbledon 100% américaine, jouée le Jour de l’Indépendance, Pete Sampras réalise une prestation qu’il considèrera lui-même comme « proche de la perfection ». Son service est meurtrier, son jeu au filet est impeccable, et même du fond de court, il domine souvent les débats. Tandis qu’il remporte la première manche, 6-3, le Kid de Las Vegas attend sa chance, en espérant que l’orage passe mais, à son grand désarroi, l’orage ne fait que redoubler de violence. Lisons Sampras raconter l’évolution du match pour Wimbledon.com : “A partir de là, et jusqu’à la fin du match, je suis vraiment entré dans la zone. Je bougeais bien, je servais bien. Mes retours, mon jeu de fond de court, tout s’est parfaitement emboîté.“
Sampras se souviendra plus tard d’un point en particulier, qui explique bien pourquoi Agassi dira quant à lui qu’il avait eu “l’impression d’être percuté par un bus“ : “Je me souviens d’un point où j’ai réussi une volée en plongeant. Je me rappelle avoir vu un ralenti de ça et Andre est resté figé cinq secondes comme pour dire ‘ce mec est juste trop fort’.”
“Andre est resté figé cinq secondes, comme pour dire ‘ce mec est juste trop fort”.
Pete Sampras
Aussi fort que puisse être Agassi, il ne peut rien faire pour empêcher son rival de remporter son quatrième titre consécutif à Wimbledon, le sixième de sa carrière. Pete Sampras se dira lui-même surpris du niveau qu’il a atteint durant cette finale : “Parvenir à jouer aussi bien en finale d’un tournoi majeur, je ne peux pas l’expliquer. C’est très rare, à cause des nerfs et de l’enjeu.”
La postérité du moment : Sampras continuera à dominer la rivalité avec Agassi
Malgré sa splendide performance en finale de Wimbledon, Pete Sampras cèdera la place de numéro 1 mondial à Andre Agassi en 1999. Le Kid de Las Vegas remportera l’US Open, mais Sampras l’empêchera à nouveau de triompher pleinement en le dominant en finale du Masters (6-1 7-5 6-4).
Leur rivalité se prolongera, et même lorsque Pete Sampras aura commencé à décliner, il jouera toujours à son meilleur niveau contre Agassi. Les épisodes les plus marquants des dernières années de leur rivalité auront lieu à l’Open d’Australie 2000 (où Agassi s’imposera, 6-3 3-6 6-7 7-6 6-1), à l’US Open 2001 (qui restera leur match le plus intense, remporté par Sampras 6-7 7-6 7-6 7-6 sans le moindre break) et à l’US Open 2002, où Pistol Pete, disputant son dernier match sur le circuit, dominera Agassi pour gagner son 14e titre du Grand Chelem (6-3 6-4 5-7 6-4).
A sa retraite, Sampras mènera 20-14 dans ce qui restera comme la rivalité emblématique de leur génération.