8 août 1992 : Le jour où Marc Rosset a décroché l’or olympique à Barcelone

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 8 août 1992, Marc Rosset décroche à la surprise générale l’or olympique aux Jeux de Barcelone. Il bat en finale Jordi Arrese

Marc Rosset, Barcelone 1992 Marc Rosset, Barcelone 1992 | © DR

La ruée vers l’or : ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique

Ce jour-là, le 8 août 1992, Marc Rosset, alors 43e mondial, accomplit le plus grand exploit de sa carrière en décrochant à la surprise générale l’or olympique aux Jeux de Barcelone. En finale, le Suisse de 21 ans, surmonte un coup de chaleur pour dominer l’Espagnol Jordi Arrese, 7-6 6-4 3-6 4-6 8-6. A une journée de la fin des Jeux olympiques, c’est la seule médaille glanée par un athlète suisse à Barcelone. Rosset devient un héros national.

Les personnages : Rosset le géant Suisse, Jordi Arrese en chair et en ocre

Le Suisse Marc Rosset est né en 1970. Le géant suisse, avec ses 2m01, est alors le joueur le plus grand du circuit. Son jeu repose principalement sur un énorme service et un jeu très offensif. Rosset, qui est passé pro en 1988, remporte son premier tournoi dans sa ville natale, à Genève, en 1989 (aux dépens de Guillermo Perez-Roldan, 6-4 7-5). En octobre 1990, il gagne le tournoi le plus important de sa carrière à Lyon, en battant Mats Wilander en finale (6-3 6-2). Quelques semaines plus tard, il obtient son meilleur classement du moment : 18e mondial. Jusqu’à présent, son meilleur résultat en Grand Chelem est un huitième de finale à l’Open d’Australie 1992 (éliminé par Jim Courier, 6-3 6-1 6-3). 

Marc Rosset - Davis Cup 2014

L’Espagnol Jordi Arrese est né en 1964. C’est un spécialiste de la terre battue dans le pur style espagnol : il a gagné trois de ses quatre titres ATP sur ocre. Le plus important est son titre à Madrid en 1991 (après avoir battu Marcelo Filippini en finale, 6-2 6-4). La même année, il obtient son meilleur classement, 23e mondial. Arrese reste également dans les annales du tennis car, à Monte-Carlo, en 1991, c’est lui qui a facilement battu Björn Borg (6-3 6-1). La légende suédoise avait tenté un retour avec sa raquette en bois. En juillet 1992, Jordi Arrese est 30e mondial. 

Le lieu : Barcelone, flambant neuf

L’épreuve de tennis de Jeux Olympiques de 1992 se déroule à Barcelone, au Tennis de la Vall d’Hebron, qui a été rénové en 1991 pour l’occasion. Le complexe compte dix-sept courts de tennis, dont cinq sont utilisés pour le tournoi. 

L’histoire : il a battu le meilleur

Presque tous les meilleurs joueurs du monde ont répondu présent aux Jeux Olympiques de 1992, disputés pour la première fois sur terre battue. La seule grande star manquante  est Andre Agassi, récent vainqueur de Wimbledon. L’Américain ne peut participer car il est seulement le quatrième joueur des États-Unis au classement ATP. Mais le 8 août, deux joueurs inattendus foulent la terre battue pour se disputer l’or olympique : Jordi Arrese, 30e mondial, et Marc Rosset, 43e. 

Le tournoi a perdu beaucoup de têtes d’affiche dès les premiers tours. Surtout dans la partie basse du tableau. Jordi Arrese s’est frayé un chemin jusqu’en finale sans rencontrer de joueur mieux classé qu’Andrei Cherkasov, 26e mondial, qu’il a battu en demi-finale (6-4 7-6 3-6 6-3).

Et là j’avais Jim Courier, double vainqueur de Roland-Garros et numéro 1 mondial, alors je me disais que j’allais bientôt rentrer à la maison. Mais je l’ai battu en trois sets

Marc Rosset

Dans la partie haute du tableau, Marc Rosset a fortement pris part à la déroute des têtes de série. Plus tard, il confiera à tennis-buzz.com : “C’est sûr que c’était une surprise que je gagne. Je ne suis pas stupide. J’ai regardé le tableau.” Au deuxième tour, le Suisse élimine sèchement la tête de série n°9, Wayne Ferreira (6-4 6-0 6-2). Mais en huitièmes de finale, c’est le numéro 1 mondial, Jim Courier, qui l’attend. L’Américain a gagné quatre tournois du Grand Chelem au cours des vingt-quatre derniers mois, et notamment les deux dernières éditions de Roland-Garros. De plus, les deux joueurs se sont affrontés plus tôt en 1992, à l’Open d’Australie, et Rosset s’était fait balayer, 6-3 6-1 6-3. Il y a peu d’espoir pour le Suisse, comme il l’admettra lui-même : “Et là j’avais Jim Courier, double vainqueur de Roland-Garros et numéro 1 mondial, alors je me disais que j’allais bientôt rentrer à la maison. Mais je l’ai battu en trois sets (6-4 6-2 6-1).”

Après avoir renversé le meilleur joueur au monde, Marc Rosset doit encore écarter la tête de série 12 Emilio Sanchez, toujours dangereux sur terre (6-4 7-6 3-6 7-6), puis, en demi-finale, venir à bout de l’imprévisible tête de série 4, Goran Ivanisevic, à l’issue d’une bataille de serveurs (6-3 7-5 6-2).  

A ce stade, Rosset est déjà assuré d’être le seul Suisse à ramener une médaille de Barcelone. Lorsque la finale commence, c’est une nation entière qui le regarde essayer de convertir cette médaille en or.

Par cette journée d’été particulièrement chaude, le Suisse démarre bien, se détachant deux sets à zéro (7-6 6-4), mais ensuite, victime d’un coup de chaleur, il voit son adversaire revenir au score (3-6 4-6). Se sachant si près de la victoire, Rosset parvient à lancer ses dernières forces dans la bataille, et, s’appuyant sur son service, il décroche finalement la médaille d’or en remportant la cinquième manche, 8-6. A l’issue de la balle de match, Rosset se laisse tomber sur la terre battue : “J’étais épuisé et je n’ai pas réalisé que j’avais gagné la médaille d’or”, décrit le champion olympique. “C’était plutôt : ‘C’est fini, il n’y a plus besoin de continuer à jouer’, parce que nous avions joué plus de cinq heures.

La postérité du moment : Rosset, en attendant Federer

Cette médaille d’or olympique restera le plus grand résultat de la carrière de Marc Rosset. Au fil des années, le Suisse remportera quinze titres et se hissera à la 9e place mondiale en 1995. En Grand Chelem, sa meilleure performance sera une demi-finale à Roland-Garros en 1996, qu’il perdra face à Michael Stich (6-3 6-4 6-2). Marc Rosset restera dans le Top 50 jusqu’en 2001, puis, après quatre années difficiles au-delà du Top 100, il prendra sa retraite en 2005.

Jordi Arrese remportera deux tournois de plus, sur terre battue, à Athènes, en 1992 et 1993, et il obtiendra son meilleur résultat en Grand Chelem à Roland-Garros en 1993, battu au troisième tour par Richard Krajicek (2-6 6-2 6-2 6-7 6-2). Arrese prendra sa retraite en 1996, et deviendra plus tard capitaine de l’équipe espagnole de Coupe Davis. Il remportera la compétition en 2004.

En obtenant la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1992, Rosset donnera le coup d’envoi de la grande époque du tennis suisse : cinq ans plus tard, Martina Hingis deviendra numéro 1 mondiale. Puis, dans les années 2000, Roger Federer dominera le tennis et sera vu par beaucoup comme le plus grand joueur de tous les temps.

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