Roger Federer, un retour entre passion du jeu et désir de victoires
Le retour de Roger Federer approche. Avant sa rentrée prévue début mars à Doha, Pierre Paganini, son préparateur physique, a évoqué, dans la presse suisse, la passion du Bâlois pour le tennis et les liens de celle-ci avec les succès.
Mois après mois, semaine après semaine, jour après jour, les fans de Roger Federer rajeunissent. Plus le temps passe, plus ils retombent en enfance. Celle où ils étaient excités à la veille de Noël. La semaine du 8 mars, à Doha, le Suisse, également inscrit à Miami, doit faire son retour à la compétition après deux arthroscopies du genou et un an sans jouer. Et, avant que le cadeau ne soit déballé, Pierre Paganini a accordé un entretien au média suisse Tages-Anzeiger. Rare dans les médias, celui qui prépare physiquement Federer depuis deux décennies s’est longuement livré en abordant des sujets comme la remise en forme de son protégé, le chemin parcouru, l’impact de son âge ou encore sa passion brûlante pour le tennis. Après plus de 20 ans au plus haut niveau et des titres en pagaille, le bougre est toujours autant attisé par le plaisir du jeu.
“Oui, il est aussi passionné qu’il y a 10 ans, clairement”, a expliqué Pierre Paganini. “Sinon, il ne s’impliquerait plus autant dans les entraînements et préparations que nous lui proposons. Quand un joueur de bientôt 40 ans doit faire des exercices (pendant sa période de rééducation) qu’une personne de 70 ans ferait sans aucun problème, en se réjouissant que chaque jour soit meilleur que le précédent… Si ça ce n’est pas de la passion ! Moi-même, après toutes ces années, je suis constamment épaté. Je me demande parfois : ‘Pourquoi fait-il encore tout ça (après tout ce qu’il a gagné) ?’ C’est un phénomène.”
Le plaisir, c’est bien, mais Federer veut aussi gagner
Des propos qui corroborent ceux du Bâlois, en personne, pour le Schweizer Illustrierte en octobre dernier : “Tant que je me m’amuse et que mon mode de vie (les tournois, les voyages…) convient à ma famille, je continuerai à jouer.” Mais, quand on a tutoyé des sommets dignes de l’Olympe, peut-on prendre du plaisir sans triomphes ? Si Federer, après la plus longue interruption de sa carrière, venait à être un plus proche de la terre que des cieux en chutant régulièrement contre des adversaires moins prestigieux, prendra-t-il toujours autant de plaisir ?
“Est-ce qu’il continuerait à jouer s’il n’arrivait plus à rivaliser avec les meilleurs ? C’est à lui qu’il faudrait poser cette question”, a répondu Pierre Paganini. “Il existe des parallèles entre la passion du jeu et celle de la victoire, mais ils s’arrêtent à un certain point. Vous pouvez aussi être passionné sans gagner. La question étant : combien de temps celle-ci peut-elle durer ? Ce que je peux dire, c’est qu’il ne mettra jamais sa santé en péril. C’est extrêmement important pour lui d’être en bonne santé pendant la seconde partie de sa vie. Il a cette intelligence. Il ne poussera pas la machine si ça n’a aucun sens. Il n’est pas aveugle. Il est stratégique et clairvoyant.”
Début février, pour SRF Sport, l’Helvète aux 20 titres du Grand Chelem a déclaré vouloir “vivre à nouveau de grandes victoires.” Un objectif pour lequel il “se sent prêt à accomplir le chemin long et difficile” qui l’attend. S’il y parvient, Roger Federer assoira encore un plus l’un des mythes qu’il a créé. En plus de faire rajeunir ses fans, ses victoires à un âge avancé – pour un sportif de haut niveau – lui on taillé une réputation de (sur)homme sur lequel le vieillissement n’a pas d’emprise. Tel un véritable Benjamin Button du tennis.