Dominic Thiem, le stakhanoviste débarque à l’UTS
Dominic Thiem est sorti du confinement exactement comme avant d’y rentrer : comme un joueur qui a besoin de jouer tout ce qui lui tombe sous la raquette, tout le temps. Samedi, il sera la grande star de l’Ultimate Tennis Showdown.
Dominic Thiem est sorti du confinement exactement comme avant d’y entrer : comme un joueur qui a besoin de jouer tout ce qui lui tombe sous la raquette, tout le temps. Samedi, il sera la grande star de l’Ultimate Tennis Showdown à la Mouratoglou Tennis Academy. Une étape de plus dans un programme déjà bien chargé.
Le confinement allait forcément être dur à vivre pour les joueurs, mais pour quelqu’un comme Thiem, ça a dû frôler l’insupportable. Pourquoi ? Parce que s’il y avait un moyen pour lui de jouer toutes les semaines de l’année, il le ferait. Parce qu’à la fin d’une saison de tennis, il joue généralement au football dans son club en Autriche. S’il a raté le début de l’UTS, c’est tout simplement parce qu’il avait trouvé le moyen de s’aligner dans deux tournois en même temps : l’UTS et l’Adria Tour de Novak Djokovic à Belgrade, où il a d’ailleurs fini par s’imposer, en dominant Filip Krajinovic (4-3, 2-4, 4-2) en finale.
“Je ne pense pas avoir déjà été loin du circuit pendant aussi longtemps”
Ce n’était même pas le come-back de Thiem, puisqu’il a déjà joué le circuit autrichien, le Generali Austrian Open, qui a débuté le 27 mai dernier. Il avait aussi la chance de vivre dans un pays où la Covid-19 n’a pas fait autant de ravages qu’ailleurs. Alors dès qu’il a obtenu le feu vert, le 20 avril, “Domi” a repris le chemin de l’entraînement puis de la compétition nationale grâce à cette série de matches-exhibition où il a joué cinq rencontres. Il ainsi perdu début juin en trois heures (7-6, 6-7, 6-4) face au 163e joueur mondial, Sebastian Ofner.
Toute cette énergie contenue pendant la quarantaine ne demande qu’à être délivrée, alors Thiem est évidemment ravi de toute initiative lui permettant de rejouer des matches en ce moment. Le format de l’UTS va également lui offrir l’occasion de tester la nouveauté.
“Les premières semaines d’entraînement se sont très bien déroulées. Avant ça, j’ai vraiment trouvé le temps long, très long, sans pouvoir jouer au tennis du tout. Mais mes coups sont revenus quasiment tout de suite et j’ai retrouvé rapidement mon timing, a-t-il confié à RedBull. Je ne pense pas avoir jamais été tenu si longtemps loin du circuit. Heureusement je n’ai jamais eu de blessure qui aurait rendu ça nécessaire. Je pense que la plus grande pause que j’ai jamais prise avant cette année fut de trois semaines, donc la situation a vraiment été totalement nouvelle pour mon équipe et moi.”
Privé de circuit depuis février, le récent finaliste de l’Open d’Australie donne l’image d’un jeune lion qu’on vient de laisser sortir d’une cage: il a besoin de se dégourdir les jambes et de jouer. N’oublions pas non plus que nous parlons d’un joueur qui, en 2016, a réussi à remporter son premier titre sur gazon à Stuttgart avant d’atteindre dans la foulée les demi-finales à Halle. Tout ça pour s’envoler vers Majorque afin de disputer un match exhibition sur terre battue pendant le tournoi WTA, avant de prendre le chemin de Wimbledon. Durant cette saison 2016, il avait joué 82 matches. La saison précédente, il s’alignait dans 30 tournois. La programmation de Thiem a souvent laissé sceptique le petit monde du tennis.
“Je dois prendre un peu plus soin de moi”
Après des années où il n’a voulu admettre aucune erreur dans ce domaine, malgré des fins de saison sur les rotules, le numéro 3 mondial a fini par voir la lumière en 2019 et a annoncé qu’il allait alléger le tout. “Quand j’étais plus jeune, j’avais besoin de plus de matches. C’était dur pour moi d’arriver sur un grand tournoi sans assez de matches dans les jambes. Je cherchais de la confiance sur les plus petits tournois. Mais j’ai désormais plus d’expérience, donc je peux jouer ces gros tournois même sans avoir disputé de plus petits avant”, a-t-il confié à Rome.
A l’Open d’Australie 2019, rincé par sa saison 2018, il avait dû abandonner au deuxième tour : malade et épuisé. Il a alors compris : confortablement installé dans le Top 10, s’il voulait gagner des Majeurs et rester longtemps au sommet du tennis mondial, il allait devoir revoir sa stratégie de programmation. “Avec l’âge, je dois prendre un peu plus soin de moi. Mon objectif est de jouer moins de tournois, c’est certain, mais de très bien jouer dans chacun de ceux où je m’aligne”, avait-il affirmé cette année à Melbourne.
Or le Covid-19 est passé par là et a changé tous les plans. Alors que les joueurs attendent la reprise du circuit, Thiem est retourné vers ce qui lui semble plus naturel : remplir son calendrier autant que possible. Il va même aller jouer une une exhibition sur herbe à Berlin du 13 au 15 juillet. Pour retrouver sa forme et son niveau de jeu, alors qu’il n’a jamais eu l’habitude d’être privé de jeu pendant une si longue période.
Evidemment, il se méfie et veut éviter d’être rouillé au moment de reprendre le circuit, sans doute aux Etats-Unis, à moins qu’il en décide autrement, alors il veut avoir autant de matches que possible dans les jambes. En fait, le calendrier révisé donné par l’ATP est quasiment fait pour Thiem : un gros tournoi chaque semaine, avec la saison sur terre battue débutant dans la semaine suivant l’US Open ! Le rêve, non ? Aucun doute, cette situation inédite va tester la capacité de Thiem à gérer sa monture.
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