Avec les nouvelles règles de l’UTS2, l’inattention peut coûter (très) cher
Avec la règle du « no-let » et l’apparition de nouvelles cartes à l’UTS 2, certains joueurs s’embrouillent. Jusqu’à donner encore un peu plus de sel aux rencontres.
Sur la terrasse de la Mouratoglou Tennis Academy dimanche dernier, Benoît Paire préférait rire de ses erreurs plutôt que de se morfondre après sa défaite contre Fernando Verdasco (3-1). Il alpague Patrick Mouratoglou, le co-créateur de l’Ultimate Tennis Showdown :
– “Patrick, c’est terrible ce qui m’arrive !”
– “Le let ?“, demande le coach.
– “Oui, j’ai oublié la règle… Il (Fernando) sert, la balle touche le filet et je la laisse passer. En plus, il utilisait sa carte ‘coup gagnant vaut trois points’. Il y avait 12-12, et là, c’est terrible dans ma tête !”
Paire a payé le prix de la nouvelle règle du « no-let », instaurée pour la deuxième édition de l’UTS. Un point se joue ainsi même si la balle touche le filet sur le service d’un joueur.
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L’erreur du « Rebel », à une minute de la fin du troisième quart-temps, lui a coûté le match. « Ça m’a tué », nous a-t-il avoué. La veille, il soulignait pourtant que cette nouvelle règle était « sympa », car « cela apporte un truc différent ».
Lopez « Peut-être que nous pourrions introduire le no-let en tournoi régulier ? »
Ils sont plusieurs à y être favorables. Sur cette règle, comme sur les autres. De nouvelles “cartes UTS” ont fait leur apparition pour cette deuxième édition, qui se termine dimanche. Les cartes « point suivant compte double » et « service-volée », qui oblige l’adversaire à monter au filet derrière son service, ont été utilisées à chaque match le week-end dernier. Mais c’est le « no-let » qui fait le plus parler.
« Vous essayez de ne pas oublier que vous allez jouer avec cette règle, mais ça reste dur, nous décrit Feliciano Lopez. Il est le premier joueur de l’histoire de l’UTS à avoir joué avec cette règle samedi, lors de sa victoire contre Alexei Popyrin (3-1).
« Ça fait 20 ans que je joue avec la règle du let, et maintenant, je dois jouer sans !, sourit-il. Il faut du temps pour s’y habituer. Donnez-moi deux ou trois jours ! »
Moutet : « Le no-let, ça me fait marrer »
Au-delà de son ressenti sur le court, son avis de directeur du Masters 1000 de Madrid compte. « J’aime beaucoup cette règle, souligne l’Espagnol de 38 ans. Elle est intéressante. Il faut y réfléchir. Peut-être que nous pourrions introduire la règle du no-let en tournoi régulier. Je dis pourquoi pas. »
Le jeune Corentin Moutet, de 17 ans son cadet, est d’accord avec lui. « Moi, le no-let, ça me fait marrer, s’amuse le Français. Après, c’est toujours frustrant quand on perd un point à cause de ça. Mais ça rajoute quelque chose. Et les joueurs oublient tout le temps car c’est quelque chose de nouveau. »
« The Tornado », qui a terminé ses deux matchs du week-end dernier à la mort subite (là aussi une règle spécifique à l’UTS), fait aussi l’éloge des nouvelles cartes. « Ça apporte quelque chose de nouveau, lance-t-il. Il y a des quarts-temps qui sont gagnés car il y a des cartes différentes. Ça peut nous avantager sur un quart-temps, et pas sur un autre. Ça rend le match plus aléatoire. C’est plus sympa pour le public. »
Huit cartes sont disponibles par match. Deux par quarts-temps. Et au moins une carte doit être changée entre chaque manche. Quand une carte est retirée, elle ne peut plus être utilisée lors d’un autre quart-temps. Le joueur doit donc avoir une réflexion avec son entraîneur avant le match. Moutet et son coach, Laurent Raymond, ont d’ailleurs été aperçus, samedi et dimanche lors de leur repas du midi, en pleine réflexion quant à la meilleure utilisation des cartes. Le joueur et son entraîneur étaient déjà dans leur match. “The Tornado” a remporté son match de samedi contre Fernando Verdasco (3-2) et s’est incliné le lendemain face à Dustin Brown (3-2).
« Comme chaque joueur, on a une reflexion sur l’utilisation des cartes, annonce-t-il. Il faut réfléchir aux cartes que l’on utilise car il faut les donner avant que le match commence. »
Verdasco : « J’ai payé un prix excessif »
Julien Cassaigne nous avoue même avoir « une grosse discussion pendant le dîner » avec son joueur Richard Gasquet, avant les matchs. « Je pense que la meilleure décision pour Richard a été qu’il choisisse d’utiliser à chaque quart-temps la carte ‘point suivant compte double’, décrit l’agent et entraîneur. Cela fonctionne plutôt bien. » « The Virtuoso » a remporté facilement ses deux premiers matchs, contre Grigor Dimitrov (4-0), et Alexei Popyrin (3-1).
En revanche, une erreur dans l’utilisation des cartes UTS peut coûter cher. Samedi, Fernando Verdasco a « payé un prix excessif » lors de son premier match dans ce nouveau format, contre Moutet (défaite à la mort subite, 3-2). « Je me suis trompé avec la carte ‘coup suivant compte double’, ressasse l’Espagnol. Je pensais que je ne pouvais l’utiliser que sur mon service. Mais c’est aussi possible sur un retour. Quand j’ai voulu l’utiliser, au quatrième quart-temps, à 13-11 (il menait deux quarts-temps à un), il a utilisé sa carte avant moi. A quelques secondes de la fin. »
Moutet a inscrit les deux points sur un retour foudroyant. « J’ai été complètement désorienté et déconcentré, poursuit-il. Après ça, j’ai perdu le match. Mon coach et moi n’avions pas bien compris les règles. Je crois que j’ai payé le prix de la ‘rookie card’. » Une erreur de débutant. Même un vétéran de 36 ans comme lui peut se faire piéger à l’UTS. C’est dire si le format est exigeant.