15 septembre 1971 : Le jour où Stan Smith a remporté son seul US Open, lors du premier tie-break du dernier set en finale
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 15 septembre 1971, Stan Smith écarte Jan Kodes en finale de l’US Open pour s’adjuger son premier titre du Grand Chelem.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi ça a marqué l’histoire du tennis
Le 15 septembre 1971, Stan Smith remporte son premier titre du Grand Chelem à Forest Hills, après avoir battu Jan Kodes en finale (3-6, 6-3, 6-2, 7-6). C’est la première fois qu’une finale de l’US Open se conclut par un tie-break, règle qui n’a été instaurée à New York,qu’en 1970. Pour Stan Smith, qui est déjà considéré comme un excellent joueur, cette victoire marque le début d’une période de deux ans au cours de laquelle il fera partie des joueurs dominant le tennis mondial.
Les acteurs
- Stan Smith, la quête d’un Grand Chelem
Stan Smith est né en 1946 en Californie du Sud. Enfant, il se propose comme ramasseur de balles pour une rencontre de Coupe Davis, mais il n’est pas retenu, les organisateurs le jugeant trop maladroit. Pourtant, quelques années plus tard, Smith représente l’Université de Southern California en championnat universitaire, et en 1968, il se lance sur le circuit. En septembre 1971, il a déjà gagné 11 tournois, dont l’Open de Stockholm 1970 où il domine Arthur Ashe (5-7, 6-4, 6-4), le Masters de Tokyo 1970 où il bat Rod Laver (4-6, 6-3, 6-4) et le tournoi du Queen’s 1971 où il vient à bout de John Newcombe (8-6, 6-3). Trois semaines après son triomphe au Queen’s, Newcombe prend sa revanche sur Smith à l’occasion d’une finale très disputée à Wimbledon (6-3, 5-7, 2-6, 6-4, 6-4). Smith est à présent en quête d’un titre en Grand Chelem pour intégrer le cercle des plus grands joueurs de tennis de son époque.
- Jan Kodes, la régularité tchèque
Jan Kodes est né en 1946 à Prague, en Tchécoslovaquie. Il commence à jouer de par le monde en 1966, mais ce n’est qu’en 1970 qu’il obtient ses résultats les plus marquants. Cette année-là, il s’impose à Roland-Garros pour la première fois, battant Zeljko Franulovic en finale (6-2, 6-4, 6-0), et en 1971, il parvient à conserver son titre, aux dépens cette fois d’Ilie Nastase (8-6, 6-2, 2-6, 7-5). Avec son tennis fondé sur la régularité, il n’a jamais obtenu de grands résultats sur gazon, et il n’a jamais dépassé le deuxième tour à Wimbledon où à l’US Open.
Le lieu : Forest Hills
L’US Open (appelé US Nationals avant 1968 et le début de l’Ère Open) a été créé en 1881. Bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été disputé sans la moindre interruption depuis ses débuts, le tournoi a changé de site à plusieurs reprises au fil des ans. Les premières éditions se déroulent sur les courts en herbe du Casino de Newport, à Rhode Island, puis en 1915, l’épreuve s’installe à New York, au West Side Tennis Club, dans le quartier de Forest Hills.
L’histoire : Stan Smith sur le toit de New York au bout d’un tie-break en neuf points
Retrouver Stan Smith et Jan Kodes en finale de cet US Open 1971 n’avait rien d’une évidence. Tous deux ont dû batailler cinq sets en demi-finale, Smith pour se défaire de Tom Okker, finaliste en 1968 (7-6, 6-3, 3-6, 2-6, 6-3), et Kodes, qui n’est pas connu pour être un grand joueur de gazon, pour écarter Arthur Ashe, vainqueur du tournoi en 1968 (7-6 3-6, 4-6, 6-3, 6-4).
En finale, Smith, affublé d’un bob semblable à celui porté par la star australienne Rod Laver, commence par pratiquer son service-volée habituel, pensant que sur herbe, Kodes ne pourrait pas lui donner la réplique du fond de court. Et pourtant, l’Américain perd le premier set, 6-3. Quelque chose ne tourne pas rond.
« J’ai changé de stratégie après le premier set, expliquera-t-il ensuite, dans des propos rapportés par le New York Times. Je servais fort, au premier set, et il renvoyait tout. Alors j’ai ralenti et essayé de faire en sorte que la balle s’écrase sur le gazon. »
Grâce à cet ajustement, Smith remporte les deux sets suivants, 6-3, 6-2, mais au quatrième set, Kodes s’accroche et parvient à coller au score jusqu’à 6 partout. A cette époque, à l’US Open, à 6-6, les joueurs doivent se départager par un tie-break, mais un tie-break bien particulier, le premier à cinq points l’emporter, avec un point décisif à 4-4. À ce jeu, Smith se montre le plus fort mentalement, et quelques minutes plus tard, il décoche un dernier smash qui lui permet de remporter l’US Open 1971. L’Américain expédie sa raquette dans les airs, et, dans sa joie, saute par-dessus le filet pour aller serrer la main de son adversaire, perdant son bob dans la manoeuvre.
La postérité du moment
Stan Smith remportera un deuxième tournoi du Grand Chelem, en 1972, à Wimbledon, venant à bout d’Ilie Nastase en finale (4-6, 6-3, 6-3, 4-6, 7-5). Cette année-là, gagnant pas moins de neuf tournois, il sera considéré comme le numéro 1 mondial, bien que le classement ATP n’existe pas encore. Smith remportera en tout 37 tournois au cours de sa carrière, et gagnera aussi cinq tournois majeurs en double, associé à Robert Lutz. Smith demeurera célèbre plusieurs décennies après sa retraite en raison des célèbres chaussures Adidas portant son nom.
Jan Kodes gagnera encore un tournoi du Grand Chelem, à Wimbledon, en 1973, aux dépens d’Alex Metreveli (6-1, 8-6, 6-3). Le Tchécoslovaque n’obtiendra pas beaucoup de reconnaissance pour son triomphe au All England Club, car cette année-là, la plupart des meilleurs joueurs auront boycotté le tournoi. Kodes disputera une dernière finale de majeur, à Forest Hills, qu’il perdra face à John Newcombe (6-4, 1-6, 4-6, 6-2, 6-3).