Nadal et Djokovic blessés, un Open d’Australie plus ouvert que jamais
Rafael Nadal et Novak Djokovic souffrent de pépins physiques qui les préoccupent visiblement beaucoup au cours de cet Open d’Australie. Leurs principaux rivaux sont prêts à en profiter.
D’abord, pas d’angélisme. Oui, Rafael Nadal et Novak Djokovic sont désormais deux à être blessés à Melbourne, et leur inquiétude semble sincère. Nadal a le dos raide depuis plus de deux semaines maintenant et Djokovic craint une déchirure à l’abdomen depuis vendredi. Son entraîneur Goran Ivanisevic a confirmé samedi à ESPN que le Serbe n’allait pas s’entraîner de la journée et se consacrer à des examens et à des soins – il était trop tard vendredi, à l’issue de son match, pour envisager une IRM.
Mais parmi les 57 titres du Grand Chelem qu’ils ont remporté avec Roger Federer depuis 2003, certains l’ont été après quelques grimaces en cours de route. Ecarter les deux premières têtes de série de la course au titre de l’Open d’Australie 2021 aurait quelque chose de prématuré à neuf jours des finales. Il y a forcément parmi vous, lecteurs, des cyniques ou des vieux sages qui soupçonnent les deux champions d’écarter la pression en parlant beaucoup de leurs bobos.
Cependant, la petite musique selon laquelle le tour des autres est peut-être venu joue de plus en plus fort, à mesure que les conférences de presse de Nadal et Djokovic tournent autour de leur état physique. Les candidatures restent nombreuses et variées, et le début du tournoi les a plutôt renforcées : Dominic Thiem, Daniil Medvedev, StefanosTsitsipas, Andrei Rublev voire Alexander Zverev ont de sérieuses raisons d’espérer remporter leur premier Open d’Australie – et, pour tous sauf Thiem, leur premier tournoi du Grand Chelem.
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Thiem : “Rien n’est impossible”
Dominic Thiem, tête de série numéro 3, reste légitime pour la victoire finale malgré son combat remporté de peu contre Nick Kyrgios. Il est celui qui a montré que l’alternance était possible quand il a remporté l’US Open en 2020, certes dans un tableau où Federer et Nadal étaient absents, et abandonné par Djokovic suite à sa disqualification.
« Lors de la finale contre Zverev, j’ai vraiment compris qu’abandonner n’est en aucun cas une option, qu’il y a toujours une ouverture possible. Vendredi encore j’étais mené deux sets à zéro et je m’en suis sorti. Rien n’est impossible. »
Medvedev et Rublev invaincus en 2021
Finaliste de l’Open d’Australie 2020 après avoir mené deux sets à un contre Nadal, Thiem a toute légitimité pour lorgner sur le trophée. Avant le tournoi, son nom est pourtant revenu derrière celui de Daniil Medvedev. Le joueur russe a une bonne tête d’homme en forme. Son compatriote Andrey Rublev – possible adversaire en quart de finale – aussi.
Medvedev, finaliste de l’US Open 2019, reste sur une série de dix-sept victoires consécutives, par lesquelles un succès aux ATP Finals et à l’ATP Cup :
« Je suis confiant, d’autant que j’ai souvent gagné ces matchs sans concéder de set. Mais je sais qu’un Grand Chelem, c’est autre chose. »
Demi-finaliste du dernier US Open, Medvedev commence à s’habituer à ces hauteurs, même s’il a étrangement lâché deux sets contre Krajinovic au troisième tour.
Ces moins le cas de Rublev, jamais aperçu dans un dernier carré de Grand Chelem. Mais son niveau (il est de loin la tête de série la plus “facile” du circuit depuis le début de l’Open d’Australie), sa régularité et ses résultats en 2020 – cinq titres, immersion dans le Top 10 – le désignent comme un candidat. Ses quatre succès à l’ATP Cup font de lui un joueur invaincu en 2021.
« Être capable de soutenir l’échange pendant cinq sets et trois ou quatre heures contre Djokovic, Nadal, Medvedev ou Schwartzman (éliminé vendredi, ndlr), ce n’est pas donné à tout le monde sur le plan physique. C’est le sujet principal me semble-t-il. Car jouer à leur niveau et mener un set un break contre eux est à la portée de beaucoup de joueurs. Mais après, ils piquent du nez. »
Alexander Zverev frappe aussi à la porte. Avoir joué sa première finale de Grand Chelem à l’US Open 2020 a forcément débloqué quelque chose, même s’il a fait l’actualité pour une affaire de violence domestique en fin d’année dernière.
Tsitsipas – Nadal en quart ?
Stefanos Tsitsipas s’est sorti d’un deuxième tour compliqué contre Thanasi Kokkinakis, mais son heure est peut-être venue. Demi-finaliste en 2019, puis à Roland-Garros 2020, il n’a pas grand chose à craindre, à part peut-être son excès de volonté de bien faire (qu’il avait racontée à Alizé Lim) et qui l’avait, par exemple, conduit à une défaite au 3e tour de l’US Open contre Borna Coric après six balles de match.
« Ça avait été d’autant plus douloureux que mon niveau de jeu était là. Mais on ne peut pas tout contrôler et il faut savoir se nourrir de ces matchs-là. Ça m’a fait du bien de remporter ma première victoire en cinq sets sur dur. Mais des victoires en trois sets, c’est bien aussi pour avancer. »
Le tableau de Tsitsipas n’est pas le plus simple avec Khachanov ou Berrettini sur la route d’un quart de finale potentiel contre Nadal.
La prochaine étape pour Novak Djokovic est un huitième de finale contre Milos Raonic, dimanche. Et pour Rafael Nadal, un troisième tour contre Cameron Norrie, ce samedi en night session. Deux matches qu’ils peuvent remporter même à 80% de leurs moyens s’ils peuvent les déployer.
Les autres ? Les affaires sérieuses commencent pour Thiem avec un huitième finale contre Dimitrov puis un quart contre Félix Auger-Aliassime ou l’étonnant Karatsev.
Medvedev et Rublev devrait s’affronter en quart de finale. Rublev devra Ruud. Medvedev jouera McDonald.
Zverev, enfin, est favori de son huitième de finale contre Lajovic. S’il affronte, en quart de finale, un Djokovic opérationnel, un Djokovic diminué ou un Raonic rescapé, nous en saurons beaucoup plus sur la capacité des deux patrons du tennis mondial à aller au bout de leur ambition l’Open d’Australie.
Adapté de l’anglais par Cédric Rouquette