Stefanos Tsitsipas : “Je me suis guéri grâce au confinement”
Stefanos Tsitsipas arrive à l’US Open en confiance, et comme l’un des favoris pour le titre. Dans un entretien exclusif pour Tennis Majors, le Grec de 22 ans explique la manière dont il a géré cette année mouvementée. Il ne ressent pas de pression, alors qu’il espère remporter, cette année, son premier Grand Chelem.
A la conquête du titre suprême. Le Grand Chelem. A 22 ans, Stefanos Tsitsipas a un objectif : remporter son premier Grand Chelem, à l’US Open, qui débute dans une semaine. Après avoir fait le show lors de la première édition de l’Ultimate Tennis Showdown (défaite en finale contre Matteo Berrettini, 3-2), le numéro 6 mondial reprend samedi la route des tournois officiels ATP à Cincinnati, délocalisé à New York. Confiant et ravi d’être de reprendre le circuit après une coupure de six mois, le Grec a répondu aux questions de Tennis Majors.
Vous étiez en grande forme avant le confinement, avec une victoire à Marseille et une finale à Dubaï. Avez-vous été frustré de devoir vous arrêter ?
Pas exactement. J’ai fait avec. Vous ne pouvez pas y faire grand chose. La planète entière a subi ces événements et ce n’était de la faute de personne. Mais j’ai saisi ce moment comme l’opportunité de travailler et de réfléchir sur quelque chose. C’est une situation très malheureuse, mais nous devons avancer. Il n’est pas envisageable de regarder tout le temps en arrière avec une pensée toujours négative.
Vous en avez profité pour travailler sur quels aspects ?
Beaucoup de choses. J’ai essayé d’améliorer ma façon de penser et d’améliorer mon jeu. Le tennis est mon travail et je veux toujours tirer le meilleur de ce sport. Être meilleur. Beaucoup de facteurs vont faire de moi un joueur de tennis plus complet. J’ai aussi pris cette situation comme une opportunité d’apprendre certaines choses, et de me concentrer sur mon éducation. Des choses comme cela. Nous (les joueurs, ndlr) sommes comme dans une bulle quand nous jouons. Nous sommes concentrés sur le tennis chaque jour de nos vies. Et parfois, il est important de déconnecter et de conserver un esprit sain, équilibré. Je pense que le confinement a été très bénéfique sur moi. Cela m’a apporté une perspective différente sur beaucoup de choses. Dans un sens, il m’a guéri.
Vous avez joué beaucoup de matchs à l’Ultimate Tennis Showdown. Cela a-t-il été une bonne expérience pour vous ?
Oui, sans aucun doute. L’UTS m’a donné l’opportunité d’être de nouveau compétitif et d’être de retour sur le court. Patrick (Mouratoglou) a très, très bien organisé l’événement. C’était une initiative géniale. Une très bonne idée. Et j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer.
Pensez-vous tirer du bénéfice grâce à ces matchs, comparé à d’autres joueurs qui ont moins joué ?
J’ai trouvé très bénéfique de jouer les matchs de l’UTS. Bien sûr, ce n’est pas le format auquel je suis habitué. Mais j’ai eu à affronter beaucoup de très bons joueurs, qui connaissent très bien le jeu. Cela me donne, je pense, un avantage psychologique.
Il n’y aura pas de spectateurs au Masters de Cincinnati et à l’US Open. Comment allez vous aborder psychologiquement le fait de jouer devant un stade vide ?
Je ne sais pas. J’y arriverai à ma façon. Ce sera forcément être très silencieux quand nous allons jouer. Les spectateurs procurent une certaine adrenaline. Ils te donnent de la volonté et créent une certaine atmosphère. Cette atmosphère va nous manquer cette année. Mais tout est dans la tête. Vous pouvez reproduire cette situation dans votre tête. Vous pouvez ressentir le silence, et en même temps, vous pouvez inventer les cris d’encouragement pour Stefanos dans votre tête.
Être de retour, voir tout ces joueurs, cela me rend heureux. Savoir que je peux enfin être compétitif et apprécier le jeu encore plus maintenant. Je suis quelqu’un de très compétiteur dans l’âme. J’aime jouer devant une foule énorme et j’aime la compétition en général. Cela ne sera pas tout à fait le cas cette année. J’en suis conscient. Tout le monde l’est, je crois. Mais cela donne aussi une autre dimension aux choses. Je vais m’adapter à cette situation, et trouver un moyen de faire mieux même s’il n’y aura personne en tribune.
Y voyez-vous une opportunité de remporter votre premier Grand Chelem, ou de vous en approcher ?
Je n’y pense pas vraiment. Je joue bien, et c’est un énorme plaisir d’être de retour ici. En réalité, je n’ai pas d’attentes particulières.
“Trop penser à une victoire en Grand Chelem est la meilleure façon de faire en sorte que cela n’arrive jamais” : Regardez le Major Talk d’Alizé Lim avec Stefanos Tsitsipas.
Des commentaires affirment que, parce qu’il y a des absents parmi les meilleurs, il devrait y avoir un bémol à côté du nom du vainqueur de l’US Open. Qu’en pensez-vous ?
Un US Open est un US Open. Personne ne peut rien y changer. Bien sûr, il y a une pandémie, mais les déplacements sont possibles. Si certains joueurs ont trop peur de venir, eh bien, au moins les choses sont claires sur les conditions d’accueil pour tout ceux qui viennent jouer. Je n’y vois aucun problème.
L’US Open mérite-t-il l’étiquette de Grand Chelem ? Regardez notre émission Match Points sur ce sujet.
Cela sera-t-il d’autant plus spécial pour le vainqueur cette année ?
Oui ! Même sans public. Bien sûr, c’est un des sentiments les plus particuliers au monde de gagner devant une foule entière, avec les gens qui regardent et qui en font une expérience. Mais si les spectateurs sont absents, c’est pour la sécurité de tous. Les choses se passent comme elles doivent se passer.
Les meilleurs joueurs ont accès à une suite dans le stade Arthur-Ashe, cette année, pour faciliter la distanciation physique. Comment sont-elles ?
Elles sont très bien. J’en ai rêvé, ils l’ont fait. C’est très confortable. Cela vous fait ressentir le luxe d’être un joueur de tennis de haut niveau.
Après une telle coupure, êtes-vous inquiet par rapport au risque de blessure ?
J’ai eu une très bonne préparation, et j’ai un programme pour prévenir les blessures. Mon équipe sait ce qu’elle fait avec mon corps. Je n’ai pas à m’inquiéter. J’ai juste besoin de faire mon travail. Mon équipe s’occupe du reste. Quand une blessure survient, c’est toujours de façon imprévue. Je touche du bois, j’espère que rien ne m’arrivera. Si je dois jouer en cinq sets, et que je dois pousser mon corps dans des situations compliquées, je suis préparé pour cela. Je suis physiquement prêt. Je le sens. Tout est intact et tout est en place.
Tsitsipas débute le Masters de Cincinnati dimanche contre le Sud-africain Kevin Anderson. Retrouvez le tableau complet et le programme du tournoi.
Entretien réalisé par Simon Cambers et traduit par Samuel Hamon.