“Ce n’est pas la Grosse Pomme, c’est la Grosse Bulle !”

Alors que le tournoi de Cincinnati débute samedi, les joueurs et leur staff découvrent la vie sous bulle, ses contraintes, et la surveillance permanente.

Stade Arthur Ashe Stade Arthur Ashe

Andy Murray qui prend son petit-déjeuner – donut, smoothie et sandwich – devant le court central Arthur-Ashe, Dominic Thiem qui s’amuse à envoyer une balle dans la loge de Diego Schwartzman à l’autre bout du stade, Kristina Mladenovic qui regarde la demi-finale du PSG contre Leipzig, en Ligue des champions de football, depuis le court central de Flushing Meadows…

Les joueurs se sont déjà habitués à leur “vie sous bulle”, à New York, et ont tenu à le montrer sur les réseaux. Le Masters 1000 de Cincinnati débute ce samedi dans le stade construit en 1978 pour l’US Open, à plus de mille kilomètres de l’Ohio. Des mois d’attente et d’incertitude se terminent pour les meilleurs joueurs de tennis du monde, qui débuteront ensuite l’US Open, le 31 août, dans ce village coupé du monde.

Le programme du jour de “Cincinnati”
L’agenda de l’US Open 2020

Chaque joueur qui dispute le tournoi de Cincinnati, délocalisé à New York, est bien arrivé dans sa bulle : une chambre avec canapé, télévision, cuisine, et même un balcon qui donne sur le court, par détournement de l’usage des loges. Un privilège réservé aux têtes de série, pour limiter les embouteillages dans les vestiaires. Les autres sont à quelques minutes en voiture, à l’hôtel. “Ce n’est pas la Grosse Pomme, mais la Grosse Bulle !” s’exclame Sofia Kenin, vainqueure de l’Open d’Australie en début d’année, en jouant sur les sonorités de “Apple” et “Bubble” en anglais.

Dès leur arrivée aux Etats-Unis, chaque joueur et joueuse a dû se soumettre à un test et une quarantaine de 24 heures. Impossibilité de sortir de sa chambre avant d’avoir reçu le sésame de l’USTA (la fédération américaine), un SMS : “Votre test est NÉGATIF”.

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Huit joueurs ont tout de même préféré louer une maison à leurs frais plutôt que de rester dans l’un des deux hôtels privatisés pour le Masters de Cincinnati et l’US Open. Une entaille dans le protocole de l’USTA, qui a finalement accepté sous la pression du numéro un mondial masculin, Novak Djokovic, afin d’éviter une vague de forfaits pour les deux tournois. “C’est un investissement pour moi, mais je sais que c’est une bonne chose, a expliqué le Serbe, qui a opté pour une maison avec un énorme jardin. Je suis sûr que beaucoup de joueurs aimeraient me rejoindre ! En fait, plusieurs me l’ont même fait remarquer”. “Bien sûr, concluait le Serbe avec un sourire narquois, cela ne va pas arriver.”

Djokovic : “C’est un luxe”

Je suis reconnaissant de pouvoir me permettre ce genre d’investissement, a souligné Djokovic. C’est assez significatif. Surtout dans ces circonstances. Avoir l’opportunité d’être dehors, d’avoir un jardin et un peu de paix… Oui, c’est un luxe.”

Je ne voulais pas être à l’hôtel car j’ai des problèmes pulmonaires, a expliqué de son côté Serena Williams, lors d’une conférence de presse virtuelle. J’ai senti qu’il y aurait eu des risques pour moi.

La championne de 38 ans, comme Djokovic, peut se permettre financièrement de louer une maison XXL pendant la durée des compétitions. “Chez moi, je contrôle la situation, a poursuivi Williams. Il n’y a pas de risques. J’ai vraiment besoin de gérer mes problèmes de santé pour pouvoir performer à New York.” Même pour les joueurs qui logent dans une maison privée, interdiction d’aller au restaurant à Manhattan, de se promener dans le Queens, ou de rendre visite à des amis à Brooklyn. L’identité des six autres joueurs ou joueuses qui ont choisi leur dispositif privé n’a pas été rendue publique.

Les organisateurs s’assurent qu’on ne va pas en boîte de nuit ou au restaurant !, sourit Serena Williams. Le risque est que certaines personnes aient envie de sortir. Mais je veux être sûr que tout le monde reste dans cette bulle géante. Il y a un tableau de 128 joueurs chez les hommes comme chez les femmes pour l’US Open. Ça fait beaucoup de monde dans la bulle. Pour l’instant, tout se passe bien.

Dominic Thiem “Nous sommes plus en sécurité dans cette bulle que n’importe où sur la planète”

Dans les locaux de Flushing Meadows, les restrictions sont claires. Des panneaux “Ne franchissez pas cette ligne !” ont été disposés, et les distanciations physiques sont surveillées par quarante “policiers de la distances sociale”. Un système de filtration de l’air a même été installé sur le site, et 500 000 masques ont été achetés. Ils sont obligatoires, en dehors de la salle de sport et du court. Sur 1400 tests effectués par la fédération, un seul s’est révélé positif au Covid-19. Et Guido Pella et Hugo Dellien ont été contraint de se retirer du tournoi de Cincinnati après avoir été en contact avec la personne infectée, leur préparateur physique.

Les joueurs et joueuses communiquent sur leur totale confiance dans le dispositif. “Honnêtement, je suis à 0% nerveux ou craintif de voyager ici, a appuyé Dominic Thiem, le numéro 3 mondial. Je pense que nous sommes plus en sécurité dans cette bulle que n’importe où sur la planète.

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Tout est parfait à l’hôtel, renchérit Andy Murray. “Je suis serein. La sécurité est très sérieuse sur tout le site. Elle s’assure que tout le monde porte son masque. Il y a du gel hydroalcoolique partout. Tout le monde respecte les règles. J’ai moi-même été testé deux fois. Et puis, il y a de la nourriture différente à chaque fois, et tu peux même te faire livrer.”

Un duo Tsitsipas-Cornet au karaoké

Le vainqueur de trois Grands Chelems avoue même se sentir comme “un enfant” avec les jeux et activités misent en place sur le site. Minigolf, padel, ping-pong, billard géant, panier de basket, flippers, golf virtuel… L’ennui était le meilleur ennemi des joueurs privés de sortis à New York ; tout a été fait pour le conjurer. “Et il y a même un karaoké !, lance Coco Gauff. Mais je ne sais pas s’il va avoir du succès car personne ne voudra chanter devant tout le monde…

Erreur. Jeudi, sur l’écran géant du parking de l’hôtel, Stefanos Tsitsipas et Alizé Cornet ont repris ensemble Imagine de John Lennon. Le Grec commence à être un habitué de la chanson. Lors de l’Ultimate Tennis Showdown, le numéro 6 mondial avait déjà repris le titre Apologize de Timbaland, en plein match. La vie sous bulle n’a probablement pas fini de proposer quelques surprises d’ici au 13 septembre.

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