L’Open 13, “à 80% la semaine du 8 mars”, celle d’Indian Wells (Caujolle)
Jean-François Caujolle accepte les incertitudes sur le calendrier et a déjà déplacé son Open 13 pour laisser la place à l’Open d’Australie. Il espère une décision rapide d’Indian Wells.
Jean-François Caujolle est un optimiste de nature, alors ce ne sont pas les incertitudes qui planent sur le calendrier ATP qui vont changer son état d’esprit. Evidemment, le directeur du tournoi de Marseille aimerait – comme tout le reste du monde du tennis – que la situation soit rapidement clarifiée, mais le directeur de l’Open 13 (ATP 250), reporté à une date indéterminée, a de nombreuses options à disposition. Alors qu’il s’attend à ce que l’Open d’Australie (sur son report) et Indian Wells se prononcent définitivement dans les jours à venir, Caujolle affirme qu’il sera flexible quoiqu’il arrive.
“Je ne vois pas nos tournois comme étant d’abord un business. Ils sont là pour assurer le développement du jeu. C’est ça qui compte. Il faut que ça joue, il faut continuer, c’est important pour tout le circuit, et évidemment pour les joueurs. Même à huis clos, je jouerai à l’Open 13, car on doit jouer notre rôle même si on perd de l’argent. On respectera évidemment toutes les mesures sanitaires, on appliquera une jauge si on nous le demande, que ce soit une personne sur quatre ou autre.”
Voilà pourquoi son Open 13 se jouera bien encore en 2021 à Marseille. Quand et comment ? Ça reste à voir. L’attente est forcément difficile mais Caujolle fait avec :
“C’est un peu agaçant mais c’est comme ça. On sera prêt de toute façon car on avait déjà étudié toutes nos options.”
Parmi elles, celle de la semaine initiale du 15 février a été abandonnée et ne ferait éventuellement son retour qu’en cas d’annulation de l’Open d’Australie :
“Cette fenêtre de tir-là, aujourd’hui, je l’évalue à 10% car l’Open d’Australie devrait se jouer.”
Caujolle donne aussi 10% de chances à la possibilité de jouer l’Open13 sur la semaine du 22 février, dans la foulée de Melbourne.
Un report d’Indian Wells tient la corde
Non, l’option qui a les faveurs de l’organisateur français, c’est la semaine du 8 mars :
“Là on est sur du 80%. C’est l’option qui est dans l’air du temps.”
Pourquoi ? Parce que Caujolle s’attend à avoir la confirmation que les organisateurs d’Indian Wells, situé en Californie, où l’épidémie de Covid-19 explose, vont renoncer à leurs dates initiales (12-22 mars) et annoncer un report du tournoi. Ce qui laissera la place pour des tournois en Europe, et notamment Marseille, que ça arrangerait bien finalement.
“Le calendrier prend forme, et sans Indian Wells, ça faciliterait les choses. Le 8 mars ce serait aussi parfait par rapport à l’évolution du Covid-19.”
Ce que Caujolle n’envisage quand même pas vraiment, c’est l’annulation de l’Open d’Australie.
“C’est compliqué car là ce ne sera pas une décision des organisateurs, comme avec Indian Wells mais du gouvernement (local) australien. Je pense qu’il est quand même peu probable que l’Open d’Australie ne se joue pas. Ils vont donner des dérogations. Mais pour le moment, il reste que ce n’est pas validé.”
Pas question pour lui, en revanche, de s’agacer d’un circuit pris en otage par un seul tournoi, même du Grand Chelem.
“La priorité, ce sont les tournois du Grand Chelem, alors on sait que, jusqu’au dernier moment l’Open d’Ausralie va essayer de se caler. On se rend quand même compte que Roland-Garros a eu raison de trancher rapidement. Le circuit se bâtit autour des majeurs, c’est normal. On est petits, à côté d’eux. Maintenant, autant c’est normal d’attendre l’Open d’Australie, autant c’est moins acceptable de se retrouver à attendre Indian Wells.”
Les tournois possiblement impactés par la décision d’Indian Wells ont d’ailleurs donné une date butoir aux Californiens pour se décider.
“La priorité, ce sont les tournois du Grand Chelem”
L’expérimenté Jean-François Caujolle – il a dirigé le Rolex Paris Masters et créé l’Open 13 en 1993 – a suffisamment parcouru les coulisses du circuit pour être capable de prendre du recul sur la situation. Celle-ci ne fait pas exception, et il porte un regard intéressé sur le comportement des Masters 1000, notamment sur ceux qui pourraient passer à un tournoi de deux semaines en 2021 à l’image de Madrid.
“Ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est dans les discussions depuis dix ans. Mais oui je regarde ça avec grand intérêt. A l’Open 13, on a la chance d’être placé à distance de ces Masters 1000 comme Madrid ou Rome (mai) et Shanghai (octobre), mais pour d’autres, la réforme du calendrier aura des conséquences.”
Il ne s’en fait pas trop en revanche pour les conséquences de la crise du Covid-19 sur l’économie du circuit.
“Il n’y aura pas de soucis pour les gros événements, ni pour les plus petits comme Marseille qui ont toujours eu une situation stable. On voit que les partenaires principaux comme Rolex, BNP Paribas ou Emirates sont toujours là : c’est quand même un bon signe sur la santé économique du tennis.”
Diminuer les prize money ? Caujolle dit non
Jean-François Caujolle est si optimiste pour l’avenir de son sport qu’il ne voit pas pourquoi il faudrait diminuer significativement les montants du prize money des joueurs.
“Ce prize money, il n’est déjà pas assez élevé dans les ATP 250 ! C’est comme si un club de football de deuxième division décidait de faire venir Ronaldo et lui demandait un rabais. Le business fonctionne, alors moi je suis plutôt d’accord pour dire qu’il faut augmenter le prize money.”
Si l’ancien 59e mondial (en 1977) prône le changement, c’est sur le montant des garanties données à certains joueurs pour s’assurer de leur présence. S’il comprend qu’il faille casser la tirelire pour Djokovic, Federer et Nadal, il a plus de mal avec d’autres qui tentent de s’aligner sur ces tarifs.
“Il y a une surenchère qui n’est pas toujours à la hauteur du retour qu’on peut avoir.”
Voilà ce que la crise actuelle pourrait changer. Et Caujolle s’attend également à des opportunités à saisir pour les tableaux des tournois plus petits.
“Si Indian Wells, ou même l’Open d’Australie, ne devait pas se jouer, il faudra bien que les gars jouent quelque part…”