Hurkacz : « Voir Swiatek gagner Roland-Garros nous a montré que c’était possible »
Hubert Hurkacz n’avait jamais aussi bien joué au tennis que cette semaine à Miami. Le nouveau visage du tennis polonais explique humblement son explosion.
Parmi tous les membres de la NextGen, ces joueurs âgés de 25 ans ou moins qui ambitionnent de prendre la relève du Big Three, Hubert Hurkacz était le moins attendu pour gagner à Miami. Mais ni Daniil Medvedev, ni Stefanos Tistsipas, ni Alexander Zverev, ni Andrey Rublev n’ont su saisir cette opportunité à la place du Polonais. “Huby” Hurkacz, 24 ans s’est même chargé d’éjecter lui-même deux de ces joueurs (Tsitsipas et Rublev) avant de mettre Jannik Sinner sous pression en finale (7-6, 6-4). L’Italien de 19 ans a manifestement senti le poids des attentes. La solidité d’Hukacz, de plus en plus forte au fil des tours, a eu raison de cette fébrilité. Le Polonais a raconté en conférence de presse la meilleure semaine de sa vie.
Quelle a été la clef de cette victoire inattendue à Miami ? A commencer par la clef de la finale contre Jannik Sinner ?
Pour être capable de lutter avec Jannik, vous devez présenter de solides arguments. C’est un joueur de folie, un grand compétiteur, en plus d’être une belle personne. J’ai donc cherché à rester aussi solide que possible, pour endiguer sa puissance, car si vous n’y arrivez pas, vous êtes sûr d’être dépassé. Je voulais rester dans le rythme de chaque coup et voir ce qui allait se passer. C’est un plaisir vraiment particulier de gagner un Masters 1000, le plus grand titre de ma carrière. J’étais un peu nerveux à la fin, il a failli revenir. Là encore, j’ai tâché de serrer le jeu et c’est passé.
Vous avez pu compter sur deux coups très forts pendant le tournoi : le revers et le service…
Merci. Oui le revers est notamment un coup qui m’a permis de placer souvent Andrey Rublev sur la défensive en demi-finale. C’est un coup avec lequel je cherche à me procurer des ouvertures. Mon service me donne beaucoup de points gratuits. Contre les jours du calibre de ceux que j’ai eus à jouer à Miami, c’est appréciable. Si j’arrive à tenir la bataille du fond, le service est le coup qui peut donner un avantage décisif. Contre Milos Raonic en huitième de finale, cela m’a aidé à rester dans le match au moment où il servait des bombes.
Hurkacz : “Je n’ai jamais aussi bien joué au tennis”
On vous a vu varier davantage en finale, et venir davantage au filet. Pourquoi ?
Jannik est un joueur hors norme, contre qui il faut pouvoir avoir beaucoup de variété. Il aime jouer du fond, il est très puissant. Si l’échange dure, il peut vous déporter très loin. Je voulais éviter ça en changeant un peu le rythme et en étant agressif.
Quel a été votre meilleur match cette semaine ?
Tous les matches ont été serrés et ont été gratifiants. Même le premier tour conte Denis Kudla où je m’en sors au tie-break du premier set.
Vous entrez dans le Top 20. C’est votre plus grand titre. Mais au-delà de ça, avez-vous la sensation de jouer le meilleur tennis de votre vie et comment comptez-vous enchaîner ?
A coup sûr, je n’ai jamais aussi bien joué au tennis. J’ai été solide à tous les matchs, j’ai trouvé la solution à chaque tour, et chaque victoire bonifiait ma confiance avant le match suivant. Je viens de vivre une expérience inhabituelle. Mon tennis progresse. On a travaillé très dur avec mon coach, CB (Craig Boynton, ndlr), et je suis heureux d’avoir recueilli les fruits de ce travail ici à Miami. Mais j’ai une marge de progression partout. J’ai commencé la saison en étant très confiant en mes moyens. Gagner un grand titre si tôt, ça me prouve que c’est possible.
“J’étais très fier quand Iga a gagné Roland-Garros”
Vous êtes invaincu cette année en Floride, avec une victoire au tournoi de Delray Beach en janvier et cette victoire à Miami. Est-ce un hasard ?
Je me suis entraîné cinq mois ici l’année dernière. On peut dire que je me suis habitué à l’environnement et que c’est un avantage. Maintenant, les conditions de jeu sur les deux sites sont différentes. Les balles notamment. Mais je suis à l’aise sur les deux.
Comment voyez-vous l’avenir du tennis polonais ? Votre victoire arrive six mois après la victoire d’Iga Swiatek à Roland-Garros.
Oui j’étais très fier quand Iga a gagné Roland-Garros. Et elle nous a prouvé, moi y compris, que les grands titres pouvaient être accessibles. On a aussi Lukasz Kubot, qui a gagné des Grands Chelems en double en Australie et à Wimbledon. Peut-être que je vais inspirer des jeunes en Pologne à mon tour, mais on a aussi Kamil Majchrzak (25 ans, 118e mondial), Kacper Zuk (22 ans, 221e mondial), et des joueurs de double comme Jan Zielinski (24 ans, 201e en double) et Szymon Walkow (25 ans, 139e en double). On leur montre, je l’espère, qu’il est possible d’atteindre le plus haut niveau. Je suis très fier d’être polonais et extrêmement reconnaissant du soutien que je reçois des gens de mon pays.
Since 1970, here are all of Grand Prix Super/Masters Series/Masters 1000 singles F where 🇵🇱players were finalists:
'78 Hamburg Vilas bt 𝐖.𝐅𝐢𝐛𝐚𝐤
'81 Philadelphia Tanner bt 𝐖.𝐅𝐢𝐛𝐚𝐤
'12 Paris Ferrer bt 𝐉.𝐉𝐚𝐧𝐨𝐰𝐢𝐜𝐳
'21 Miami 𝐇𝐮𝐛𝐞𝐫𝐭 𝐇𝐮𝐫𝐤𝐚𝐜𝐳 bt Sinner pic.twitter.com/9muamzxrm1— www.db4tennis.com (@DB4Tennis) April 4, 2021
Quelle est votre relation avec Wojtek Fibak, le dernier joueur Polonais à avoir gagné un titre sur le circuit avant vous (Winston Salem 2019, ndlr) ?
Déjà, c’était un joueur incroyable et je respecte énormément son palmarès (Fibak a été 10e mondial en 1977 et a gagné 15 titres sur le circuit, ndlr). ll a aussi une grande expérience en tant que coach et une excellente connaissance du tennis. C’est un luxe pour le tennis polonais de pouvoir s’appuyer sur une personne de son expérience, et aussi si aimable et disponible. Il a toujours un mot agréable.