D’après un physiothérapeute de l’ATP, Djokovic n’est pas fait du même bois que les autres
Le débat continue. Plusieurs jours après la fin de l’Open d’Australie, la déchirure abdominale de Novak Djokovic fait encore jaser. Pour tenter d’apporter des réponses, le média hispanophone Punto de Break a contacté un physiothérapeute de l’ATP.
Après son sacre à l’Open d’Australie, Novak Djokovic l’a révélé : sa déchirure abdominale est passée de 1,7 cm à 2,75 cm au cours de son parcours. Et, en même temps qu’elle s’agrandissait, doutes et critiques enflaient. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont subitement enfilé une blouse blanche pour s’installer devant le clavier et lâcher leurs avis pseudo-médicaux. Plusieurs jours après le Majeur australien, le débat a continué à s’étaler. Pour tenter de l’élever, Punto do Break a contacté un physiothérapeute exerçant sur le circuit ATP.
“La première chose à savoir, c’est que les muscles des abdominaux sont constitués de milliers de fibres allant dans des directions différentes”, a-t-il expliqué. “C’est une zone très délicate à traiter, comparée aux autres muscles. Quand vous avez une déchirure, il faut voir dans quelle direction elle s’est faite. Si c’est dans une direction opposée aux fibres, je dirais qu’il est presque impossible de jouer. Si c’est dans la même direction, vous pouvez jouer, mais avec une forte douleur. Ça dépend également de la profondeur de la déchirure.”
Touché au troisième tour alors qu’il menait deux sets à zéro face à Taylor Fritz, Djokovic, comme il l’a confié, a songé à l’abandon au moment du temps mort médical. Cogitant pendant l’intervention du kiné, il a finalement décidé d’aller au bout de lui-même pour s’imposer en cinq actes. Quelques jours plus tard, il soulevait son 18e trophée du Grand Chelem. Si, intérieurement, la souffrance devait taper de plus en plus forte à la porte, le Serbe ne lui a jamais ouvert. Jusqu’à la fin du tournoi, il a laissé les grimaces au placard.
“Personnellement, je ne connais personne qui puisse frapper dans la balle comme l’a fait Djokovic avec une déchirure”, a poursuivi le physiothérapeute. “Ça me laisse penser que Djokovic est fait d’un autre métal, ou que la blessure était peu profonde. Quand elle est profonde, c’est quasiment impossible de bouger et lâcher ses coups. Pourtant, il a réussi à le faire. Je ne sais pas comment, mais il l’a fait. Ces joueurs (Djokovic, Nadal…) ne sont pas faits du même bois que les autres.”
Néanmoins, en plus des capacités naturelles propres à chacun pour endurer les peines, ce professionnel de la médecine a évoqué quelques pistes.
“Pendant un match, l’adrénaline peut couvrir la douleur en libérant des hormones comme le cortisol”, a-t-il détaillé. “Mais le problème revient après la partie et pendant les jours de repos. Il est probable que les médecins de l’ATP lui aient donné des analgésiques pour soulager la souffrance (Novak Djokovic a confirmé avoir pris des anti-inflammatoires, NDLR). Avec ce type de blessure, on procède aussi, habituellement, à des traitements au plasma enrichi pour activer le métabolisme de la zone touchée (et favoriser la guérison). Mais je ne pense que cela ait été fait en plein milieu d’une compétition.”
Bichonné par “les mains magiques », comme il les a qualifiées, de son kiné, Novak Djokovic a divisé les fans. Certains le jugent simulateur, d’autres admirent son abnégation. Quoi qu’il en soit, le débat devrait ressurgir avant la fin de l’année. Le numéro 1 mondial l’a annoncé, un documentaire à son sujet doit sortir courant 2021. Celui-ci dévoilera, entre autres, “les détails de sa récupération” pendant l’Open d’Australie. D’ici-là, pro et anti Djokovic vont sans doute continuer à se déchirer encore un peu plus.