Crampes, balles de match, toilettes… : 6 raisons qui ont fait de Humbert – Tsitsipas un match fou

Il y a le score (7-6, 6-7, 7-6), il y a la durée (3h16), il y a la perf (victoire contre le n°5 mondial) : mais le deuxième tour du Rolex Paris Masters entre Ugo Humbert et Stefanos Tsitsipas a surtout été un match à émotions fortes, décrites ici par le joueur français.

Ugo Humbert Rolex Paris Masters 2020 Ugo Humbert Rolex Paris Masters 2020

3h16, trois tie-breaks, une tension à son comble malgré l’absence de public : Ugo Humbert et Stefanos Tsitsipas se sont livré un gros combat mardi, au deuxième tour du Rolex Paris Masters. Cette bataille indécise a souri au Français (7-6, 6-7, 7-6) qui s’est épinglé son deuxième top 10 – Tsitsipas est 6e mondial – après Daniil Medvedev, sur la terre battue d’Hambourg. Cette rencontre face au Grec a été pleine de rebondissements et de faits de jeu : Humbert a disputé quatre tie-breaks en deux jours avec toute la fatigue du match précédent, le Français a manqué quatre balles de match avant de lever les bras une heure après sa première occasion. Il a même semblé prendre à la légère une balle de match invalidée de peu dans le troisième set, où il semblait euphorique tant il se surprenait à tenir alors qu’il avait des crampes dès le début de la manche. Sans oublier la sortie impromptue de Tsitsipas à 3-3 dans la dernière manche. Ni le fait que son nouveau coach, Nicolas Copin, soit venu sur le court pour porter le sac de son protégé à la fin. Autant d’événements qui en ont fait un des matches les plus spectaculaires de la saison.

1. La fatigue de la veille

Ugo Humbert est un dur au mal. Lundi, il a passé 2h10 sur le court et disputé un tie-break au troisième set pour venir à bout de Casper Ruud au premier tour. “J’ai quand même puisé dans mes réserves lundi.” Un peu plus de 24 heures plus tard, il était sur ce même court central pour défier Stefanos Tsitsipas. Ils ont disputé trois tie-breaks.

« Tsitsipas a très bien commencé. Il n’a pas donné. Il prenait tout. J’ai senti, dès le début, que ça allait être dur physiquement. Je ne savais pas jusqu’à quand. J’ai joué sans me poser de question et en mettant de l’intensité. Au bout de 2 heures et demi, 2h40, ça commençait à être dur. »

2. Les balles de match vendangées

Après avoir remporté la première manche au tie-break, Ugo Humbert n’est pas parvenu à chiper la mise en jeu adverse dans le deuxième acte. Pas plus que Tsitsipas. Les deux hommes ont alors disputé un nouveau jeu décisif, qui semblait promis au Français. Il a mené 5 points à 1, puis 6-3, se procurant ainsi trois balles de match. En vain, il a perdu les cinq points suivants et donc la manche.

« Cela a été dur la fin du second, quand je suis revenu à la chaise, mais je n’avais pas le droit de m’écouter, je n’avais pas le droit de baisser les armes tout simplement. Très vite, j’ai réussi à me remobiliser sur le troisième. Maintenant, on est à un set partout, égalité, on y va, on continue, on n’a pas le choix. Très vite, j’ai réussi à être opportuniste, je me suis dit : “c’est peut-être le bon moment, peut-être que lui va commencer à baisser et se dire qu’il a raté sa chance, etc”. »

3. Les crampes survenues rapidement

“J’ai commencé à cramper au début du troisième.” Après avoir passé plus de quatre heures sur les courts du Palais omnisports de Paris-Bercy, Ugo Humbert s’est retrouvé en difficulté physique dès le début de la troisième manche. Ca ne lui a pas empêché de prendre la mise en jeu de Tsitsipas d’entrée et de tenir jusqu’au bout. “Depuis le début du troisième, je jouais sur une jambe.” Alors, il a joué relâché, avec beaucoup de détachement par rapport à l’enjeu.

“C’est irréel (ce détachement). J’ai essayé d’être très relâché, de faire le maximum, et oui j’étais opportuniste, j’étais obligé d’y aller. Je suis allé chercher le match. J’ai très bien servi les derniers jeux, j’ai passé beaucoup de premières. Oui, je me suis bien marré, je me suis bien éclaté.”

4. La pause toilettes de Tsitsipas

Troisième set. Humbert, qui crampe depuis le début de la manche, a fait le break d’entrée, avant de se faire rejoindre à 3-3 après 2h42 de jeu. Moment choisi par Stefanos Tsitsipas de demander à aller aux toilettes, demande acceptée en fin de manche, tolérée à un changement de côté, beaucoup moins à ce moment. Mais il a pu sortir du court.« Je n’ai toujours pas compris. C’est la première fois que je vois ça. Même à la télé, je n’ai jamais vu ça. Ça faisait 2 heures 40.”

Mais le Lorrain a trouvé du bon. dans cette pause étrange.

“Ça m’a fait du bien. J’ai pu récupérer un peu, boire un peu. Franchement, ça ne m’a pas dérangé. J’étais un peu étonné mais pas plus que ça. Ça m’a donné un peu de temps. Donc non ça ne m’a pas dérangé. »

5. Une balle de match invalidée dans un franc sourire

Il s’était procuré trois balles de match dans le tie-break du deuxième. Alors à 6 points à 2 dans le jeu décisif du troisième, comment ne pas se tendre de nouveau ? Humbert, perclus de crampes, peinait à marcher et à se déplacer. Alors, il a lâché ses coups. Et à 6 points à 2, il a tenté le retour en gagnant en revers, annoncé faute par le juge de ligne, finalement overrulé par l’arbitre de chaise. Le challenge est finalement demandé par Tsitsipas. La balle pourrit à quelques centimètres de la ligne. Beaucoup auraient dégagé une attitude négative ou de la frustration. Humbert, lui, en rigole de longues secondes, benêt. Etonnant à ce moment de la rencontre. Le contraste avec son adversaire, extrêmement concentré, est saisissant.

« Cela fait un petit moment que je rigolais. La situation était drôle, je trouve. Je me disais “c’est énorme”. J’étais toujours dans le match. Depuis le début du troisième, je jouais sur une jambe. J’étais mort de rires ; je me disais : “ça va durer jusqu’à quand ? C’est complètement dingue.” Ça m’a fait rire. Je me suis dit : “Bon bah ce n’est pas grave si je l’ai ratée, ce sera pour la suivante”. Je me suis reconcentré après. (…) J’étais prêt très vite à me dire que c’était possible qu’elle soit faute et à me concentrer sur le prochain point mais, oui, j’ai trouvé cela marrant. »

6. Quand le coach s’occupe de porter le sac

Dernier moment improbable de cette rencontre épique, après la victoire d’Ugo Humbert. Son entraîneur, Nicolas Copin, avec qui il collabore depuis peu, est venu sur le court récupérer et porter le sac de son poulain, toujours en délicatesse physiquement. Il a évoqué ce moment en conférence de presse : « Mon sac est très lourd, j’avais mal partout et donc il est venu m’aider. »

 

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