Harrison : « C’est surréaliste, mais je suis déjà heureux de jouer »
Christian Harrison va disputer le premier quart de finale de sa carrière sur le circuit ATP à Delray Beach, après la plus grande victoire de sa carrière face à Cristian Garin. Il savoure, mais les blessures et les opérations lui ont appris à relativiser.
La coutume veut désormais que les vainqueurs répondent aux premières questions sur le court. Mais à Delray Beach, Christian Harrison a séché la case confessions dans la foulée de sa victoire contre la tête de série n°1 du tournoi, Cristian Garin (7-6, 6-2), totalement inattendue pour un 789e mondial déjà heureux de s’être extirpé de deux tours de qualification. Harrison assure qu’il ne se sentait pas trop ému pour témoigner. Il est possible d’en douter, mais sa conférence de presse a permis d’en savoir plus sur la trajectoire cabossée du frère aîné de Ryan Harrison, âgé de 26 ans et déjà rescapé du tennis.
Christian Harrison, on imagine que cette victoire a une résonance particulière…
Oui, j’ai connu de longues période d’absence au cours de ma carrière avec huit opérations (voir bas de page), cela m’a aidé à voir la vie autrement, à prendre du recul. Aujourd’hui c’est une belle victoire, mais je savoure surtout chaque jour ma chance de pouvoir jouer et m’entraîner. Pendant le confinement, je n’avais par exemple aucun problème pour jouer, mon voisin me prêtait le court qu’il avait sur son terrain. J’aime ce sport, et ce type de moment me conforte dans mon envie de jouer au tennis au cours des prochaines années. C’est un peu surréaliste pour moi de me retrouver en quart de finale à Delray Beach. Je le dois au fait que je n’ai pas perdu ma motivation. Les années difficiles que j’ai passées font que je n’ai pas beaucoup de difficulté à trouver du plaisir dans ma routine quotidienne.
Si vous deviez comparer cette victoire contre le 22e mondial par rapport aux autres émotions de votre carrière, où se situerait-elle ?
C’est à coup sûr la plus grosse performance de ma carrière et la plus grosse émotion, beaucoup de choses me sont passées par la tête, à chaud après la victoire. Maintenant, je ne suis pas du genre à me répéter à quel point c’est fou. Ce soir je vais rentrer chez moi manger mes sushis, boire mon Starbucks et parler à quelques potes au téléphone, comme je le fais tous les jours. Je vais savourer simplement.
Où avez-vous puisé la force dont vous aviez besoin pendant ces années ?
Mon père a été le soutien le plus important, sans hésitation. Dans la vie comme dans le tennis, il a toujours eu les mots justes même dans les moments les plus durs. Je me sens chanceux d’avoir persévéré et d’avoir été bien entouré. Le tennis offre parfois ce genre d’opportunité. Mais si j’ai bien tenu le choc, c’est parce que j’ai derrière moi beaucoup de matchs très, très serrés, du genre de ceux qu’on dispute en qualifications.
NDLR : Le New York Times avait donné, en 2016, la liste des opérations de Christian Harrison ayant nécessité des opérations : une infection à un os de la jambe gauche qui l’a privé de l’usage de sa jambe pendant presque deux ans, deux problèmes aux deux hanches, un ligament abîmé au poignet, des douleurs aux adducteurs ayant nécessité des opérations aux hanches, un problème à l’épaule, une mononucléose ayant nécessité une opération des sinus.