Benoît Paire, entre défaite et gros coup de blues à Santiago
Balayé 6-2, 6-3 en 1 heure par Holger Rune – 17 ans, 410e mondial – pour son entrée en lice à Santiago du Chili, Benoît Paire est apparu totalement abattu et résigné sur le court.
Il avait choisi la tournée sud-américaine pour faire une cure de plaisir. Fuyant la “tristesse” du circuit européen entre froid et ambiances tristounettes, Benoît Paire s’est rendu en Argentine. Pour le soleil, la piscine, la Quilmès (bière locale) et le public. Choix payant. Un temps. Après une première victoire face à Nicolas Jarry à Córdoba, le tableau s’est noirci. Battu ensuite par Federico Coria, puis Francisco Cerúndolo à Buenos Aires, le Français s’est enfermé dans ses dérapages laissant des traces de crachat. Parce que la recherche du plaisir a fait choux blanc. Le coup de blues est venu imposer sa mélodie. En jouant fort. Ce mercredi, à Santiago du Chili, dans un stade privé de spectateurs, Paire a traîné sa peine. Dès l’entame du match, après un premier break concédé face au jeune Holger Rune, la motivation l’a totalement quitté.
“Je ne prends aucun plaisir, j’ai juste envie de me barrer. Ce n’est pas grave, c’est la vie. J’en ai vraiment rien à cirer », a-t-il lâché, sans crier, à 6-2, 2-2.
“Tu ne vois pas que je n’ai plus envie là ?”, a-t-il ajouté à 6-2, 5-3, en se tournant vers ses proches. “Après ce match, je vais rentrer à la maison. Je ne peux pas. Tu ne comprends pas en fait.”
“Je ne prends aucun plaisir, j’ai juste envie de me barrer. Ce n’est pas grave, c’est la vie. J’en ai vraiment rien à cirer.”
Benoît Paire mené 2-6, 2-2 par le Danois de 17 ans, Holger Rune, 410e mondial, pour son entrée en lice à Santiago du Chili. pic.twitter.com/LgxlaBTCvw
— Quentin Moynet (@QuentinMoynet) March 10, 2021
Des mots lâchés presque laconiquement. Sans rage. Habitué à se révolter, en dépassant parfois les bornes, Paire a cette fois semblé résigné. Pas un cri. Pas une raquette brisée. Pas une colère. Il était simplement résigné. Abattu. Depuis sa finale à Auckland mi-janvier 2020, Paire est en panne de résultats. En un an et deux mois, il affiche 5 victoires pour 17 défaites. La pandémie n’ayant pas arrangé sa situation (2 victoires, 12 défaites depuis la reprise). Comme il le confie régulièrement, l’actuel 29e mondial n’est pas un féru de l’entraînement. il préfère accumuler les matchs officiels et jouer en compétition chaque semaine pour entretenir sa condition physique. L’arrêt du circuit envoyant cette méthode aux oubliettes, il n’a pas encore retrouvé sa forme optimale. Pis, mentalement, comme beaucoup d’autres, il vit mal la situation actuelle. Entre bulles et confinements, l’oiseau de nuit qu’il est, aimant profiter de son temps libre, se sent en cage.
Holger Rune poursuit son ascension
Mais, au haut niveau, le court est trop petit pour accueillir les états d’âmes. Sans pitié, Holger Rune a écrabouillé Benoit Paire. En appliquant son plan à lettre. Pour appuyer là où ça fait mal, sur le point faible du Tricolore.
“Aujourd’hui (mercredi), j’ai surtout insisté sur son coup droit”, a-t-il expliqué en conférence de presse. “Je sais à quel point il peut être dangereux en revers. J’ai essayé d’envoyer des balles lourdes, avec beaucoup de lift, sur son coup droit. Et d’attaquer à chaque fois qu’il finissait par raccourcir. Je me sens super heureux d’avoir battu un joueur aussi talentueux que Benoît. J’ai beaucoup de respect pour lui, je le connais très bien.”
A 17 ans, le Danois, passé par les qualifications, dispute son deuxième tournoi sur le circuit principal. Invité la semaine passé à Buenois Aires, il s’était incliné d’entrée devant Albert Ramos-Viñolas. Cette fois, le voilà en quarts de finale, où il affrontera l’Argentin Federico Delbonis, tête de série numéro 8 de l’ATP 250 chilien. Quant à Benoît Paire, la suite de son programme doit normalement l’envoyer à Acapulco. Mais son coup de blues persistant pourrait sonner le glas de ses envies de voyages au Mexique.