Pourquoi Federer restera dans le Top 10 malgré son forfait à l’Open d’Australie
Malgré son forfait pour l’Open d’Australie, Roger Federer fera toujours partie du Top 10 à son retour à la compétition, fin février ou début mars, grâce au mode de calcul du classement sur 24 mois.
Le forfait de Roger Federer à l’Open d’Australie (8-21 février) est un coup dur pour les organisateurs du tournoi et les fans du Suisse. Mais après avoir reconnu récemment qu’il menait une course contre-la-montre pour être prêt à temps pour le premier Grand Chelem de la saison, alors qu’il poursuit sa rééduction suite à une double opération du genou droit en 2020, ce n’est pas réellement une surprise. L’agent du numéro 5 mondial, Tony Godsick, a confié à l’Associated Press que Federer espérait reprendre la compétition fin février et déciderait prochainement de son calendrier pour 2021.
Les trois raisons qui ont encouragé Federer à prendre cette décision
Sextuple vainqueur de l’Open d’Australie (2004, 2006, 2007, 2010, 2017, 2018), Roger Federer aurait fait certainement le voyage jusqu’à Melbourne s’il était prêt. A 39 ans, ses chances d’ajouter des unités à son total de 20 titres en Grand Chelem s’amenuisent, alors que le temps commence à faire son effet. Mais son absence n’est pas si problématique, pour au moins trois raisons, et la dernière – le classement ATP – n’est pas le moins intéressant.
- Il n’a aucun intérêt à s’aligner sans être à 100% de ses moyens. Il a besoin, à 39 ans, d’être en parfaite forme physique pour évoluer à son meilleur niveau. Jouer sans être prêt aurait pu le mener à un fiasco.
- Le quarantaine de 14 jours, le plus long séjour sur place qui en résulte et la réduction du nombre de personnes pouvant accompagner les joueurs en raison des restrictions liées à la COVID-19, qui aurait signifié laisser la famille à la maison. Et Federer vit sa vie en famille, ce n’est plus négociable.
- Rater l’Open d’Australie n’aura que peu de conséquences pour Federer au classement, grâce aux modifications apportées au système de l’ATP. Rappelons les.
Quand le circuit a repris en août 2020, le système de classement est d’abord passé d’un mode de calcul sur 12 mois – le “monde n’avant”, la “normalité” – à un nouveau sur 22 mois. En octobre, après la reprise du circuit, l’ATP a annoncé que serait désormais en vigueur un classement au meilleur des 24 derniers mois.
En clair, voici ce que ça signifie :
- Le principe : tous les points gagnés au cours des 12 mois avant mars 2020 sont comptabilisés pour deux ans, à moins qu’ils aient été remplacés en 2020 par de meilleurs résultats.
- L’application : tous les points gagnés depuis que le circuit a repris en août 2020, s’ils sont supérieurs à ceux remportés en 2019, restent actifs un an (à condition que le calendrier reprenne normalement son cours d’ici là).
- A partir de mars 2021, le circuit reviendra à un système sur 12 mois pour tous les nouveaux points engrangés, comme auparavant.
A compter de cette date, en partant du principe que tous les tournois pourront se disputer, les joueurs choisiront leurs 19 meilleurs résultats, en prenant en compte obligatoirement les quatre tournois du Grand Chelem, huit Masters 1000 au minimum et sept autres tournois (ATP 500, ATP 250, ATP Cup, Challengers et ITF).
Comme Rafael Nadal, qui n’a pas défendu son titre à l’US Open en 2020 tout en sachant qu’il garderait les 2000 points de sa victoire en 2019 malgré tout, Federer, actuellement classé numéro 5, sait que son forfait à l’Open d’Australie n’aura pas d’effet dévastateur pour son classement.
Quand il reviendra, fin février ou peut-être début mars, il le fera avec le même total de points que celui avec lequel il a quitté le circuit. En réalité, Federer ne peut pas perdre de points avant le 22 mars, après Indian Wells. Et même ça n’est pas certain, puisqu’il est fort probable que le BNP Paribas Open soit annulé en raison de la hausse des cas de Coronavirus en Californie.
Pas besoin de classement protégé pour Federer
En temps normal, être absent du circuit pendant un an aurait signifié que Federer aurait perdu tous ses points au classement et aurait eu besoin d’utiliser un classement protégé pour s’aligner sur les tournois. Cette possibilité est offerte aux joueurs qui sont absents du circuit sur blessure pendant six mois ou plus. Dans son cas, avoir manqué douze mois de compétition l’aurait autorisé à s’aligner sur douze tournois avec son classement protégé (déterminé par son classement d’avant sa blessure).
Le nouveau système de classement signifie qu’il n’aura pas à en faire usage puisqu’il sera toujours dans le Top 10. Federer pourrait toutefois perdre des places. ll ne peut certes pas perdre de point, mais les autres peuvent en gagner. Le Suisse pourrait ainsi dégringoler au maximum de trois places, en fonction des résultats de Stefanos Tsitsipas et Alexander Zverev sur les deux premiers mois de la saison.
Le système de classement sur 24 mois était fait, au départ, pour aider les joueurs les moins bien classés, qui ne peuvent pas gagner davantage de points et qui auraient risqué de sortir du classement, ce qui aurait impliqué d’importants pertes financières. Mais il vient aussi à la rescousses des meilleurs joueurs, et quand Federer reviendra, il n’aura pas à s’inquiéter de son classement – et donc de ses tirages au sort en Grand Chelem. C’est déjà ça.