Kevin Anderson : “Avec la PPTA, je ne vois pas comment on pourrait travailler ensemble”
Dans un entretien à Tennis Majors, Kevin Anderson, qui fait partie du Conseil des joueurs de l’ATP, ne voit pas comment collaborer avec le nouveau syndicat des joueurs, la PPTA, tout en niant des discussions intenses avec la WTA sur une possible fusion.
Kevin Anderson est un taulier du Tour. 34 ans, sur le circuit depuis 2007, au Conseil des joueurs de l’ATP depuis dix ans et même président d’octobre à décembre 2020… Le Sud-Africain a suivi l’évolution du circuit masculin, a vu l’ATP changer de président, être remise en question. Avant de partir en Australie pour y disputer un ATP 250 et l’Open d’Australie, le finaliste de Wimbledon 2018 a accordé une interview à Tennis Majors. De nombreux sujets ont été abordés : la fusion ATP/WTA, la question du vaccin, la PPTA, la santé mentale…
Tennis Majors : Quel est le plus gros défi de cette saison 2021 ?
Kevin Anderson : Essayer de mettre autant de tennis que possible dans le calendrier. Nous ne sommes fixés que jusqu’à Miami. Certains tournois ont dû être annulés, notamment Indian Wells. Mais nous avons évidemment d’autres sujets. Il y a une nouvelle gouvernance à l’ATP. Ils ont beaucoup d’idées à mettre en place. C’est le deuxième défi.
TM : En tant que joueur, lorsque vous voyagez avec tous les protocoles et les quarantaines à respecter, est-ce stressant ? Vous sentez-vous en sécurité ?
KA : Je pense que cela affecte certains joueurs plus que d’autres. Pour ma part, c’était vraiment difficile de voyager avec ma famille. Evidemment, ne pas jouer devant des spectateurs crée aussi une différence. Les quelques tournois auxquels on a pu participer avec des fans, c’était vraiment sympa. Apparemment, il y aura du monde en tribunes en Australie. On préfère vraiment ça.
Le plus stressant, c’est que beaucoup de choses sont hors de notre contrôle. Et si vous avez un test positif, vous serez mis en quarantaine, sans pouvoir jouer et, même si vous êtes vous-même en sécurité, il y a toujours une part d’inconnu. C’est d’autant plus difficile que la bulle parfaite ne peut pas être maintenue pendant que nous voyageons. Les tournois font tout ce qu’ils peuvent et mettent en place de vrais protocoles de sécurité, mais ce n’est en aucun cas une bulle complète et isolée, c’est si difficile à réaliser sur le plan logistique.
TM : Les vaccins arrivent. Est-il envisageable que le vaccin soit rendu obligatoire pour pouvoir jouer sur le circuit ? En avez-vous parlé ?
KA : Brièvement, lors de notre dernier appel. Quand les vaccins seront moins rationnés, nous devrons probablement en discuter davantage. Au départ, on a parlé du fait que si vous avez un vaccin, vous n’auriez pas besoin d’être soumis aux protocoles de test mis en place par l’ATP. Mais ensuite, on a discuté du fait que même si vous êtes vacciné, vous pouvez toujours propager le virus. Je pense donc qu’il reste encore beaucoup de questions à résoudre et que nous devons obtenir plus d’informations avant de commencer à décider de ce qui sera potentiellement obligatoire sur le circuit.
TM : Certains joueurs ont traversé une période difficile l'an passé. Jouer et gagner sa vie était difficile. Le Conseil a-t-il beaucoup réfléchi à la santé mentale des joueurs en ces temps particuliers ?
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KA : Nous avons sûrement manqué de recul en ce qui concerne la santé mentale et l’offre de services aux joueurs. Nous avons introduit deux ou trois choses : les joueurs peuvent parler à des médecins et nous avons accès à Headspace (et Sporting Chance). Mais si vous regardez, par exemple, le département de physio de l’ATP, nous avons un tas de personnes alors que je pense que sur la santé mentale, la prestation est à la traîne. C’est quelque chose qui est vraiment, vraiment important et je pense que nous devrions absolument augmenter le budget et apporter ce soutien aux joueurs.
TM : L'année dernière, il a été question d'une possible fusion entre l'ATP et la WTA, ou du moins d'une collaboration accrue. Qu'en pensez-vous ?
KA : Il n’y a pas eu de véritables discussions sur la fusion. Je n’ai pas vraiment beaucoup de choses à dire là-dessus, le sujet n’a pas vraiment été sur la table. C’est une idée en l’air mais avec des tas de détails à envisager. Il est évident que le tennis est plus fort lorsque tout le monde travaille ensemble, mais je ne peux pas vraiment commenter. Je sais qu’une partie du nouveau plan de la direction de l’ATP consiste à travailler avec ces entités séparées. Mais la WTA est évidemment un énorme partenaire pour l’ATP, c’est donc quelque chose qu’il faut vraiment examiner avec attention. Pour l’instant, ce n’est pas une discussion que nous avons eue en interne au sein de l’ATP ou avec la WTA.
TM : L’année dernière, l’Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA) a été créée. Pensez-vous que l’ATP et la PTPA peuvent travailler ensemble ? L’ATP a déclaré publiquement que ce n’était pas possible.
Eh bien… j’espère que tout le monde pourra travailler ensemble, parce que c’est ensemble que nous sommes plus forts. Mais en termes de logistique et de flux d’informations et de décisions, je ne vois pas comment nous pourrions travailler ensemble, du fait même de la façon dont nos structures sont mises en place. Je n’ai eu connaissance d’aucune de ces conversations, je ne sais pas quelle est la vision.
Les joueurs sont représentés par le Conseil et par les membres du Tour. Et notre structure est détenue à 50 % par les tournois, à 50 % par les joueurs. Mais même si vous aviez une entité détenue à 100 % par les joueurs, vous devriez quand même aller à la table et négocier avec les tournois. Donc, personnellement, je ne vois pas vraiment comment cela pourrait être beaucoup plus avantageux.
Je ne pense pas que le système actuel soit parfait. Et la nouvelle direction a beaucoup parlé d’une révision complète et d’un changement de la gouvernance, ce qui serait très important : la limitation des mandats, les conflits d’intérêts et d’autres choses de cette nature. Mais je continue de penser que cela doit être fait dans le cadre de la structure du circuit. Peut-être qu’il y a 30 ans, cela aurait pu être fait un peu différemment, mais dans l’état actuel des choses, je veux dire, nous parlons d’une organisation qui est une entreprise multinationale, en termes d’employés et de contractants. Ce n’est pas une micro-entreprise que vous pouvez facilement changer.