Gasquet : « A l’ATP, ils sont catastrophiques ! »
Richard Gasquet évoque sans langue de bois la situation du tennis mondial, l’UTS, la gouvernance de l’ATP et les critiques envers Novak Djokovic, dans un entretien paru ce mardi dans L’Equipe.
Le confinement n’a pas fait perdre sa franchise à Richard Gasquet. Pas du genre à garder ce qu’il pense pour lui, le Biterrois s’est encore fendu d’une sortie musclée, ce mardi 14 juillet dans les colonnes de L’Equipe, où le joueur français de 34 ans passe en revue l’actualité de son sport avec un langage toujours aussi cash, et aucune retenue dans ses propos.
Alors quand l’attitude de l’ATP, vis-à-vis notamment du contexte sanitaire et de cet US Open qui se profile toujours alors que le Covid-19 est en pleine recrudescence aux Etats-Unis, ne lui convient pas, Gasquet ne se gêne pas pour le dire. « À l’ATP, ils sont catastrophiques, ils ne disent rien aux joueurs. Ils sont tout simplement dépassés. Les conférences Zoom pour ne rien dire, je n’y assiste pas. »
Le récent demi-finaliste de l’UTS, battu par le futur vainqueur Matteo Berrettini, avoue prêter d’autant moins d’attention à ce que peut dire l’ATP qu’il sait qu’à l’arrivée, ce n’est pas l’instance qui aura le dernier mot.
« Ce sont les autorités qui décident, insiste bien le 50e mondial. Ni Bernard Giudicelli (le président de la FFT), ni le président de l’USTA (la Fédération de tennis des États-Unis) ne sont décisionnaires. Les Fédérations, ce sont des marionnettes ! », assène le vainqueur de la Coupe Davis 2017 avec les Bleus, comme il claquerait un revers long de ligne.
Et si à entendre beaucoup de ses confrères, l’US Open constitue un casse-tête, pour Gasquet, la solution est limpide. A condition d’accepter de s’y plier. « Tu vas à l’hôtel, tu restes dans ta chambre, il y a quelqu’un qui te file un plateau-repas, et tu sors pour aller jouer. Voilà (…) Il faut juste que ce soit très cadré. »
« Djokovic n’est pas président de la République ! »
A l’Adria Tour, il y a quelques semaines, cela ne l’avait pas été, et cela a débouché sur le fiasco que l’on connaît, avec dans l’œil du cyclone un Novak Djokovic de plus en plus décrié. Pour Gasquet, c’est trop simple de rejeter toute la faute sur le numéro 1 mondial.
Au passage, l’ancien membre du Top 10 mondial (numéro 7 en septembre 2007) invite Nick Kyrgios, trop critique à son goût, à se taire.
« On s’en br… de ce qu’il dit, Kyrgios. Ce n’est pas le plus important. Personne n’est exemplaire. Personne n’a de leçon à donner (…) Je n’aime pas les mecs qui ont défoncé Djokovic, c’était trop facile. À un moment, il y a un gouvernement qui donne les règles. Djokovic, il n’est pas président de la République. Il y a des gens au-dessus de lui qui ont décidé. Ce n’est pas lui le seul fautif. La chasse aux sorcières, c’est toujours très facile. Il a reconnu une erreur, tout simplement. »
Très remonté, le joueur aux quinze titres en simple ne décolère que lorsqu’il est invité à revenir sur la première édition de Ultimate Tennis Showdown, dont il a adoré le concept. Il l’avait déjà dit récemment, il le répète à nouveau dans L’Equipe ce mardi.
« C’était bien, je jouais avec de grands joueurs, c’était bien organisé. Et agréable à jouer. Tout va très vite, tout est rapide. Tous les points comptent. Pour le téléspectateur, c’est bien. Tu te sens plus libre. Tu peux parler un peu au coach. Des trucs qui sortent un peu de l’ordinaire. C’est sympa d’essayer de nouvelles choses. C’est trop aseptisé sinon. »
« Même Federer-Nadal, je ne peux plus le regarder »
Et notre « Richie national » de ressortir le bazooka, avec cette fois dans son viseur le côté poussiéreux du tennis et le conformisme de l’ATP.
« Sur l’ATP, tu peux rien faire, tu ouvres un peu la bouche, tu dis merde, c’est 3 000 $ d’amende. Le coach murmure quelque chose, on t’aligne direct. C’est insupportable ! (…) Et je ne peux plus regarder Roland-Garros, je ne peux pas regarder quatre ou cinq sets, même pour un Federer-Nadal. On est le seul sport où tu joues plus de quatre heures. Il faut qu’il y ait plus de liberté. Moins de faux-semblants. Plus de spectacle. Pouvoir parler au coach. Entendre ce que dit ton adversaire, ça peut être pas mal. Il faut réfléchir à certaines choses pour raccourcir le temps de jeu. »
Pour calmer Richard Gasquet, il en faudra davantage en revanche. D’autant que les nombreux points d’interrogation qui surplombent la saison de tennis actuellement n’arrangent rien.
« J’avais dit dès le début que le tennis allait être le sport le plus impacté par ce genre de pandémie. Ça se confirme. Là, on est dans le flou total. On ne sait rien sur les quarantaines éventuelles au retour des USA. Les avions ? Pour l’instant, tu ne peux pas réserver. Tu ne sais rien. Personne ne sait. »
Une chose est sûre : le Biterrois reste toujours un aussi bon client.