14 septembre 2009 : Le jour où Juan Martín del Potro a remporté l’US Open
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 14 septembre 2009, Juan Martín del Potro remporte l’US Open en dominant Roger Federer, quintuple tenant du titre, en cinq manches.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Le 14 septembre 2009, Juan Martín del Potro bat Roger Federer, quintuple tenant du titre, en finale de l’US Open (3-6, 7-6, 4-6, 7-6, 6-2), remportant ainsi son premier et unique titre du Grand Chelem. Del Potro est seulement le deuxième joueur à parvenir à dominer Federer en finale de Grand Chelem, le premier étant bien sûr Rafael Nadal. Cet US Open 2009 est seulement le troisième tournoi majeur depuis 2005 à échapper à Federer et Nadal, avec les Open d’Australie 2005 (remporté par Marat Safin) et 2008 (gagné par Novak Djokovic).
Les acteurs
- Roger Federer, quintuple tenant du titre à l’US Open
En septembre 2009, Roger Federer a 28 ans et, après avoir traversé une passe difficile en 2008 et 2009, il a récemment retrouvé la première place mondiale. Il a dominé le tennis pendant les années 2004-2007, gagnant à peu près tout, à l’exception de Roland-Garros. Rafael Nadal en est la principale raison : à trois reprises, il a buté sur lui en finale, en 2006, 2007 et 2008.
D’ailleurs, cette saison 2008 a été un tournant dans la carrière du Suisse. Tout d’abord, le jeune Novak Djokovic l’a battu en demi-finale de l’Open d’Australie (7-5, 6-3, 7-6), mais le pire était encore à venir. Son rival Rafael Nadal, après l’avoir démoli lors d’une douloureuse finale à Paris (6-3, 6-1, 6-0), a réussi à le mettre à terre en son jardin de Wimbledon, après cinq sets d’un combat acharné (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7).
Quand l’Espagnol s’est permis de le renverser du trône de numéro 1 mondial qu’il occupait depuis 237 semaines consécutives, Federer a probablement cru toucher le fond. Si c’est le cas, il avait tort. Il allait toucher le fond à l’Open d’Australie 2009, en s’inclinant à nouveau contre Nadal en cinq sets (7-5, 3-6, 7-6, 3-6, 6-2), et s’effondrer en larmes lors de la remise des trophées.
Au mois de mai, Federer n’est pas seulement devenu le dauphin de l’Espagnol, mais il a également subi des défaites face à Novak Djokovic, Andy Murray et Stan Wawrinka. Pour la première fois depuis 2000, il n’a pas gagné le moindre tournoi lors des quatre premiers mois de la saison. Les journalistes commencent à parler de déclin, mais le Suisse remporte alors le tournoi de Madrid, en battant Nadal sur terre battue pour la deuxième fois de sa carrière.
Quelques semaines plus tard, le rêve de Federer devient réalité : il triomphe enfin à Roland-Garros, dominant Robin Söderling en finale (6-1, 7-6, 6-4), bouclant ainsi le Grand Chelem en carrière. Sur sa lancée, le Maestro s’adjuge un sixième titre à Wimbledon, son 15e titre majeur, en battant sur le fil Andy Roddick (5-7, 7-6, 7-6, 3-6, 16-14). Après avoir gagné le tournoi de Cincinnati, il est fin prêt pour l’US Open, dont il a remporté les cinq dernières éditions et où il n’a plus été battu depuis 2003.
Juan Martín del Potro, un cador en devenir
Juan Martín del Potro, surnommé « la Tour de Tandil » (il mesure 1,98m), est né en 1988. Passé pro en 2005, l’Argentin est dès 2006 le plus jeune joueur à terminer la saison dans le Top 100 (91e). En 2007, il grimpe jusqu’à la 47e place, après avoir atteint le troisième tour de l’US Open (battu par Djokovic, 6-1, 6-3, 6-4).
C’est en 2008 qu’il perce réellement. Cette année-là, en été, il ne se contente pas de remporter son premier titre : il devient le premier joueur de l’histoire à remporter ses quatre premiers titres consécutivement, s’imposant à Stuttgart, Kitzbühel, Los Angeles (où il bat le n°9 mondial, Andy Roddick, 6-1, 7-6) et Washington. En septembre, il parvient en quarts de finale de l’US Open, où il est éliminé par Andy Murray (7-6, 7-6, 4-6, 7-5).
En 2009, il n’a pas encore gagné de tournoi, mais il s’est hissé en demi-finale de Roland-Garros, où il ne s’est incliné qu’en cinq manches face à Federer (3-6, 7-6, 2-6, 6-1, 6-4), et à l’Open du Canada, il a atteint la finale, battu par Murray (6-7, 7-6, 6-1). Son jeu s’appuie sur un énorme service, un coup droit d’une rare violence et un revers à deux mains très régulier.
Le lieu : Flushing Meadows
L’US Open (appelé US Nationals avant 1968 et le début de l’Ère Open) a été créé en 1881. Bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été disputé sans la moindre interruption depuis ses débuts, le tournoi a changé de site à plusieurs reprises au fil des ans. Les premières éditions se déroulent sur les courts en herbe du Casino de Newport, à Rhode Island, puis en 1915, l’épreuve s’installe à New York, au West Side Tennis Club, dans le quartier de Forest Hills, jusqu’en 1977 (avec une parenthèse de 1921 à 1923, où les joueurs s’affrontent à Philadelphie). De 1975 à 1977, le tournoi se dispute sur terre battue.
En 1978, l’US Open quitte le West Side Tennis Club, désormais trop petit pour accueillir un événement d’une telle importance, pour l’USTA National Tennis Center, situé à Flushing Meadows, à New York. Par la même occasion, le tournoi se dispute à présent sur surface dur. Le Tennis Center est l’un des plus grands complexes de tennis au monde et son court central est le Stade Louis Armstrong, d’une capacité de 14 000 places. En 1997, un nouveau court central, le Stade Arthur-Ashe, est inauguré. Avec ses 23,000 places, c’est le plus grand terrain de tennis au monde.
L’histoire : Del Potro et son coup droit de feu
Lors de cet US Open 2009, personne ne semble en mesure d’empêcher Roger Federer de gagner son troisième Grand Chelem de la saison. Quelques mois auparavant, le Suisse a réalisé son rêve en s’imposant à Roland-Garros après y avoir échoué en finale à trois reprises, et, après avoir gagné Wimbledon, il a récupéré la place de numéro 1 mondial que Nadal lui avait subtilisée en 2008. En route vers la finale, il n’a lâché que deux sets, écartant notamment sans ménagement Novak Djokovic (numéro 3 mondial) en trois sets, en demi-finale (7-6, 7-5, 7-5).
En finale, Federer affronte l’Argentin Juan Martín del Potro. Les deux joueurs se sont déjà rencontrés six fois, et le Suisse a toujours eu le dessus. Lors de leurs cinq premiers matches, le natif de Tandil n’a pas réussi à marquer le moindre set, et en quart de finale de l’Open d’Australie 2009, il s’est littéralement fait punir par le Maestro helvète (6-3, 6-0, 6-0). Cependant, leur dernier duel, en demi-finale de Roland-Garros, n’a pas été de tout repos pour Federer, qui a dû s’employer cinq sets durant pour écarter « la Tour de Tandil » (3-6, 7-6, 2-6, 6-1, 6-4). De plus, en demi-finale de l’US Open, del Potro a fait forte impression en écrasant Rafael Nadal (6-2, 6-2, 6-2), il est vrai touché aux abdominaux.
Au premier set, del Potro, visiblement tendu à l’entame de sa première finale de Grand Chelem, réalise un départ poussif. Contre un joueur expérimenté tel que Federer, il le paie instantanément, et non seulement le Suisse empoche le premier set, 6-3, mais il réalise aussi le break tôt dans le deuxième set.
Federer semble se diriger vers une victoire facile. Peut-être même cette idée lui traverse-t-elle l’esprit car, au milieu du set, il fait quelques fautes d’inattention, jouant un peu avec son adversaire à coup d’amorties peu inspirées. C’est juste assez pour que del Potro obtienne ses premières balles de break et reprenne un peu confiance. Lorsque le numéro 1 mondial sert pour le set, la Tour de Tandil décoche deux coups droits gagnants extraordinaires pour réaliser son premier break.
Un nouveau match commence alors, avec un del Potro soudain en feu. Il bombarde Federer au service, et frappe des coups droits d’une puissance rarement vue auparavant. Le Suisse doit maintenant batailler et, bien qu’il parvienne à mener deux sets à un, il est poussé au tie-break lors du quatrième set. Dans ce tie-break, Federer offre le mini-break à del Potro sur une double faute, et l’Argentin se montre ensuite sans merci sur ses propres services : deux sets partout.
Profitant de sa bonne dynamique, del Potro breake Federer d’entrée au cinquième set et mène rapidement 3-0. C’est sa première finale majeure, mais il ne montre plus aucun signe de nervosité lorsqu’il s’apprête à servir pour le match. Il conclut sur un jeu blanc sa victoire, aussi inattendue que spectaculaire (3-6, 7-6, 4-6, 7-6, 6-2).
« Gagner en cinq sets contre Federer rend le moment encore plus spécial, déclare del Potro, dans des propos rapportés par le New York Times. Bien sûr, je savais que ce serait très difficile, mais d’une certaine façon, c’est encore meilleur ainsi. »
Le Suisse rend hommage à la performance mentale de son adversaire. « C’est toujours un effort incroyable de remporter son premier Grand Chelem dès votre première finale. Il faut lui accorder beaucoup de crédit, car ce n’est pas chose facile, surtout en affrontant quelqu’un comme moi, avec tellement d’expérience. »
La postérité du moment
Après des débuts si prometteurs, la carrière de del Potro sera ruinée par les blessures. Incapable de s’entraîner et de jouer des saisons complètes, il n’obtiendra pas de résultats notables avant d’atteindre les demi-finales de Wimbledon en 2013 (battu par Djokovic, 7-5, 4-6, 7-6, 6-7, 6-3). En 2016, aux Jeux Olympiques, il réalisera l’exploit de battre à la fois Djokovic et Nadal sur le chemin de la finale, mais il ne parviendra pas à conquérir la médaille d’or, battu par Murray (7-5, 4-6, 6-2, 7-5). Puis, après un parcours fantastique à l’US Open 2018, où il sera battu en finale par Djokovic (6-3, 7-6, 6-3), de nouvelles blessures viendront compromettre son dernier come-back sur le circuit.
Bien que sur le moment, à 28 ans, son déclin ait déjà été annoncé à plusieurs reprises, le Suisse fera toujours partie pendant encore une décennie du trio infernal du tennis mondial, alias le Big 3. Roger Federer remportera cinq tournois du Grand Chelem supplémentaires pour porter son record à 20 titres, record qui sera battu par Rafael Nadal (22) en 2022 puis Novak Djokovic (24).